Municipales Bordeaux – #1 Bordeaux, ville et métropole : le double enjeu


aqui.fr - Pierre Sauvey
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 14/03/2014 PAR Pierre Sauvey

Et si dans les agglomérations, le véritable enjeu des élections n’était pas municipal mais communautaire ? Bien sûr le maire de la ville-centre détient incontestablement un pouvoir politique déterminant, notamment sur les politiques de proximité.  Il bénéficie aussi d’un rôle symbolique, d’une image particulièrement forte et d’une présence médiatique assurée. C’est évidemment vrai à Bordeaux, mais aussi à Pau, Bayonne, Mont-de-Marsan, Dax, Agen, Villeneuve-sur-Lot, Périgueux, Bergerac, Libourne ou Arcachon…

Mais pour la première fois les 23 et 30 mars prochain, les citoyens éliront à l’aide d’un même bulletin de vote leurs conseillers municipaux et leurs conseillers communautaires, c’est-à-dire ceux qui représentent les communes au sein des groupements intercommunaux : communautés de communes, communautés d’agglomération ou communauté urbaine. L’idée de cette nouveauté instituée par la loi de réforme des collectivités territoriales du 16 décembre 2010, est de renforcer la légitimité démocratique de ces institutions.

Les compétences élargies de la métropoleCes « établissements publics de coopération intercommunale » (EPCI) exercent en fait, à la place des communes,  un certain nombre de compétences, définies par leurs statuts. Selon l’Association des Communes de France, les compétences concernées sont d’abord le développement économique et l’aménagement de l’espace, puis les ordures ménagères, l’habitat et le logement, l’action sociale, le tourisme, l’assainissement, la voirie et le transport.

Mais il faut aussi savoir que la Communauté Urbaine de Bordeaux deviendra Métropole au 1er janvier 2015, avec une évolution fixée par la loi de ses compétences obligatoires : Développement et aménagement économique, social et culturel : Aménagement de l’espace communautaire : Politique locale de l’habitat : Politique de la ville : Gestion des services d’intérêt collectif. Sans oublier des compétences transférées de plein droit, notamment par l’Etat comme les grands équipements ou les infrastructures.

La CUB détient le pouvoir financierSi l’on compare les moyens financiers, le budget de la CUB, se monte en 2014 à 1,4 milliard d’euros, dont 1 milliard d’investissements, quand celui de la ville de Bordeaux atteint 466 millions d’euros (3 fois moins), avec 124,6 millions d’euros d’investissement  (8 fois moins). Ainsi la ville de Bordeaux n’a pas mis un euro dans la réalisation du pont Chaban-Delmas, quand la CUB y a investi 105 millions d’euros ! C’est donc bien la CUB, demain métropole, qui détient le vrai pouvoir financier. Et l’exécutif de la Communauté Urbaine agit sur 28 communes représentant 750.000 habitants quand le maire de Bordeaux intervient sur la commune la plus prestigieuse, au nom mondialement connu, et qui compte environ 250.000 habitants. On comprend bien dès lors le double enjeu de la bataille électorale bordelaise entre Alain Juppé et Vincent Feltesse.

Meeting de Vincent Feltesse - Municipales 2014

Tous les yeux sont fixés sur la municipale bordelaise où les pronostiqueurs  annoncent une victoire d’Alain Juppé. Mais  «la CUB restera à gauche et Vincent Feltesse restera président » a fixé comme objectif  le président du Conseil général Philippe Madrelle à la gauche girondine lors de son « Grand meeting métropolitain » dès le 1er mars à Cenon. 

Meeting de Alain Juppé - Muncipales 2014

« La CUB, c’est un enjeu important et même essentiel de la prochaine élection (…) et comme nous sommes unis, nous allons gagner » a cependant estimé Alain Juppé lors du meeting de son groupe Communauté d’Avenir le 11 mars à Mérignac.

Cogestion ou contrats de développementA droite comme à gauche, tout le monde paraît se rassembler sur une idée : la proximité doit rester une caractéristique communale. Mais la vision de la gestion communautaire apparaît bien différente.

« Bien sûr que la politique n’est pas la même selon l’exécutif » affirme Vincent Feltesse. « Entre 1995 et 2001, la vision commune de tous les politiques était qu’il fallait remettre la ville centre à niveau, parce qu’elle en avait besoin. Donc Bordeaux a capté 90% des finances communautaires pour le tramway et les quais. Entre 2001 et 2004, Alain Juppé a réussi à garder sa présidence bien qu’étant minoritaire et il ne s’est presque rien passé.  Lorsque Alain Rousset arrive aux commandes lors de l’exil canadien d’Alain Juppé, il crée l’inspection générale et revoit les délégations de services publics. Cela permet de renégocier 233 millions d’euros sur le contrat avec la Lyonnaise des Eaux. Il a aussi rééquilibré entre communes de la périphérie et ville centre » rappelle-t-il. Sur sa propre période de présidence, depuis 2007, il « pense avoir trouvé le bon équilibre entre communes et CUB, la preuve étant que tous les maires ont voté les budgets ».

Pour la prochaine mandature, il assure ne pas vouloir remettre en cause la cogestion qui prévaut depuis sa création à la Communauté Urbaine. « La CUB doit continuer à jouer un rôle de bouclier des communes » dit-il. Il annonce préparer un « New Deal métropolitain », une « plateforme pour une Métropole pour tous »,  avec une « nouvelle génération de contrats de co-développement, avec le Conseil régional et le Conseil général ».

Alain Juppé met de son côté en avant le principe de la cogestion. S’il considère que « il faut se lever de bonne heure pour faire croire que le nouveau visage  de  Bordeaux ce n’est pas Alain Juppé », il affirme en même temps que « nous sommes coauteurs de tout ce qui a été réalisé par la CUB et un seul ne saurait s’en prévaloir, fut-il président ». L’un des leitmotivs de sa campagne est le respect de l’identité communale. Et pour lui, « la meilleure garantie serait que le président de la CUB soit un maire, et pourquoi pas celui de Bordeaux ! ». Et quand il affirme qu’il serait «légal mais pas moral » que Vincent Feltesse, simple conseiller d’opposition à Bordeaux reste président, celui-ci estime ne pas avoir de leçon de moralité à recevoir de sa part. « C’est la majorité des conseillers communautaires qui choisira son président » rappelle-t-il. Et cette majorité sera dessinée par les électeurs des 28 communes  de la Communauté Urbaine. Décidément, un enjeu peut en cacher un autre.

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