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GENS D'AQUI !
4 min
PUBLIÉ LE 23/02/2024 PAR Corinne MerigaudC’est lors d’un repas de Noël d’entreprise que Christelle Costa a eu la révélation de sa vie. « Il y avait Rika Zaraï, Marcel Amont et un big band raconte la trompettiste, le monsieur à la trompette faisait le pitre et j’adorais ça. J’ai dit à ma maman que je voulais faire ça et mes parents m’ont laissé cette chance. »
En 1986, à l’école de musique de Saint-Yrieix-la-Perche, elle est la seule fille à la trompette avec comme professeur Franck Pulcini. Qu’importe… Son premier cours de solfège est gravé dans sa mémoire. « Balavoine venait de décéder et les filles de 18 ans l’écoutaient tout le temps dans leurs écouteurs » se souvient-elle. A 14 ans, elle suivra durant cinq ans les cours de Gérard Dubarry au Conservatoire de Limoges. Puis chaque semaine elle montera au Conservatoire de L’Hay-les-Roses suivre les cours de Philippe Robert. En parallèle, elle prépare son diplôme universitaire de musicienne intervenante. « J’ai su très tôt que je ne serai pas soliste avoue-t-elle, j’ai été de suite attirée par la pédagogie. »
« Une banda pour le côté festif »
Au gré des opportunités, elle décroche en 2005 un poste de professeur de trompette et de formation musicale à l’école intercommunale de musique et de danse Alexandre-Ducasse Pays de Saint-Yrieix. Chaque semaine, elle intervient dans deux écoles pour sensibiliser les élèves du CP au CM2. « On fait beaucoup de chant et de percussions corporelles précise-t-elle, les élèves découvrent les instruments et essayent. Cela les aide à développer leur concentration. »
Christelle Costa joue aussi dans l’Union Musicale de Saint-Yrieix pour des concerts en salle. En septembre, elle a monté une banda « pour le côté festif avec une troupe de jeunes et moins jeunes très motivés. »
Celle qui admire les frères Leleu s’est mise au tuba et au sousaphone, ce grand instrument porté sur l’épaule. « Il pèse 10 kg, je me casse le dos mais j’aime ça ! » assure-t-elle. Elle prouve que des femmes peuvent jouer des instruments plutôt pratiqués par des hommes.
Christelle Costa Christelle envoie des basses au sousaphone lors des parades de rues avec l’Union Musicale de Saint-Yrieix-la-Perche.
« Il manquait une basse à l’Union Musicale alors j’ai appris le tuba en autodidacte pendant le Covid. C’est comme la trompette, sauf la position des lèvres et il faut un peu plus de soutien. Grâce au tuba, j’ai amélioré mon son à la trompette qui est plus puissant. » Des choix en harmonie avec son « côté garçon manqué » qu’elle assume volontiers.
Un orchestre féminin éphémère
Depuis plusieurs mois, Christelle fait partie des chevilles ouvrières qui préparent deux concerts caritatifs. Un orchestre éphémère va en effet réunir 93 musiciennes bénévoles, de nombreuses amatrices et des professionnelles, venant de 20 départements dont 62 du Limousin. L’intégralité des recettes sera reversée aux associations France Victimes 87 et W!FE qui viennent en aide aux victimes.
« Nous sommes toutes motivées par cette bonne cause s’enthousiasme-t-elle, on va jouer pour des gens qui souffrent. C’est un challenge car on a répété ensemble seulement deux week-end soit 12 h et il a fallu beaucoup de travail personnel en plus. »
L’orchestre Des femmes jouent pour des femmes se produira les 2 et 3 mars à l’espace Crouzy de Boisseuil. Un projet qui a pris forme en 2023 dans le Jura à l’initiative de la tubiste Anne-Marie Borgeais. Face à l’engouement du premier concert, elle a décidé de reformer un orchestre tous les ans dans une région différente pour la Journée internationale des droits des femmes. « J’avais aidé Anne-Marie et comme nous avons créé des liens, elle m’a demandé de ramener le projet à Limoges » raconte-t-elle.
Il ressort des émotions qu’on n’a pas dans un orchestre lambda. Est-ce pour la cause? Pour le challenge, parce qu’il n’y a que des femmes ? Je n’ai jamais ressenti ça.
Six musiciennes de Limoges étaient présentes dans cet orchestre. Elle a donc embarqué dans le projet, ses copines Tiphanie Le Gal, Véronique Virondeau et Mylène Faye pour trouver des partenaires afin de financer l’hébergement et les repas des musiciennes. « Il ne fallait pas qu’il y ait un centime dépensé, c’était l’exigence d’Anne-Marie et on y est arrivé. » Le maire de Boisseuil a, par exemple, mis la salle à disposition. Le Rotary Club Limoges Centenaire Sainte Valérie les a également aidées pour l’organisation.
L’orchestre sera dirigée par Sophie Marsaleix, la cheffe de l’Harmonie de Tulle. Neuf musiques de films seront interprétées et le titre « Mesdames » de Grand Corps Malade repris par Fabrice Garcia-Carpintero. « Créer un orchestre comme celui là, ça met les poils, lâche Christelle. Sur certains morceaux, on a des frissons. Il ressort des émotions qu’on n’a pas dans un orchestre lambda. Est-ce pour la cause? Pour le challenge, parce qu’il n’y a que des femmes ? Je n’ai jamais ressenti ça. Des collègues hommes ont été scotchés du résultat, ça fait vraiment plaisir.»
Le challenge était aussi de trouver des femmes qui joueraient des instruments genrés homme, notamment les cuivres. Le pari est d’ores et déjà gagné avec dix trompettes, sept trombones, trois euphoniums, deux tubas, deux cors et quatre percussions.
Page Facebook de l’événement :
www.facebook.com/Des-Femmes-Jouent-Pour-Des-Femmes
