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Sapeur-pompier : « Pas un super-héros », mais presque
Jongler entre un emploi à temps plein, sa vie de famille et son engagement de sapeur-pompier volontaire. Depuis 2006, Florian Nivelle est sapeur-pompier volontaire au centre de secours de Saint-Léonard de Noblat.
Florian Nivelle, pompier volontaire, pose en tenue devant le camion du sdis 87Corinne Merigaud | Aqui

Depuis dix-huit ans, Florian Nivelle est sapeur-pompier volontaire. un engagement citoyen qu'il parvient à concilier avec son emploi à temps plein et sa vie de famille.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 24/05/2024 PAR Corinne Merigaud

Niortais d’origine, le gamin qui dévorait les magazines Allo 18 donnés par un copain a réalisé son rêve de gosse. Les camions rouges l’ont toujours attiré. « La vocation est venue tout petit, même si à 13 ans ça m’avait un peu passé, admet l’adjudant chef, mais quand je suis arrivé à Saint-Léonard à 16 ans, il y avait une caserne. J’ai attendu mes 18 ans pour commencer ma formation initiale d’équipier qui a duré 3 ans. » L’équipier peut ensuite monter dans le VSAB (l’ambulance) pour secourir des blessés. Pour sa première intervention, malheureusement il était trop tard, la personne avait mis fin à ses jours.

« Le soir même, j’avais vu le directeur du centre pour avoir un accompagnement psychologique, c’est important de parler et d’évacuer » assure-t-il. Un engagement peut laisser des traces indélébiles. Même si les sapeurs-pompiers sont formés, ils restent des hommes une fois la tenue rangée au vestiaire.

Je suis disponible environ 3 000 heures par an

Les interventions s’enchaînent, Florian Nivelle en comptabilise plus de 80 par an. Il est de garde une semaine sur six du vendredi 20h30 au lundi 6 h et les autres soirs de la semaine de 20h30 à 6 h avec des disponibilités en journée. Une disponibilité dont il faut mesurer les conséquences. « Je suis disponible 3 000 h par an, ce qui est une moyenne haute, soit environ 200 h d’interventions par an, chacune durant 2 h. » A cela, il faut ajouter 40 h de formation par an au minimum.

Florian est particulièrement impliqué dans sa mission citoyenne bien que l’humilité soit sa marque de fabrique. Il s’est par exemple porté volontaire pour aller en renfort en Gironde lors des grands incendies pour éteindre les fumerolles et pour bâcher des toitures ou tronçonner des arbres à terre après une tempête à Angoulême en 2015. Il s’est formé pour gravir les échelons et devenir chef d’agrès tout engin. Il peut commander seul, ou sous l’autorité du commandant des opérations de secours, le personnel de tout agrès composé de plusieurs équipes.

Il assure aussi des opérations de secours dans le cadre de la lutte contre l’incendie. Il envisage de suivre une formation d’officier à Aix-en-Provence qui durera 3 semaines pour devenir chef de groupe au minimum. « Mon ambition est de passer lieutenant en me formant encore plus pour acquérir des compétences en gestion, management et commandement. Je veux continuer à évoluer, apprendre des choses nouvelles, pour ne pas rester sur mes acquis. »

Retards à l’embauche

Ce n’est pas facile de tout concilier, mais Florian Nivelle l’a appris, au fil des ans. C’est plus simple avec la convention de retard que ce responsable de bureau méthode a signé avec son entreprise SMAC et le Service départemental d’incendie et de secours de la Haute-Vienne. Une convention tripartite sur mesure. « La pratique s’est formalisée avec cette convention signée il y a 7 ans, se souvient-il. Mon employeur savait que j’étais sapeur-pompier volontaire et que je pouvais arriver en retard. Celle-ci a clarifié la responsabilité de chacun en cas d’accident en intervention sur mon temps de travail. »

Florian est arrivé cinq fois en retard à l’embauche l’année dernière. « Cela représente 10 à 15 h et c’est tous les ans à peu près pareil estime-t-il, c’est du donnant donnant, je préviens mon employeur de mon retard et je rattrape les heures en finissant plus tard le soir. Il n’y a pas de déduction de salaire, c’est donc un effort important de la part de l’entreprise. »

En contre partie, Florian étant le seul sapeur-pompier volontaire dans son entreprise, il pourrait intervenir en cas de besoin sur un incendie ou pour du secours à personne. L’entreprise peut bénéficier de ses compétences car il est le premier maillon de la chaîne de secourisme à pouvoir intervenir rapidement. « Ce serait bien que cette convention soit une obligation, cela attirerait peut-être plus de sapeurs-pompiers volontaires » remarque le trentenaire.

Etre en équipe, ça donne une force. Certains ont peur à la vue du sang, d’autres de monter sur un toit. On arrive à passer outre, à se surpasser.

La vie de famille peut aussi en pâtir, mais son épouse est plutôt compréhensive. « Elle était sapeur-pompier volontaire, c’est d’ailleurs à la caserne que je l’ai rencontrée raconte-t-il. Elle sait que les pompiers, ça passe en premier.» Papa de deux filles, il a transmis sa passion à l’aînée âgée de 14 ans en 1ère année de formation JSP (Jeune Sapeur-Pompier).

Mais qu’est-ce qui lui plait autant dans cet engagement ? « Tout. Rencontrer des gens, les différents profils de la caserne, il y a des étudiants, des plombiers, des électriciens, etc.. Ils peuvent se servir de leurs compétences professionnelles en intervention, c’est ce qui fait la force du volontariat, remarque-t-il. Parler à des gens que je n’aurais jamais rencontrés comme le préfet ou le président du Département. Et j’ai toujours eu une admiration pour les chefs, ce sont de véritables chefs d’orchestre comme pour gérer un feu comme celui de Notre-Dame à Paris. Et enfin le respect envers ceux qui ont de l’ancienneté et du grade. »

Après 18 ans de service, il affirme n’avoir jamais eu peur en intervention. « On n’est pas des super-héros, affirme-t-il, être en équipe, ça donne une force. Certains ont peur à la vue du sang, d’autres de monter sur un toit. On arrive à passer outre, à se surpasser. » Florian mettra longtemps avant de nous raconter une anecdote, la pudeur du sapeur-pompier sans doute, avouant avoir sauvé une vie. « Avec d’autres sapeurs-pompiers, on a fait un massage cardiaque à un monsieur. Depuis, il nous remercie en nous offrant une bouteille de champagne tous les ans. » La reconnaissance du geste qui sauve.

La convention retard

Elle existe depuis environ vingt ans était peu appliquée jusqu’à ces dernières années. En quatre ans, 150 ont été signées avec maintenant 300 sapeurs-pompiers volontaires conventionnés sur le département sur 850, plus d’un sur trois. Deux autres conventions sont proposées, pour les périodes de formation et pour l’opérationnel qui sont individualisées.

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