La ville appartient à tout le monde
Pour Luc Gwiazdzinski, comprendre la ville, c’est aussi la parcourir, de l’hypercentre à la banlieue, le jour comme la nuit. Et rencontrer ceux qui la peuplent. De ses promenades nocturnes, le chercheur tire une certitude : la ville n’est pas seulement la propriété de ceux qui y paient un loyer. Comme il le souligne, il est grand temps de donner une place et un statut aux « résidents temporaires » qui, même s’ils n’habitent pas la ville, y gravitent eux aussi. « Réfléchir à la ville, ce n’est pas seulement réfléchir à ceux qui y dorment, mais aussi à ceux qui la visitent, la traversent ».
« Travailler le temps pour gagner de l’espace »
Une métropole n’est pas un ensemble figé : «Aujourd’hui, tout s’hybride. La gare du Nord se transforme en discothèque, les bibliothèques ouvrent des cafés. Il devient stupide de chercher à construire des lieux à vocation unique». Il y a à ses yeux quelque chose d’absurde à voir des bâtiments rester vides en dehors des horaires des bureaux à l’heure-même où les prix de l’immobilier, le manque de place ou l’absence d’espace pour les sans-abris posent problème. « Il faudrait imaginer une chorégraphie urbaine, une ville plus « malléable ». Si les quartiers étaient polyvalents, on retrouverait de l’intensité urbaine, de la vitalité »
Bordeaux Métropole n’est pas en reste
« Est-ce que nous sommes prêts à expérimenter autour de cette question des temps ? Oui, bien sûr » appuie Anne Walryck. Pour diminuer l’encombrement des réseaux de transports, la métropole encourage aujourd’hui les entreprises à accepter des horaires de travail décalés. Des parkings comme celui de la cité administrative laissent des places à disposition des riverains à la fermeture des services. Plus novateur, l’éco-quartier Brazza qui éclora rive droite, proposera aux résidents des pièces polyvalentes, les « volumes capables », qui pourront être mutualisées par des familles qui souhaitent partager leur chambre d’amis ou leur buanderie avec leurs voisins.