Est-ce la chaleur harassante de ce 21 juin (et l’espoir d’un peu de fraicheur), ou l’intérêt pour le programme proposé qui a attiré si nombreux les visiteurs dans la Cathédrale ? Un peu des deux sûrement. Toujours est-il que les places ont rapidement fait défaut, certains se résignant même à s’asseoir par terre. Et dès que les premières notes de l’allegro de la Sixième Symphonie de Charles-Marie Widor ont retenti, le silence s’est fait dans l’assemblée, captivée par le talent de Christian Robert, titulaire du Grand Orgue. La Cathédrale dispose en outre d’un système de vidéo projecteur permettant de voir l’organiste en train de jouer (installation quasi-unique en France puisqu’il n’y a que Notre Dame de Paris qui dispose d’un système semblable) et qui permet de saisir l’étendue de la virtuosité de l’artiste dont les doigts semblent littéralement voler sur le clavier. De Palestrina à Wolstenholme, en passant par Vivaldi, Guilmant ou encore le maitre en la matière JS Bach, les pièces se sont ensuite enchainées, alternant orgue seul et cantiques interprétés par la maitrise dirigée par Alexis Duffaure. Nombre de visiteurs se sont malheureusement éclipsés à l’entracte, manquant ainsi la pièce maitresse du récital, la Toccata et Fugue en ré mineur B.W.V. 565 de Bach. Un nom un peu barbare qui cache pourtantl’opus pour orgue le plus connu à travers le monde, et dont l’interprétation par Christian Robert a été vivement applaudie.
La cour de l’Hôtel de Ville transformée en salle de concert
Changement de décor, et direction la cour de l’Hôtel de Ville pour le deuxième acte de la soirée. Le décor majestueux du palais Rohan était en effet le cadre idéal pour accueillir les quarante choristes de l’Opéra National de Bordeaux, et leur chef de chœur Alexander Martin. C’est un air de Don Pasquale, opéra bouffe de Gaetano Donizetti, qui ouvre le bal, suivi de deux choeurs de Franz Schubert. Un intermède « manifestation » plus tard, et Roméo et Juliette, les deux amants terribles de Shakespeare mis en musique par Gounod transportent le public à Vérone, le temps du prologue « L’Heure s’envole ». Un détour par Rossini et sa Sémiramide, puis, pendant que l’ombre gagne peu à peu la cour du palais, arrivent les Djinns, esprits maudits de Fauré, qui envoûtent les spectateurs par leurs chants mêlant la pureté des voix féminines à la puissance des voix masculines. Quelques extraits du chef d’oeuvre du compositeur contemporain Carl Orff, Carmina Burana, clôturent en beauté la prestation, dont le célèbre « O fortuna ». Mais la ferveur des applaudissements a rapidement convaincu Alexander Martin d’offrir un ultime cadeau à son public, et les voix se sont élevées une dernière fois pour entonner le Choeur des bohémiens du Trouvère de Verdi, dont la dernière note a signé la fin d’une belle aventure musicale au coeur de la cité bordelaise.
Bérénice Robert
Crédit photo : Bérénice Robert, Aqui!