La Cour Constitutionnelle polonaise, dans son arrêt du 9 mai, a jugé la majorité des dispositions de la nouvelle loi de lustration contraires à la constitution. Les principaux titres de la presse polonaise sont unanimes. On souligne avant tout le triomphe tant attendu du droit sur le désir de revanche incarné par la chasse aux ex-communistes des frères Kaczynski. Les juges de la Cour Constitutionnelle se sont hissés au rôle de chevaliers d’un Etat de droit qui ont eu le courage de s’opposer et donner une bonne leçon d’humilité au régime en place.
Le professeur Geremek, principal concerné ces derniers jours par la fameuse loi, en se référant à l’arrêt, a déclaré qu’il n’y avait «ni vainqueurs ni vaincus, seulement une dignité citoyenne défendue.»
Un régime défié
«La cour a empêché le triomphe de la IV république» comme l’énonce un des quotidiens d’extrême gauche. Bien que jugée seulement partiellement inconstitutionnelle, la loi sur la lustration ne représente en effet plus qu’une ébauche après la suppression de plusieurs dizaines d’articles. C’est toute une politique des frères jumeaux, reposant sur des règlements de compte, qui bascule comme on peut le lire plus loin. La cour constitutionnelle leur fait comprendre que la lustration n’est pas une revanche historique, ni un châtiment, ni enfin une manière de mener la politique.
Au sein du parti gouvernant de Droit et Justice (DiJ) on parle d’une «loi massacrée» par un jugement qui entrave tout le processus de «nettoyage» de la scène politique. Aucun nouveau projet de loi ne semble néanmoins envisagé par le gouvernement. Etant donné la quasi suppression de loi de lustration par la Cour Constitutionnelle, pour le DiJ, ainsi que pour tous les partis de l’opposition, la seule solution maintenant est de permettre le libre accès aux archives de la police secrète.
Piotr Czarzasty