De l’amputation en 2020 à la vie d’athlète paralympique, tout a été très vite pour Karen Faimali-Meger. Mais avant ça il y a eu 15 ans de souffrance.
Sa rencontre avec le volley-assis, reste un souvenir précis. « Un jour de pluie » de l’année 2021, elle tombe sur « une vidéo de gens qui font du volley par terre » sur Facebook. « Ca a l’air sympa. Dommage, je suis un peu trop vieille », commente-t-elle alors sous la vidéo. Pourtant, la semaine qui suit, elle est contactée par une personne du club intéressée par son profil. Il lui est proposé de tester le volley-assis au club du Haillan, près de Bordeaux. Son interlocuteur l’invite également à participer à un stage de découverte avec l’équipe de France en août 2021.
Un destin inimaginable
Aujourd’hui, la propriétaire du domaine du Celtis de Giscos (33) jongle entre sa vie d’éleveuse de chevaux, ses entraînements avec l’équipe du Haillan et sa préparation pour les Jeux paralympiques de Paris.
Un destin inimaginable le 25 février 2005, date à laquelle Karen Faimali-Meger subit un grave accident de travail à Montpellier d’où elle est originaire. Un cheval lui tombe dessus et cause de nombreuses fractures et luxations au pied gauche. « Opérée sous péridurale, j’ai perdu 10 kilos en la nuit suivante, où l’on m’a laissée sans morphine », se rappelle la sportive qui fête cette année là ses 30 ans. Il s’en suit 15 années de douleurs et d’erreurs médicales. « Je voulais mourir à ce moment-là. Dès le début, je voulais qu’on m’enlève ce pied », confie-t-elle. Elle rentre chez elle avec un plâtre mal posé, causant d’autres complications.
L’amputation, ça a été une renaissance
La délivrance a lieu 15 ans jour pour jour après l’accident, le 25 février 2020. Après plusieurs années d’errance médicale et de souffrance, Karen finit par rencontrer un médecin bordelais sur la même longueur d’onde qu’elle : il faut amputer. « C’était une renaissance, pouvoir mettre un pantalon sans pleurer, réapprendre à marcher et à courir », raconte l’athlète.
Entre temps, elle a du trouvé un moyen de se relancer professionnellement. Son mari l’incite à lancer son propre élevage de chevaux avec l’aide financière de ses proches. C’est ainsi qu’elle crée son élevage dans le Sud en 2012 avant de déménager en Gironde, pour devenir propriétaire du domaine de Giscos il y a huit ans. Puis vient la découverte du volley-assis.
Le « pari fou » des Jeux de Paris
Dans quelques mois, la France enverra sa première équipe de volley-assis de son histoire aux Jeux paralympiques. Karen pourrait en être. « C’est un pari fou de présenter ce sport aux prochains Jeux alors que le championnat de France n’existe que depuis 2 ans. Nous ne sommes pas médaillables, mais on ne va pas arriver les mains dans les poches ! », prévient elle. Son agenda du 28 août au 8 septembre prochains est en tout cas déjà booké. Jusque-là, son quotidien est pour le moins animé, et rythmé par les entraînements. « C’est toute une programmation à avoir et un gros budget pour les déplacements », explique-t-elle.
La quadragénaire a mis longtemps à se considérer comme une athlète « Pour moi, les athlètes étaient des sur-hommes et des sur-femmes », pourtant, elle était bien présente lors de la présentation de la Team Nouvelle-Aquitaine de la Région, regroupant l’ensemble des prétendants aux Jeux olympiques. « On ne savait pas ce qu’on allait faire de nos vies », y confiait-elle aux côtés de sa co-équipière Anaïs Rigal, qu’elle a rencontrée pendant sa rééducation. Elle sait pour l’instant ce qu’elle fera jusqu’au mois d’août. « L’histoire du volley-assis français s’écrit maintenant. »
Un commentaire
Quelle extraordinaire leçon de courage, volonté et persévérance !
Bravo pour ce parcours inimaginable au début et bonne chance pour une participation méritée aux Jeux Paralympiques