Crédit Agricole Aquitaine : la banque devient énergéticien


Après la banque, l’assurance et l’immobilier, le Crédit agricole Aquitaine accélère désormais sur l’énergie. Dans une coopération avec la caisse régionale voisine Pyrénées-Gascogne, l’ambition est de développer 140 centrales photovoltaïques par an.

Les directeurs généraux et présidents des Caisses régionales Aquitaine et Pyrénées Gascogne signent une convention de coopérationCrédit agricole Pyrénées Gascogne

Les directeurs généraux et présidents des Caisses régionales Aquitaine et Pyrénées Gascogne signent une coopération au service du développement d'une activité d'énergéticien sur leurs territoires

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 05/10/2023 PAR Solène MÉRIC

C’est à la Bergerie du Tihl, à Artigueloutan que l’on découvre la vitrine des ambitions désormais partagées des Caisses régionales Aquitaine et Pyrénées-Gascogne du Crédit Agricole autour de l’énergie photovoltaïque. Il faut dire que le projet mené sur l’exploitation dirigée par Régis Junqua combine production d’électricité et de chaleur, permettant de viser l’autonomie protéique de la ferme qui élève notamment un troupeau de 300 brebis laitières. Le tout a été piloté par CAPGEN, filiale du Crédit Agricole Pyrénées-Gascogne spécialisée dans les énergies renouvelables.

Les 840 panneaux photovoltaïques installés sur le bâtiment de Régis Junca non seulement permettent la production annuelle électrique de 390 000 kWh (soit la consommation de 172 personnes) mais aussi le séchage de 150 tonnes de fourrage, grâce à la récupération de l’air chauffé par les panneaux disposés tout exprès de manière spécifique en toiture.

Chaleur, électricité et loyer

« L’intérêt du séchoir à fourrage est de ne plus faire sécher le foin sur le champ, ce qui n’a que des avantages. C’est d’abord un confort pour nous au moment du ramassage, et sous le hangar le foin est protégé des aléas de la météo. Il sèche bien plus vite. On peut aussi le couper plus court, ce qui permet d’améliorer la qualité mais aussi la quantité des fourrages et donc de diminuer nos apports en céréales de 25 à 30 %. Tout ceci nous permet d’avoir une meilleure qualité du lait de nos brebis pour nos fromages mais aussi une plus grande autonomie de la ferme » se réjouit Régis.

C’est lorsque l’agriculteur monte son projet de hangar de séchage (au départ sans panneaux photovoltaïques) que son conseiller bancaire lui suggère de parfaire le projet par l’installation photovoltaïque pour contribuer au séchage d’une manière plus rapide et régulière. Un réflexe énergétique que les conseillers du CA Pyrénées Gascogne ont acquis depuis 2009 et la création, en avance de phase, de la filiale CAPGEN dédiée au développement et à l’exploitation de projets de production d’énergie photovoltaïque, au-delà du rôle habituel de la banque qu’est l’accompagnement au financement de tels projets. 

Régis Junca, satisfait devant son hangar de séchage de fourrage, équipé de panneau solaire. La centrale photovoltaïque est porté par CAPGEN et rétribue un loyer à l’agriculteur.

Régis saisit alors l’occasion, d’autant que ce n’est pas lui qui porte le financement du projet, mais directement CAPGEN. Propriétaire de la centrale installée sur la toiture du bâtiment, CAPGEN vend l’électricité sur le réseau et s’engage à verser un loyer pour les 30 prochaines années à l’éleveur qui bénéficie donc aussi de la chaleur des panneaux. « Ils ont même pris à leur charge la consolidation du hangar pour supporter les panneaux, et ont accepté de me verser un loyer un peu plus élevé les 15 premières années pour me faciliter le remboursement de la construction de mon bâtiment ».

Les loyers des 15 dernières années seront en contrepartie un peu moins élevés. Cela va sans dire, mais tout de même, Régis bénéficie aussi de l’électricité produite par sa centrale pour sa ferme qui comprend aussi une boutique en vente directe, un élevage de quelques porcs noirs et des canards. Le jeune homme, sixième génération de sa famille à la tête de la ferme, n’a aucun regret sur son choix.

Conquérir de nouveaux fonciers, toitures, cultures, parkings

C’est ce genre de projet « exemplaire » que le Crédit Agricole Aquitaine et son homologue Pyrénées Gascogne veulent désormais développer sur le périmètre territoriale du premier, à savoir dans les Landes, en Lot-et-Garonne et en Gironde. Ce que confirme Olivier Constantin, Directeur général du CA Aquitaine, satisfait de voir « les deux caisses unir leur forces et élargir le terrain de jeu. Avec nos 6 départements nous avons de très belles perspectives pour ces projets énergétiques » s’enthousiasme-t-il au côté de son président, Patrice Gentié qui souligne « l’expertise de CAPGEN » dans un univers encore assez nouveau pour le CA Aquitaine.

Depuis 14 ans, CAPGEN a su installer et exploiter plus de 1500 centrales photovoltaïques permettant d’alimenter l’équivalent de plus de 420 000 habitants. « L’équivalent de la population du Béarn », aime à synthétiser Paul Carite, Directeur général du CA Pyrénées Gascogne. Autant dire que les territoires des Pyrénées-Atlantiques, du Gers et des Hautes-Pyrénées qui constituaient jusque-là le périmètre du CAPG sont bien équipés.

Il s’agit désormais pour les deux caisses régionales, de conquérir par leur coopération de nouveaux fonciers, mais aussi toitures, cultures, dans le cadre d’opération d’agrivoltaïsme, photovoltaïque flottant, ombrières sur parking. Aucune porte n’est fermée, y compris sur l’exploitation de l’énergie produite. « En règle général on revend l’électricité sur le réseau mais on ne s’interdit pas de distribuer auprès de clients ou de collectivités via des contrats dits Corporate PPA », explique Jean-Paul Mestrot, Directeur général de CAPGEN.

Un moyen d’accompagner l’agriculture dans une nouvelle production qu’est la production d’énergie renouvelable

Si pour le président du CA Pyrénées Gascogne, Marc Didier cette nouvelle offre de tiers-développement de centrales photovoltaïque est « un moyen d’accompagner l’agriculture dans une nouvelle production qu’est la production d’énergie renouvelable », elle s’adresse également aux autres professionnels, entreprises et collectivités qui souhaiteraient franchir le pas de la transition énergétique pour des projets de 500 m² minimum. « C’est le minimum pour porter un projet en tiers investisseur, mais nous travaillons avec tout le monde pour le financement de ce genre d’infrastructure énergétique, un autre développeur peut tout à fait porter le projet », pointe Antoine Malmezat, Responsable Production et Développement des Energies au CA Aquitaine.

Malgré la volonté affirmée de devenir énergéticien sur leur territoire, les caisses régionales du Crédit Agricole n’en n’oublient pour autant pas leur premier métier : la banque.

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