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GENS D'AQUI !
4 min
PUBLIÉ LE 14/09/2023 PAR Solène MÉRICThomas Serré ne va pas sauver la planète. Il s’en défend même énergiquement. Mais ses « bateaux-maisons éco-conçus et éco-construits » sur le Bassin d’Arcachon tendent tout de même à y contribuer un peu. « Nos bateaux vont juste permettre d’évoluer petit à petit vers des bateaux qui seront encore mieux. On cherche des solutions, on essaie d’améliorer les choses », explique modestement l’architecte naval dans le contexte d’une filière maritime qui tarde à prendre le virage de l’écologie.
Ibaïa Boat Le bateau Coche Solaire développé par la marque Ibaïa Boats
Sensible à la question écologique, Thomas Serré refuse aussi catégoriquement le rôle de donneur de leçon. « Chacun fait avec ce qu’il a, ses compétences et ses moyens financiers », insiste-t-il. Pourtant, à côté des capacités à faire, la motivation compte aussi pour se lancer dans un tel défi. L’architecte naval n’en manque pas, pas plus que de passion à exercer un métier qu’il savait vouloir faire dès ses 10 ans : c’est un risque quand on est biberonné à la voile et qu’on monte sur un bateau avant même de savoir marcher…
Réduire l’impact des bateaux
« Je ne tiens pas en place, j’ai besoin de changement, avoue-t-il. Ça vient sans doute du fait que j’ai déménagé toute ma vie. Enfant, j’ai beaucoup voyagé, et j’ai gardé cette fibre familiale. J’ai fait mes études à Southampton en Angleterre, j’ai travaillé à l’étranger, je ne suis pas resté énormément en France. » Après un dernier détour professionnel par la Pologne, cela fait maintenant 9 ans qu’il a amarré sur le Bassin d’Arcachon pour y installer son cabinet d’architecture navale. À défaut de bouger physiquement, c’est « par le challenge, en travaillant » qu’il se « stimule » désormais.
L’architecte ne conçoit pas le métier sans une part de R&D. En la matière, le cabinet est fécond : un « bateau » en carton, des pirogues en matériels recyclables divers, un bateau de recherche océanographique en polyéthylène… Un ensemble de projets atypiques qui par l’innovation et les idées nouvelles, cherchent encore et toujours à relever le pari de « la réduction de l’impact environnemental des bateaux ».
Premiers bateaux pour octobre
« Plein de solutions techniques alternatives » sont nées de ces recherches permettant d’affirmer peu à peu sa spécificité sur ce créneau pas si prisé du bateau éco-construit. C’est le premier de ses clients désireux de mettre en oeuvre ces compétences autour de l’éco-construction qui a incité l’architecte à créer le chantier naval à La Teste-de-Buch. L’architecte faisait en effet face à la pénurie française de chantiers voulant se risquer à cette aventure. « Il a dû cerner mon caractère, il n’a pas eu à me titiller longtemps ! », précise-t-il dans un sourire.
Ibaïa Boats est ainsi né en février 2022. Actuellement en cours de construction, la livraison des deux premiers bateaux éco-construits de deux gammes différentes est prévue en octobre. En attendant, Thomas fait « deux journées en une ». Côté stimulation, ce boulimique de travail est servi.
Construire ce qu’on a développé, c’est passionnant !
Le créateur d’entreprise à la double casquette s’en enthousiasme d’ailleurs, « construire ce qu’on a développé, c’est passionnant ! » . Pour limiter l’impact environnemental de la fabrication des matériaux du bateau mais aussi de leur recyclabilité, Thomas Serré a opté « en très très grande majorité pour une fabrication en bois ». Il précise : « Un de nos bateaux est en contre-plaqué, il nous faut donc le protéger avec un peu de résine, en choisissant de la résine époxy biosourcée ». Le problème de recyclabilité demeure mais « à l’origine, la résine est moins impactante et moins nocive pour les applicateurs aussi », note celui qui emploie quatre personnes (en plus de lui-même) sur le chantier.
Quant à diminuer la pollution des bateaux lors de leur usage, Thomas a imaginé des bateaux utilisant « la propulsion électrique alimentée par du photovoltaïque » en remplacement des moteurs thermiques ou des voiles« qu’on ne sait pas recycler ». Résultat : le pari des bateaux moins polluants à la fabrication, à l’usage et au recyclage est tenu. En outre, « on va adapter l’équipement au plus près de l’usage et des besoins du client, tout en permettant que le bateau soit autonome ». Sans rien négliger au confort haut de gamme.
Ibaïa Boats Le Houseboat, solaire et autonome, en construction sur le chantier Ibaïa Boats à La Test de Buch. Destiné à pouvoir naviguer sur fleuve mais aussi en mer, uniquement en eau calme, sera doté de 35m2 de panneaux solaires.
Thomas Serré, qui aura deux stands la semaine prochaine au rendez-vous international du nautisme de La Rochelle, compte déjà des promesses d’achat sur 7 bateaux. « Il y a pas mal de personnes intéressées avec de très belles perspectives derrière, mais il faut qu’on termine les deux bateaux pour pouvoir transformer. Les prospects attendent de les voir à l’eau avant de se décider ». Le challenge du développement du chantier naval se poursuit donc, sans oublier le sujet des maisons flottantes qui pourrait aussi prochainement occuper Thomas et ses équipes. Conçues avec les mêmes logiques de conception et de fabrication que les bateaux, « leur impact est encore plus minime », promet-il. En effet, ces lodges certes déplaçables, ne naviguent pas. Avis aux éco-lieux et autres pourvoyeurs de l’habitat insolite et éco-construit.
En quelques mots...
À l’occasion du Grand Pavois La Rochelle du 20 au 25 septembre, le Salon nautique International à flot, l’Association Française pour le Bateau électrique, organise le concours « Prix Coup de Cœur du Public » en ligne. Ibaïa Boats y participe à travers son bateau « Le Coche », un houseboat autonome au solaire de 15 mètres qui utilise pour sa fabrication des matériaux recyclés, recyclables et bio-sourcés.
Les votes sont ouverts jusqu’au 20 septembre minuit sur https://www.bateau-electrique.com/
Les résultats seront dévoilés le 22 septembre pendant Grand Pavois La Rochelle.
