icone gens d\Aqui
icone points exclamationsGENS D'AQUI !
Iñaki Echaniz, jeune socialiste mousquetaire des mal-logés
Il aura 30 ans à la fin de l’été. Le jeune député basco-béarnais Iñaki Echaniz, qui a remplacé l’archi populaire Jean Lassalle, se fait un nom sur la question de l’accès au logement. La terre gasconne a-t-elle engendré un nouveau D'Artagnan?
CC Haut-Béarn

Malgré des idées différentes, le jeune député aime les échanges avec son prédécesseur, député atypique.

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 06/04/2023 PAR Cyrille Pitois

Il a encore les traits d’un étudiant. Mais sa fougue au service des Français qui ont du mal à se loger commence à être remarquée. En février dernier, le député Iñaki Echaniz écoute le rapport de la fondation Abbé Pierre, sur le mal logement. Lors du débat, la Macroniste Aurore Bergé fustige l’avantage fiscal lié aux locations de tourisme. Elle parle même d’un fléau. « J’ai cru tomber de ma chaise, » témoigne Iñaki Echaniz qui avait proposé un amendement à la précédente loi budgétaire pour faire tomber cet avantage, sans réussir à le faire passer. « Et voilà qu’elle le reprend ! » C’est ça qui motive Iñaki : parvenir à faire entrer dans l’agenda politique des questions qui témoignent des difficultés quotidiennes des Français.

Le logement, un droit constitutionnel malmené

Il se fiche de donner son nom à une loi. Encore que… ça ne lui déplairait pas tout à fait. Avec le soutien de Boris Vallaud, son voisin des Landes et président de groupe PS à l’Assemblée, il a depuis rédigé une proposition de loi dont les quatre points, notamment la suppression de la niche fiscale dite Airbnb, doivent favoriser l’accès au logement locatif des populations qui se heurtent à un marché touristique surcoté, comme au Pays basque, mais aussi à la Rochelle, en Bretagne ou dans le Sud-Est. « Et même dans certaines communes de montagne du Béarn où les achats de résidences secondaires se sont envolés depuis le Covid. »     

La proposition viendra peut-être en discussion au mois de juin. Mais les principaux points qu’elle défend pourraient aussi être repris dans la loi de finances 2024 ou dans un autre texte porté par la majorité, croit savoir Iñaki. En attendant, l’engagement du  jeune député sur le logement est déjà repéré. Le PS l’a nommé secrétaire national sur ces questions. « Le logement ne doit pas être un objet spéculatif. C’est un droit constitutionnel de se loger, comme le droit de propriété. Mais ce dernier a pris l’ascendant depuis trop longtemps. »

A 14 ans, il désespérait ses copains qui ne comprenaient pas bien ce garçon chaleureux qui passait des dimanches entiers à scruter des résultats d’élections plutôt qu’à sortir avec eux. En 2022, quand la candidature du jeune militant est validée par tous les partis de gauche de la quatrième circonscription des Pyrénées-Atlantiques, personne ne parie un béret sur sa victoire. La droite et l’iconique Jean Lassalle tiennent ce territoire depuis si longtemps.

« J’étais au lycée avec les enfants de Jean Lassalle et le fils de Julien, son frère qui se présentait contre moi. J’ai beaucoup d’estime pour Jean Lassalle car peu de députés peuvent revendiquer autant de demandes de selfies et d’autographes. Moi-même j’ai un autographe de lui qui remonte à 2009 ! » S’ils ne partagent les mêmes idées, le nouveau venu a compris comme son aîné que la politique nécessite d’aimer les gens et de ne pas économiser son engagement.  

Se nourrir des besoins de la population pour les faire remonter à Paris

« Le mandat est intense : on ne consacre jamais assez de temps et d’énergie à la rencontre des acteurs du territoire, à s’inspirer des besoins de la population pour les faire remonter à Paris au service d’un projet politique. Bien sûr que c’est au détriment de ma vie personnelle. Mais je ne me plains pas : je savais où je mettais les pieds, » raconte l’ancien conseiller principal d’éducation d’un collège de Seine-Saint-Denis, qui venait d’obtenir une mutation pour sa terre natale des Pyrénées-Atlantiques.

