L
e phare de Cordouan est unique à plus d’un titre : c’est le seul phare de Nouvelle-Aquitaine à ne pas être situé à terre. Ce « Versailles des mers », trône au milieu de l’estuaire de la Gironde à 7 km des côtes. Son architecture est particulière ; construit au début du XVIIe siècle, restauré sous Louis XV, il a été surélevé en 1789. C’est l’un des phares parmi les plus hauts de France. Il faut franchir 300 marches d’un escalier à vis pour atteindre sa lanterne. Unique au monde, elle contient la première lentille élaborée par Fresnel, répliquée à tous les autres phares ensuite. Enfin, le phare de Cordouan est un des derniers à être habité par un gardien de phare. Pour toutes ces raisons, ce joyau a été inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco le 24 juillet 2021, après un grand chantier de restauration de dix années.
Une classification synonyme d’engagement fort
Cette classification au patrimoine de l’Unesco n’est pas une fin en soi. C’est même le début d’une aventure, appuyée sur un engagement fort et un plan de gestion, afin de faire vivre le site dans un objectif de transmission.
Le 19 octobre dernier, une convention de partenariat a été signée dans ce sens engageant la préfecture de la région Nouvelle-Aquitaine assistée de la Direction des affaires culturelles, la Direction inter-régionale de la Mer, le SMIDDEST (Syndicat mixte pour le développement durable de l’estuaire de la Gironde) et les Départements de la Charente-Maritime et de la Gironde.
Suivi de la conservation du site
Un comité de pilotage se réunit régulièrement pour évaluer les travaux à faire et alerter si besoin : « la mer, le vent, les embruns, le sel sont évidemment les pires ennemis de ce patrimoine et le fragilisent. Ce comité de pilotage doit maintenir une veille et une vigilance constantes. » commente Françoise de Roffignac, vice-présidente du Conseil départemental de la Charente-Maritime et présidente du SMIDDEST.
Suivi environnemental
Le phare de Cordouan se situe sur un plateau rocheux qui rend le lieu précieux du point de vue de la biodiversité et des connaissances scientifiques. Le syndicat mixte y est très attentif, notamment de par « la présence d’hermelles, des vers marins qui construisent des récifs à partir du sable. Ces récifs favorisent la biodiversité, ils abritent des réserves de nourriture favorables à la présence d’oiseaux protégés, comme les gravelots qui y nichent ».
Un « Plan paysage »
Le phare de Cordouan est visible de onze communes : trois dans le Médoc en Gironde et sept en Charente-Maritime. Elles constituent la « zone tampon » concernée par la protection du site.
Ces communes vont toutes bénéficier du « Plan paysage », soit une signalétique commune sur le phare avec le même niveau d’informations, afin que les visiteurs qui traversent ou visitent ces communes puissent facilement identifier le site. Une information à l’échelle de l’estuaire qui s’étend aussi à l’itinéraire cyclable de la Vélodyssée.
Médiation culturelle et suivi touristique
Le site va régulièrement accueillir des expositions, voire des événements artistiques ponctuels : lectures, spectacles… Une exposition sur l’architecture du phare est visible au musée de Royan et dans le parc de l’Estuaire à Saint-Georges de Didonne, la lentille de Fresnel est documentée.
Le site est très prisé par les touristes, mais sa visite est limitée dans le temps et en nombre, en raison des marées, de la capacité d’accueil du phare et du temps de visite. Ils sont 250 visiteurs par jours en haute saison touristique.
Une boutique au pied du phare permet de développer la marque Phare de Cordouan avec uniquement des objets dérivés made in France. Pas d’espace muséal sur place, mais selon Françoise de Roffignac : « le phare est un musée en soi, avec sa chapelle, sa chambre… »
L’info en plus :
Le Verdon-sur-Mer, Soulac-sur-Mer, Grayan-et-l’Hôpital, Meschers-sur-Gironde, Saint-Georges-de-Didonne, Royan, Vaux-sur-Mer, Saint-Palais-sur-Mer, Saint-Augustin, Les Mathes-La Palmyre et La Tremblade sont les communes de la zone tampon.