Garantir la ressource en eau, ça ne coule pas de source


Anticiper, voilà l’objectif de l’étude diagnostique et prospective sur la ressource en eau destinée à l’alimentation en eau potable initiée par le Département en 2020.

rivièreCorinne Merigaud | Aqui

La gestion de la ressource eau sera l'enjeu de demain face au réchauffement climatique.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 21/05/2024 PAR Corinne Merigaud

Même si la pluie tombe en abondance depuis plusieurs mois, les années précédentes ont démontré que l’eau pouvait cruellement faire défaut. L’image de château d’eau du Limousin avec ses milliers d’étangs, largement répandue, commence pourtant à se craqueler. Des communes haut-viennoises se sont retrouvées sans eau, l’été dernier, contraintes d’être ravitaillées par camions citernes.

Prévention

C’est pour anticiper ces périodes de manque liées au réchauffement climatique que cette étude a été lancée. Les conclusions seront dévoilées en fin d’année. D’ores et déjà un scénario se dessine. « On a travaillé sur trois scenarii, médian, optimiste et pessimiste mais on va vers le scénario pessimiste, dévoile Philippe Barry vice-président départemental en charge de l’environnement. On va vers une tension de plus en plus importante, avec des pistes qui émergent comme les économies d’eau et la sensibilisation. Cela passera aussi par le soutien du Département aux collectivités pour améliorer leur réseau ancien, par l’adaptation des pratiques agricoles et industrielles et un travail de résilience par rapport aux milieux naturels. »

L’idée n’est pas de pointer du doigt les mauvais élèves mais plutôt de faire passer un message de prévention, seul moyen pour faire consensus. « Il ne s’agit pas de cibler tel ou tel usage moins vertueux assure-t-il, il faut tous aller dans le même sens par une économie dans les pratiques. Il vaut mieux anticiper les discussions par rapport aux contraintes qui apparaissent déjà. »

Il faut savoir quelle réponse collective et partagée apporter

Les discussions ont avancé à l’occasion de la journée « politiques publiques » organisée, le 16 mai, par le Département, l’Université de Limoges et le laboratoire E2Lim dans le cadre des événements ponctuant les 50 ans de la filière eau à Limoges.

Département Haute-Vienne

Dans le cadre des 50 ans de la filière eau à Limoges, une série de conférences a été organisée à l’Hôtel du Département sur le thème « Recherche appliquée et expertise scientifique à l’appui des politiques et services publics de l’eau ».

La matinée était consacrée à l’accompagnement des territoires pour une gestion durable de la ressource en eau. La journée s’est poursuivie avec des retours d’expériences au niveau quantitatif, avec, par exemple, le fonctionnement hydrologique des têtes de basin de la Vienne ou encore les possibilités et limites de soutien d’étiage par les étangs limousins, l’ex région en comptant quelque 13 000. Le volet qualitatif a été abordé avec, notamment, le traitement des micropolluants dans les eaux usées mis en place dans les stations d’épuration des Landes ou encore la technique mise au point par la société Pearl à Limoges pour capter les micropolluants métalliques dans les eaux grâce à une solution innovante biosourcée.

« Cette journée a permis de réunir l’ensemble des partenaires qui ont un rôle à jouer sur la politique de la gestion publique de l’eau constate Jean-Claude Leblois président du Département, on a un peu plus conscience maintenant de la problématique sur l’eau, d’où cette étude prospective qui prend en compte l’état de la ressource en eau en Haute-Vienne en qualité et en quantité en se fixant, pour objectif, de garantir qu’il y en ait toujours au robinet dans 30 ou 40 ans. Il faut savoir quelle réponse collective et partagée apporter en tenant en compte ceux qui ont en responsabilité la gestion de l’eau, jusqu’aux citoyens. Il est important d’avoir ces échanges pour éviter tout conflit.»

Vers une gouvernance de l’eau par les Départements ?

La compétence eau est aujourd’hui partagée entre les communes, les communautés de communes et les syndicats d’alimentation en eau potable. Le gouvernement réfléchit à un interlocuteur unique qui assurerait la gouvernance.

Missionné pour un nouvel acte de décentralisation, le député Eric Woerth s’est dit favorable au transfert obligatoire de la gestion de l’eau aux intercommunalités à fiscalité propre, ce qui est programmé par la loi d’ici 2026. Cependant, il a estimé que le Département devrait jouer un rôle plus important dans ce domaine. Idée à laquelle souscrit le président du Département. « Les Départements seraient les têtes de pont se projette-t-il, ce serait intéressant d’avoir cette reconnaissance car c’est la bonne échelle pour comprendre les politiques à conduire dans ce domaine. »

La ressource est unique, si on la pollue et si on doit mettre trop d’argent pour la dépolluer, il n’y aura plus d’eau potable.

Avec le changement climatique, la prise de conscience est enclenchée à marche forcée pour préserver une ressource qui n’est pas inépuisable, et éviter, demain, des conflits d’usages. Pour cela, il faut prendre en compte le petit cycle de l’eau (réseaux d’alimentation potable) et le grand cycle de l’eau (rivières, zones humides, précipitations…) tous deux indissociables afin de garantir la ressource. « Si on n’a pas des écosystèmes fonctionnels, on va à la catastrophe sur l’eau potable, estime Philippe Barry. La ressource est unique, si on la pollue et si on doit mettre trop d’argent pour la dépolluer, il n’y aura plus d’eau potable. Aujourd’hui, il ne faut pas avoir une vision à court terme. Le meilleur stockage est un sol perméable qui l’épure et la filtre.»

Le sol haut-viennois étant dépourvu de nappes phréatiques, le maintien de la qualité de l’eau et de la quantité est un enjeu fondamental et même « un combat commun et vital » assure-t-il. Un enjeu que les chercheurs et enseignants de l’Université ont en ligne de mire. « On ne peut plus dissocier le petit cycle de l’eau du grand cycle de l’eau confirme Robin Guibal président d’Aquatech, on ne connaît pas forcément les solutions d’où la nécessité d’associer les experts scientifiques et le monde universitaire avec les décideurs pour trouver des solutions. On sait qu’il n’y en a pas qu’une seule mais bien plusieurs compte tenu des différentes problématiques qui se posent.»

Les conclusions de cette étude inédite dans son approche sont donc particulièrement attendues et d’autres Départements commencent déjà à s’y intéresser.

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