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Bonheur de vivre et travailler sur la terre de son enfance
Florian Derboule s'est installé en GAEC avec ses parents à Tardes, en Creuse.
Florian Derboule s’est formé dans eux lycées agricoles, il voulait »aller voir ailleurs »Corinne Merigaud

Florian Derboule s’est formé dans eux lycées agricoles, il voulait »aller voir ailleurs »

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 13/05/2021 PAR Corinne Merigaud

C’est avec un large sourire que Florian Derboule nous accueille sur l’exploitation familiale de La Cheville à Tardes (Creuse). Installé en GAEC depuis trois ans, il élève des charolaises et produit des céréales pour l’alimentation du troupeau et la vente. Après un cursus de formation qui l’a mené dans les départements voisins, il a pu découvrir de nouvelles conduites d’élevage et avoir une autre vision de son métier.


Tiré de son sommeil en pleine nuit par un vêlage qui aurait pu mal tourner, Florian Derboule est un jeune homme heureux. « Le veau avait une patte repliée et il était gros, dans les 55 kilos ». Le vétérinaire est en train de replacer la matrice de sa charolaise. « Elle a poussé trop fort, elle a tout emmené. C’est toujours quand on a quelque chose de prévu que ça arrive ». Voilà bien résumé le quotidien d’un éleveur…

Fils et petit-fils d’agriculteurs, Florian Derboule s’est installé avec ses parents le 16 janvier 2018. C’est par une phrase qui en dit long sur sa passion qu’il explique sa vocation. « J’ai toujours voulu faire ça et je l’ai fait. » Le jeune homme de 23 ans a baigné dans l’univers agricole depuis le berceau. Ses grand-parents, métayers, avaient acheté un domaine à Marmouret, juste à côté, en 1968. Leur fils Régis les a rejoints en 1996 agrandissant la ferme, arrêtant les vaches laitières et les brebis pour se recentrer sur les Charolaises. Aujourd’hui, l’exploitation compte 297 ha de SAU, 145 vaches, 70 ha de grandes cultures (blé, triticale, avoine, seigle) et 11 ha de maïs. « Nous ne sommes pas seulement des éleveurs, c’est ce qui nous différencie remarque-t-il, nous cultivons 55 ha de blé et de triticale que l’on revend à un négociant local pour une coopérative. Nous avons augmenté la surface de grandes cultures en début d’année. » La vente de céréales paye les intrants. « Nous en produisons surtout pour être autonomes en paille car nous avons beaucoup de bâtiments, environ 10 000 m². »

Un cheptel de 145 vaches de race charolaise pour le GAEC de La Cheville.

Deux lycées agricoles… pour aller voir ailleurs

Malgré son jeune âge, Florian maîtrise bien la conduite de l’exploitation. Il faut dire qu’il a été à bonne école, épaulant son père et ses grands-parents durant son temps libre. « Dès que j’avais cinq minutes, j’étais dans la stabu. » Il ne s’est pas posé la question de son avenir tant le choix de l’agriculture s’est imposé. Après ses années collège à Chambon-sur-Voueize, il s’est inscrit en Bac Pro CGEA au lycée agricole de Durdat-Larequille, près de Montluçon dans l’Allier. « Le lycée se situe à 45 minutes de la ferme, c’était plus proche qu’Ahun raconte Florian et j’avais envie d’aller voir ailleurs car cela ressemblait plus à notre exploitation. Le lycée a un bon cheptel de charolaises inscrites au Herd Book (livre généalogique de la race, ndlr) et il fait beaucoup d’essais comme des paillages de plaquettes. »

Florian garde un excellent souvenir de cette ambiance familiale « avec 120 élèves en tout » et un encadrement « presque individuel » dans une classe de quinze élèves. « C’est un bon établissement, pas très connu, cela m’a bien plu lâche-t-il, bien que je préférais la pratique aux racines carrés qui ne servent à rien en élevage. J’ai fait ce que j’ai pu et j’ai toujours eu mention assez bien ». En juin 2015, il obtient son Bac alors qu’il n’a pas encore 18 ans…. Trop jeune pour s’installer. Il aurait bien arrêté ses études mais ses parents, tous deux titulaires d’un BTS, PA pour son père et ACSE pour sa mère, l’incitent à poursuivre en BTS Analyse conduite et stratégie de l’exploitation agricole. Il s’inscrit à Ahun, Moulins et Challuy et son dossier est retenu dans les trois. Il choisit Challuy près de Nevers (Nièvre), établissement où ont été formés ses parents.

« Je n’avais pas trop envie d’y aller et finalement, j’ai choisi le plus éloigné… Autant voir ailleurs… Là-bas, il y a des exploitations très différentes des nôtres, des sols argilo-calcaires profonds, des parcelles assez grandes, des fermes de 400 à 500 ha, des cheptels plus importants et pas du tout les mêmes stratégies qu’ici. Cela m’a permis d’avoir une ouverture, je ne regrette pas, c’était bien ce BTS, j’ai passé deux bonnes années. » Ses deux stages de dix semaines dans des exploitations de la Creuse et de l’Allier lui ont permis de se frotter à la pratique. « Les stages confirment ce qu’on voit en classe, on échange beaucoup avec les maîtres de stage sur les pratiques se souvient-il, j’étais toujours content d’aller en stage. »

Un rythme de travail intense

Le BTS en poche, il est salarié sur la ferme familiale durant six mois, le temps de finaliser son installation en GAEC avec ses parents. Entre temps, son grand-père a pris sa retraite et il a racheté les parts sociales de sa grand-mère. »Il faut s’y prendre un an à l’avance pour les démarches d’installation car c’est long après le premier rendez-vous à la Chambre d’agriculture ». Il perçoit d’abord 80% de sa DJA, le reste sera versé au terme de la 5ème année s’il a rempli ses engagements, soit un montant total de 30 000 €. Des remises sur ses cotisations ont été accordées par Groupama les premières années. Il a également bénéficié d’exonérations MSA sur la première année.

Son projet d’installation comprenait un cheptel charolais, des brebis et une partie grandes cultures avec un objectif de 100 ha cette année. Il a renoncé à l’atelier brebis trop onéreux en investissements. Il a emprunté pour équiper de panneaux photovoltaïques deux bâtiments de 800 m² montés par son père en 2012. La Région lui a accordé 16 000 € dans le cadre du PCAE pour un coût de 80 000 €.

Trois ans et demi après son installation, Florian est un homme heureux de vivre et de travailler sur la terre où il a grandi. Il ne compte pas ses heures, enchaînant jusqu’à 80 heures par semaine. « Je n’ai pas le sentiment d’aller au travail, je sais ce que j’ai à faire tous les jours, je n’ai pas de patron pour me dire quand je dois être là et ce que je dois faire, c’est une passion. Il faudrait juste que ça rémunère plus. » Pour s’impliquer davantage, il a rejoint les JA occupant le poste de secrétaire au niveau du canton et d’administrateur aux JA du département. « Cela permet d’échanger, de voir ce que font les autres et de créer un réseau souligne-t-il, n’ayant pas fait mes études en Creuse, je ne connais pas grand monde. » Il s’est fixé comme prochain défi d’être autonome en eau pour anticiper les sécheresses, trois subies en trois ans, grâce à l’extension de son système d’abreuvement automatique alimenté par une source.

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