Droits réservés

Presque un an après son ticket pour le Palais Bourbon, Iñaki s’étonne encore de l’emballement de cette politique politicienne, des accords qui se débloquent grâce à une conversation au détour d’un couloir ou entre deux textos. « C’est une autre dimension. J’apprends au mieux en côtoyant des personnes inspirantes et aussi beaucoup grâce aux collaborateurs qui assurent le travail de fond. »

Dans l’hémicycle, il est déjà sorti du lot. « C’est un bosseur avec des valeurs et de l’humour, » affirme Boris Vallaud, son président de groupe. « Si le PS l’a nommé secrétaire national au logement, c’est la preuve qu’il a marqué les esprits. Il a été magistral en posant au ministre du travail Olivier Dussopt, une question qu’il avait lui-même posé en 2010 sur les retraites, le mettant face à ses contradictions ! » En février dernier, Iñaki Echaniz a en effet répété mot à mot la question posée par Olivier Dussopt le 4 mai 2010 à Eric Woerth ministre de Nicolas Sarkozy, en charge de la réforme des retraites. Sous un tonnerre d’applaudissements des rangs de la NUPES.

Boris Vallaud bichonne ces jeunes députés passionnés: « Ils nous apportent un regard neuf et enthousiaste. » Le jeune politique se préserve du temps pour la réflexion en parcourant les routes sinueuses de cette circonscription qui croque à la fois les terres du Haut-Béarn et le Pays basque intérieur. Et quand il ressent un petit coup de fatigue, il visionne le sujet que France 3 lui a consacré au soir de son élection. « Je me sens honoré par ceux qui m’ont fait confiance et qui ont permis la réussite de ce coup de force. »

Réussir le transpartisan

Le parlementaire a gardé son mandat de conseiller municipal à Oloron-Sainte-Marie et continue d’échanger avec le groupe de militants qui l’a accompagné pendant la campagne. Il savoure ce mandat à haute valeur d’implication : « Les interpellations sur les réseaux sociaux c’est aussi le samedi soir ou le dimanche. Je suis très sollicité, c’est normal. Les gens sont parfois en colère ou désespérés. Il faut écouter, expliquer. La vie politique est difficile à comprendre et l’agenda politique évolue en vase clos au sein du parlement. Je ne satisfais pas tout le monde, je n’ai pas un avis sur tout et je l’assume. Mais je suis toujours bien accueilli. »   

Heureux comme un poisson entre les sujets qui traversent la société et animent la vie parlementaire, Iñaki adore aussi composer avec les autres en mode transpartisan. En s’emparant de la question du logement au Pays basque, il a travaillé avec le maire centriste UDI de Bayonne Jean-René Etchegaray, la sénatrice PS Frédérique Espagnac ou le sénateur LR Max Brisson. Pas étonnant selon lui que ce combat s’enracine au Pays basque, « quand on sait  que des soignants de l’hôpital de Bayonne dorment dans leur voiture faute de pouvoir se loger à proximité. »   

Inaki Echaniz n’est pas le plus jeune député de Nouvelle-Aquitaine. Il est devancé par deux collègues Nupes: Manon Meunier, 27 ans, et Damien Maudet, 26 ans, tous les deux élus de la Haute-Vienne.

En quelques mots...

1993 naissance à Oloron-Saint-Marie; son nom lui vient de ses grands-parents basques espagnols.

2008 engagé contre la réforme des retraites de Sarkozy, il organise une manifestation avec le lycée Supervielle d’Oloron-Sainte-Marie.

2020 élu conseiller municipal d’Oloron-Saint-Marie, sur la liste de Bernard Uthury.

2022 élu député NUPES de la 4e circonscription de Pyrénées-Atlantiques, précédemment détenue par Jean Lassalle.

Ça vous intéresse ?
Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Découvrez plus de GENS d'AQUI