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PUBLIÉ LE 06/07/2023 PAR Virginie ValadasC’est un atelier spacieux et bien équipé, tel que beaucoup de professionnels de la petite reine en rêverait à l’île de Ré, où la pratique du vélo est érigée en religion. Sauf que… Celui-ci se trouve derrière les murs de la prison de Saint-Martin-de Ré. Ce matin-là, il y a du monde pour inaugurer officiellement cet atelier de réparation de vélos par des personnes détenues ou plus précisément pour lancer la première Société d’Insertion par l’Activité Économique (SIAE) en milieu carcéral de Nouvelle-Aquitaine. « Ce n’a pas été simple de monter ce projet, mais cela valait le coup ». C’est un grand jour pour Coralie Morel, la présidente et initiatrice de l’association Icycle, qui a mené à bien cet atelier destiné aux détenus en fin de peine, à moins de trois ans de leur sortie.
Virginie Valadas | Aqui Coralie Morel et la formatrice dans l’atelier
Une justice restaurative
Mis en route il y a un an, l’atelier a d’abord accueilli deux détenus seulement, puis trois, quatre et aujourd’hui, ils sont cinq à occuper un poste de travail, demain peut-être rejoints par de nouveaux volontaires. «Certains vont jusqu’à décorer, personnaliser leur poste » commente Cédric, le compagnon de Coralie « comme Léo, le plus ancien qui a customisé son espace. » Tout se passe dans une ambiance de travail et de coopération, « les nouveaux sont intégrés, tout le monde est ponctuel et montre même une très grande motivation ». Les détenus s’intéressent aussi au sort des engins une fois réparés. Car ces vélos remis à neuf sont remis sur le circuit des pistes cyclables rétaises sous forme de location aux travailleurs saisonniers de l’île de Ré, moyennant un euro par jour, soit une trentaine d’euros par mois.
Les personnes détenues reçoivent un salaire pour leur emploi : 45% du smic pour 30 heures de travail par semaine, ce qui leur permet d’indemniser les parties civiles chaque mois.
Objectif : 50% d’emploi dans les prisons
Guillaume Gujot, adjoint à la direction régionale des services pénitentiaires de Bordeaux souligne que c’est la première SIAE en milieu carcéral de Nouvelle Aquitaine, une autre est prête à voir le jour à la prison de Bedenac en Charente-Maritime , afin de créer des brosses de lavage de voitures. Deux autres projets attendent validation pour se concrétiser, l’un à la maison d’arrêt de Périgueux, l’autre au centre de détention de Mauzac en Dordogne.
Ces structures devraient être avalisés par le ministère de la Justice. Éric Dupond-Moretti, le Garde des Sceaux a fixé un objectif de 50% d’emploi dans les prisons, d’ici à deux ans. Aujourd’hui en Nouvelle-Aquitaine, le taux d’emploi des personnes détenues est de 30 à 35%. L’administration pénitentiaire a recruté une commerciale en charge de démarcher les entreprises, pour faire valoir les avantages de l’emploi en prison dont le faible coût de la main d’oeuvre.
130 personnes détenues au travail à Saint-Martin
Sur les quelque 400 détenus de la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré, environ 130 personnes occupent un emploi. Majoritairement à la réalisation des pièces d’uniformes des personnels pénitentiaires. Les autres travaillent pour des entreprises de l’île de Ré : à la réparation et fabrication de filets de pêche, à la taille de pierre et à la fabrication de savons.
Côté formation, ils peuvent valider un titre professionnel de maçonnerie, de magasinier ou d’agent de propreté et d’hygiène et valider un CAP en se préparant aux épreuves théoriques de maths et de français, en plus des ateliers de pratique.
