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Maxime Jouaud, chef d’entreprise Asperger engagé
Voilà sept mois, Maxime Jouaud chef d’entreprise a créé le Réseau des villes amicales pour l’autisme. De son lourd passé d’élève harcelé, il a tiré les leçons en choisissant de sensibiliser et de former des élus et des volontaires.
Maxime JouaudCorinne Mérigaud

Maxime Jouaud a créé le Réseau des villes amicales pour l'autisme afin de sensibiliser et de former élus et volontaires aux spécificités des personnes relevant du spectre autistique. Il a lui même été diagnostiqué autiste Asperger seulement l'an dernier à 32 ans.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 21/06/2023 PAR Corinne Merigaud

Les années collège ravivent de très mauvais souvenirs à Maxime Jouaud. Harcelé car il était différent. Quand ses « camarades » jouaient au Pokémon, lui se passionnait pour l’ornithologie. Arrivé dans un lycée à Limoges, ce natif de la Vendée brille dans les matières scientifiques et la philosophie avec d’excellentes notes au Bac (deux 18,5 et un 19/20). Il s’inscrit à la Faculté des Sciences, décroche une licence puis un master à Poitiers et termine son cursus par un doctorat en neurosciences. « J’ai commencé à bien travailler au lycée puis à la Fac dans les domaines qui me passionnaient raconte-t-il. Des enseignants avaient dit à mes parents que j’étais idiot et que je ne ferai rien. » Il les a fait mentir.

« Tout le temps à 100 à l’heure »

Après avoir travaillé près d’un an dans une entreprise de pharmacologie, il crée sa start-up InSilibio en 2019 à la Technopole de Limoges. Il s’affranchit d’essais cliniques sur des animaux en proposant aux industriels de la pharmacie, de la cosmétologie et de l’agroalimentaire une solution révolutionnaire, la modélisation moléculaire à base de tests numériques. Plus rapides, plus fiables et moins coûteux. L’aventure, démarrée à 2, se poursuit à 10 avec, dans son équipe, 2 personnes autistes. « Ce n’est pas choquant car les sciences, les maths, la physique et l’informatique les attirent » remarque-t-il. Il est bien placé pour le savoir, il a été diagnostiqué autiste Asperger seulement l’an dernier, à 32 ans. Pas une surprise pour celui qui avait bien remarqué qu’il avait un haut potentiel intellectuel.

Actuellement, on estime que 1,4 % de la population française présente un trouble du spectre autistique mais le diagnostic n’est pas posé pour 80 % des adultes. Ce qui pourrait apparaître comme un handicap, est pour lui une véritable force. « Quand un sujet me passionne, ça va très vite. Être plus sensible, avoir de l’empathie et des capacités cognitives différentes, c’est un plus pour le management. Je suis tout le temps à 100 à l’heure avec parfois un trouble de l’attention mais pour un chef d’entreprise, c’est assez fréquent. Je me sens vraiment bien dans mon poste. »

Passer à l’action

Son fils Raphaël, 9 ans, a été diagnostiqué à 4 ans en raison de ses difficultés d’apprentissage. Ses parents avaient bien remarqué dès le début sa tendance à jouer à côté des autres, à être fasciné par tout ce qui tourne. Maxime Jouaud ne veut surtout pas que son fils, désormais accompagné par des professionnels, connaisse le même parcours scolaire que lui. En novembre dernier, il est passé à l’action en créant le Réseau des villes amicales pour l’autisme (RVAA), un concept unique dans l’Hexagone.

« La population n’est pas sensibilisée et les meilleures initiatives sont celles qui sont prises à l’échelle d’un territoire estime-t-il. Le but est de trouver une place en inclusion aux personnes différentes pour éviter des situations dramatiques. » Il le sait, le chemin sera long pour balayer les clichés qui collent aux personnes autistes, du génial Asperger popularisé par le film Rain Man aux « gens qui secouent la tête et bavent partout ». Un chemin qu’il a résolument choisi d’emprunter. 

« 80 % des autistes sont harcelés »

L’association RVAA regroupe, pour l’heure, une dizaine de communes dont deux hors Limousin qui s’engagent à mettre en place un plan d’actions pour devenir des villes amicales pour les autistes et leur famille. Au menu, sensibilisation à la neurodiversité, l’autisme, l’inclusion et bien sûr la formation, avec une méthode : « D’abord former des référents municipaux, élus, agents ou bénévoles, puis monter en compétences avec un réseau local de professionnels volontaires formés que ce soit des enseignants, des personnels de crèche, des associations, des services d’aide à la personne, des policiers… » La prévention au harcèlement scolaire est aussi une priorité pour lui : 80% des élèves autistes en sont victimes.

Pour cela, il veut s’appuyer sur les différentes structures qui maillent le territoire comme le Centre régional de l’autisme à Limoges. « On ne va pas réinventer la roue ni remplacer ce qui existe déjà » assure-t-il. La Ville de Panazol, qui organise tous les ans une quinzaine de l’autisme, a par exemple mis en place un numéro d’urgence autisme. « Huit grosses crises ont été gérées avec l’intervention d’un médecin. » Un outil simple, efficace et facilement duplicable.  

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