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De salariée à éleveuse, Marion Billaud a vite franchi le pas
C'est après seulement 6 mois de salariat agricole, que Marion Billaud est devenue gérante de sa ferme dans le Nord des Deux-Sèvres. Une rapidité rendue possible grâce aux leviers de la Safer pour accéder aux terres, notamment le portage foncier.
Marion au milieu de ses brebis de race Romane, venues tout droit du Lot.Léa Calleau

Marion au milieu de ses brebis de race Romane, venues tout droit du Lot. Elles constituent la moitié du troupeau, l’autre moitié étant de race vendéenne, commune dans la région.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 13/04/2023 PAR Léa Calleau

Si l’installation en agriculture prend généralement deux à trois ans, Marion Billaud, agricultrice depuis un an, a franchi les étapes en mode accéléré. C’est à Saint-Amand-sur-Sèvre, au cœur du bocage, entre les successions de prairies et de haies, que se tient sa ferme. En ce début de printemps, les brebis sont encore à l’intérieur des bâtiments afin de mettre bas leurs premiers agneaux en toute sécurité. Un chien-loup garde affectueusement la porte des lieux. Marion remet le foin tombé par terre dans les auges en bois, fabriquées avec l’aide de son père. « Les brebis trient le foin, elles vont chercher celui d’en dessous et en mettent la moitié par terre. Je vais devoir installer un filet », réfléchit l’éleveuse, qui semble avoir passé toute sa vie à prendre soin de ses animaux.

Ce n’est pourtant qu’en juin 2022 que les premières brebis sont arrivées dans le bâtiment, autrefois occupé par un élevage de vaches. Il y a deux ans à peine, Marion travaillait encore à l’usine. « J’avais besoin de changer d’air, d’être dehors », déclare celle qui a fait des études agricoles pour travailler initialement dans le milieu du cheval. « J’étais sur les routes pendant sept ans à conduire des poids lourds avant de retourner à l’usine. Je cherchais un rythme de vie différent et j’avais en tête le projet de m’installer. Je voulais d’abord être salariée plusieurs années. J’en ai parlé à des agriculteurs du coin et l’un d’eux m’a embauchée… six mois ! je me suis installée juste après. »

Une opportunité s’est en effet présentée avec le départ à la retraite de Gérard Rousselot, éleveur de charolaises dans la même commune. Il cédait une exploitation agricole de 35 hectares, ainsi que des bâtiments, mais Marion n’était pas la seule intéressée.

Face à la concurrence

L’agriculteur pour qui Marion travaillait, Didier Gaborit, a d’abord cherché à se positionner pour reprendre les terres et pouvoir ainsi embaucher la jeune femme sur la durée. C’était sans compter sur une ferme voisine qui souhaitait s’agrandir et diversifier son activité. La concurrence a fait monter le prix des terres, décourageant Didier, qui a invité Marion à se positionner seule, en tant que jeune agricultrice. « Je lui ai fait répéter plusieurs fois ! se souvient-elle en souriant. Je ne pensais pas qu’une opportunité se présenterait aussi tôt. Toute ma famille m’a encouragée à la saisir. »

Pour faire face à la concurrence, Marion s’est tournée vers la Safer : « Je ne pouvais pas suivre la hausse du foncier, sinon ça finissait en vente aux enchères, celui qui pouvait monter remportait les terres. » La Safer achète alors les 35 hectares et les personnes intéressées pour les acquérir doivent monter un dossier. Le 3 mars 2022, une première commission met la balle au centre. « On ne savait pas quel dossier choisir. Celui de Marion comme celui du concurrent présentait une installation », se rappelle le conseiller Safer Martial Créon, qui a
évalué les terres. Quinze jours après, une nouvelle commission se réunit et penche en faveur de Marion Billaud, hors cadre familial alors que l’autre dossier concernait l’installation d’un conjoint. « Je préférais que la ferme soit reprise par quelqu’un qui s’installe plutôt qu’elle parte à l’agrandissement. Il y a encore de l’élevage dessus, c’est bien », témoigne le cédant Gérard Rousselot, satisfait.

Gérard Rousselot, le cédant, Marion Billaud, et Martial Créon, son conseiller safer.Léa Calleau

Gérard Rousselot (à gauche) a cédé sa ferme à Marion Billaud (au milieu), grâce à l’accompagnement de la Safer et de son conseiller Martial Créon (à droite).

Alléger l’investissement

La Safer est toujours propriétaire des terres, que l’éleveuse pourra acheter lorsqu’elle aura la capacité d’investir à nouveau. « Je devais reprendre les bâtiments et acquérir un cheptel. Avec le foncier en plus, la banque n’aurait pas suivi », assure Marion, approuvée par le conseiller Safer : « Le principe du portage foncier est d’éviter un investissement conséquent pour le nouvel installé. »

En plus de différer l’achat, les frais d’acquisition et la taxe foncière sont pris en charge par les aides de la Région Nouvelle-Aquitaine. « On fait un bilan à cinq ans pour voir si le jeune agriculteur se sent prêt et on décide de renouveler ou non le portage », poursuit-il. Marion a conclu un prêt à usage gratuit avec la Safer, lui permettant de bénéficier des terres en
échange d’un acompte annuel. « A terme, j’achèterai les terres au prix fixé au départ. »

Dans le cas de Marion, il y avait une ferme viable à reprendre, un cédant qui la soutenait, une expérience en tant que salariée et surtout, beaucoup de motivation.

Au milieu des brebis, l’agricultrice cherche Glue, sa préférée. « Elle a certainement été élevée au biberon. Elle est très proche de l’homme. Dès le début, elle venait poser sa tête sur mon épaule », explique-t-elle. Pour acquérir ce troupeau de 237 têtes, Marion a bénéficié d’un autre soutien, celui de Ovicap, le pôle ovins et caprins de la coopérative agricole Cavac. « Leur plan Avenir Élevage m’a permis d’étaler le financement du cheptel sur cinq à six ans. Ils me prélèvent sur la vente des agneaux. » Un suivi personnalisé par une technicienne ainsi que les conseils d’un vétérinaire complètent l’offre du groupement, qui assure une plus-value sur la vente de 70% à 80% des agneaux grâce au signe de qualité Label
Rouge.

Pour bénéficier de cet accompagnement global, Ovicap étudie soigneusement les profils des porteurs de projet : « Nous voulons installer des jeunes, mais sur des projets viables, pose Steven Bretaud, responsable de Ovicap. Sur cinq projets, un à deux aboutissent. Dans le cas de Marion Billaud, il y avait une ferme viable à reprendre, un cédant qui la soutenait, une expérience en tant que salariée et surtout, beaucoup de motivation. C’est ce qui fait la différence. »

Marion est catégorique : « Sans l’aide de la Safer et de Ovicap, je n’aurais pas pu m’installer ». Après avoir bichonné ses brebis le temps de leur gestation, elle s’apprête maintenant à faire face à une période d’intense activité, celle des mises-bas, et dans quelques mois, elle pourra vendre ses premiers agneaux.

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