Après la grêle, la colère couve dans les vignes du Libournais


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Après la grêle, la colère couve dans les vignes du Libournais

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 13/11/2013 PAR Solène MÉRIC

C’est à Saint-Magne-de-Castillon déjà qu’au mois d’août dernier Xavier Belin le Président de la FRSEA était venu échanger avec les viticulteurs touchés par la grêle. Ce mardi soir, c’est Philippe Vasseur, Président de la FDSEA de Gironde qui s’est attelé à décrire les dispositifs d’accompagnement mis en œuvre ou encore en préparation.

Chômage partiel à hauteur de 800 000€, achat de vendange, achat de vin, report d’échéances fiscales et sociales, convention de mise à disposition, dégrèvement de taxes sur le foncier non bâti… Autant de mesures déjà mises en œuvre par l’Etat. Les viticulteurs ont également été informés des aides directes (de 1000 à 2500€) ainsi que des cautions d’emprunt mises en place par le Conseil général de Gironde. Du côté des perspectives, Philippe Vasseur a évoqué la mise en place d’un prêt de reconstitution des fonds de roulement à taux 0 grâce à une bonification permise par un financement conjoint de l’Etat, du département et de la région. S’il ne sert à rien de tirer sur le facteur, Philippe Vasseur a tout de même dû esquiver quelques balles perdues de la part des participants globalement déçus des nombreuses annonces faites.

« Ni stocks, ni récolte, ni trésorerie! »Et les critiques ont été multiples. Malgré les tentatives d’explication du syndicaliste et de Thomas Solas, pour les JA, sur le choix du conseil général de n’aider que les exploitants déjà assurés pour inciter les autres à le faire, l’incompréhension et la colère se conjuguent: «Vous nous avez dit que seulement 40% des exploitants sont assurés, ça veut dire que 60% d’entre nous, non assurés, n’auront aucune aide du Conseil général! C’est surprenant!» gronde une viticultrice.
Quand Philippe Vasseur vient préciser que le prêt bonifié ne s’adressera sans doute qu’«à des personnes qui ont des taux de perte élevés», c’est contre l’Etat, l’interprofession et les Organismes de défenses et de gestions(ODG) des appellations que la colère se dirige. «Taux de perte… faudrait voir aussi du côté des taux de stock! Pourquoi beaucoup ne se sont pas assurés pendant des années? Parce que nous avions des stocks, c’était ça notre assurance. Aujourd’hui nous n’avons ni stock, ni récolte, ni trésorerie, il ne nous reste que l’emprunt!»
De la question des VCI (volume complémentaire individuel) à la question des CVU (cotisations volontaires obligatoires) du CIVB, il n’y avait qu’un pas à franchir pour que les viticulteurs ne s’en prennent vertement à Christophe Château, directeur du CIVB. «Cela fait des générations que les viticulteurs donnent au CIVB, nous attendons un retour!». Face à la protestation du directeur selon lesquelles le versement d’argent, directement aux viticulteurs du CIVB est illégal, la réponse est immédiate: «Alors innover! Changer votre manière de fonctionner! Si l’exonération est interdite, ce n’est pas le cas du dégrèvement, c’est écrit nulle part!»

« A Grézillac, déjà 15 propriétés à la vente »Mais derrière cette colère de moins en moins contenue, c’est bien le désespoir d’une partie d’entre eux qui s’exprime. «Il y a 300 suicides par an, là on risque qu’il y en ait d’autres.» Un désespoir porté par un chiffre rappelé par le Président de la FDSEA 33 et dont les viticulteurs ont bien conscience ; c’est une centaine d’exploitations qui pourraient disparaître suite aux aléas climatiques de l’été. «Sur le secteur de Grézillac, 15 propriétés ont déjà été mises à la vente, et ça ne fait que 3 mois qu’il a grêlé!» confirme un viticulteur.
«Il faut arrêter de palabrer avec le Préfet et le Ministre, il faut manifester notre mécontentement!» s’exclame l’un, et dans un brouhaha d’affirmation, un autre lance: «il faut faire voir à nos gouvernants, quel que soit leur bord politique, qu’on est pas contents!», certains s’interrogeant «faudra-t-il mettre le bonnet rouge comme en Bretagne?».
Si pour l’heure aucune décision de manifestation n’a été arrêtée, la solution d’une manifestation pacifiste («on n’est pas là pour casser») n’est pas exclue. Pour autant, pour Philippe Vasseur, l’efficacité de l’action résiderait plus dans l’interpellation des élus, députés, sénateurs et conseillers généraux. Une interpellation qu’il souhaite par ailleurs élargir au problème de la coulure, qui, sur certaines exploitations a diminué la récolte de 50% soit des dégâts comparables à beaucoup d’exploitations touchées par la grêle.

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