Dans un contexte international toujours aussi incertain, politiquement, économiquement, et commercialement, la Charte qualité maïs classe A a tenu son assemblée générale ce vendredi 8 mars à Mérignac. L’association créée en 1999 est présidée par Franck Camet-Lassalle, responsable Grands comptes à Euralis, coopérative ancrée dans le Sud-Ouest, qui collecte 900 00 tonnes de céréales par an, dont deux tiers de maïs.
L’association compte 144 adhérents, dont 117 organismes collecteurs, représentant ainsi 20 000 agriculteurs, et environ 6 millions de tonnes de maïs tracé, la moitié de la production nationale. La Charte, née dans le Sud-Garonne, s’étend désormais sur 30 départements (avec l’intégration de la Corrèze, la Creuse, le Cher, le Loir-et-Cher, la Mayenne, la Sarthe), dont tous ceux de Nouvelle-Aquitaine.
@qui.fr! : Quels sont les objectifs de la Charte ?
Franck Camet-Lassalle : Notre objectif est de continuer de mettre en avant la production de maïs. Les collaborations que nous avons avec Arvalis – Institut du Végétal et l’Association Générale des Producteurs de Maïs, qui interviennent chaque année à nos AG, le montrent. Aujourd’hui, il faut être compétitif au niveau des prix, mais aussi au niveau de la qualité physique et sanitaire.
@! : Quels sont les piliers de vos engagements ?
F. C-L : Le premier a toujours été la traçabilité. On travaille cette notion de la vente de semences à l’expédition de nos produits, pour garantir du maïs non-OGM à nos clients. Il y a ensuite la qualité physique et sanitaire. On y est très vigilant, avec plus de 50 00 euros d’analyses proposées à nos adhérents pour tout étudier et garantir une qualité et une fiabilité.
On est tous sur la même planète
@! : Quels sont vos débouchés ?
F. C-L : Quand on parle de marchés à l’export pour le maïs classe A, on parle de marchés intra-Union Européenne, principalement l’Espagne, l’Irlande, l’Allemagne et le Benelux. Ces pays ont des filières pouvant importer du maïs brésilien ou ukrainien, et sur ce marché des commodités, on a perdu le match des prix. On va plutôt travailler avec des industriels, pour aller sur des marchés de spécialité, qui attendent du maïs non-OGM et une sécurisation sur la qualité.
@! : Qu’en est-il du contexte international ?
F. C-L : Comme l’a avancé Arthur Boy, de l’AGPM, les États-Unis, le Brésil, l’Argentine et l’Ukraine assurent 90 % des exports mondiaux de maïs. Aujourd’hui, tout le politique semble valider l’entrée de l’Ukraine en Union Européenne. Mais sur la question agricole, personne ne sait comment cela va s’organiser. L’UE à 27, c’est 100 millions d’hectares de terres arables. L’Ukraine, c’est 33 millions d’hectares de terres arables… Quant à l’accord entre l’UE et le Mercosur, comment va-t-il se traduire sur les importations de maïs ?…
@! : Quelles peuvent être les conséquences ?
F. C-L : L’UE consomme 80 millions de tonnes de maïs par an, et doit en importer 20 millions de tonnes. Si on ne défend pas notre production, cette proportion va augmenter. Le maïs-baching m’est insupportable. Si on détruit les surfaces de maïs en France, on va l’importer de pays comme l’Ukraine ou le Brésil où les règles de production ne sont pas les mêmes, en matière de déforestation, de phytosanitaire… Or, on est tous sur la même planète, il faut que l’opinion publique l’intègre.