Dordogne : Les éleveurs veulent des prix pas des primes


Claude Hélène Yvard

Dordogne : Les éleveurs veulent des prix pas des primes

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 23/07/2015 PAR Claude-Hélène Yvard

Combien sont ils devant Fromarsac, la Fromagerie du groupe Bongrain, située à Marsac sur L’Isle ? Ils sont arrivés très nombreux en début de soirée. 400 vraisemblement 500. Ils sont venus des quatre coins du département exprimer un cri de détresse, une colère. La grande majorité sont des éleveurs, laitiers ou de viande. Certains sont venus avec leurs conjoints, leurs fils, ou fille souhaitant reprendre l’exploitation des parents. La soirée avait débuté par un barbecue géant dans un esprit bon enfant. Les principaux responsables des syndicats JA et FDSEA sont là. Le président de la Chambre d’agriculture Jean Philippe Granger est au fourneau. Pourtant le sujet est des plus sérieux. Car les éleveurs Périgourdins sont à bout.

Quel avenir ?

Pierre et Julien Seegers, éleveurs laitiers à saint saud dans le Nontronnais

Comme en témoignent  Pierre et Julien Seegers de Saint Saud, dans le Nontronnais. Pierre, le père est éleveur laitier. Son fils âgé de 17 ans veut reprendre l’exploitation familiale et celle de son oncle et de ses cousins. « Le problème, c’est les prix. Nous voulons des prix pas des primes. Les mesures d’urgence du gouvernement représentent à peine 400 euros par exploitation. C’est rien du tout. Je produis 560 000 litres qui est collecté par Fromarsac. Le prix du lait de base  se situe à 301 euros les 1000 litres. On nous annonce pour le dernier trimestre 2015, un prix à 287 euros, alors qu’avec nos charges actuelles et la hausse du coût des matières premières, il faudrait atteindre les 400 euros pour vivre correctement et continuer à investir pour l’exploitation pour produire du lait de qualité. C’est ce qu’on nous demande. » Julien est pourtant fermement décidé à prendre la suite. « Tous mes copains me prennent pour un fou. » Julien veut pourtant croire en son avenir agricole.


Le jour le plus long

Quatre tonnes à lisier ont été déversées devant la fromagerie

La journée de mobilisation avait débuté dans le calme, vers 10 heures aux péages de Mussidan et de la Bachellerie, sur l’Autoroute A 89. Elle s’est poursuivie toute la journée.  Du lait de chèvre d’un camion portugais a été saisi et il sera déversé dans la nuit sur les murs de Fromarsac. Le ton est monté d’un cran cet après midi, devant le Leclerc de Trélissac où des tonnes de lisier ont été déversées. Plusieurs enseignes ont été victimes du même scénario : Lidl, Grand Frais, Intermarché, sur toute l’agglomération  périgorudine d’est en Ouest. Mais c’est Fromarsac, qui a servi d’exutoire à la colère des agriculteurs. Devant l’usine, Pierre Veyssi, pour les producteurs de lait, rappelle « qu’il ne faut pas rentrer mais quatre tonnes de lisier seront déversées devant la fromagerie. Il faut maintenir la pression pendant que nos responsables négocient à Paris, aux côtés de nos politiques. » Il en est de même pour la viande où les négociations avec les intervenants de la filière sont en cours. Les éleveurs ont reçu le soutien du directeur de la Sobeval située à Boulazac, Gilles Gauthier, représentant national  d’Interbev en Dordogne. Devant Fromarsac, cette nuit de jeudi à vendredi promet d’être longue :  bilan 50 tonnes de lisiers déversées, pétards, pluies de pneus et d’oeufs et un sacré nettoyage à faire.

Fabien Joffre, le président de la FDSEA de la Dordogne annonce d’autres mobilisations dans les semaines à venir « pour les semaines à venir, dans le cadre d’actions nationales; nous organiserons en Dordogne desactions concertées auprès des 7 familles d’acteurs de l’agriculture française, toutes filières confondues. »

Demain vendredi ce seront les éleveurs des Pyrénées Atlantiques qui prendront le relais des Périgourdins avant l’aboutissement des négociations.

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