Nouvelles mesures à prendre pour prévenir la grippe aviaire


Depuis septembre, la filière volaille est en alerte face au risque de retour du virus de l'influenza aviaire. Les éleveurs doivent prendre de nouvelles mesures.

Les éleveurs de Sainte-Foy de Longas et le préfet de la DordogneClaude-Hélène Yvard | Aqui

Les éleveurs de Sainte-Foy de Longas et le préfet de la Dordogne

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 20/10/2021 PAR Claude-Hélène Yvard

Toutes les volailles doivent être mises à l’abri dans 37 communes de Dordogne. Cela fait partie des mesures décidées par le ministère de l’Agriculture face au risque de grippe aviaire qui est monté d’un cran. Il passe de négligeable à modéré suite à la découverte d’une vingtaine de foyers d’influenza aviaire en Europe au 9 septembre dernier dont un en France. Marie Bouyssou et son père Frédéric Dupont, de la ferme des Grèzes, à Sainte-Foy-de-Longas, font partie des éleveurs qui sont concernés par ces nouvelles mesures qui ne sont pas sans incidence économique pour l’exploitation.

En Dordogne, les élevages de volailles situés en zone humide sont passés en risque modéré d’influenza aviaire. Pour les éleveurs situés dans les communes concernées, cela implique de nouvelles contraintes sanitaires, pas toujours bien comprises. Pourtant, ces mesures sanitaires sont indispensables pour éviter les abattages massifs en cas d’apparition de nouveaux foyers. Les épisodes de grippe aviaire de 2016, 2017 ont laissé des traces et pas seulement économiques.

Le 14 octobre, le préfet Frédéric Périssat, s’est rendu à la ferme des Grèzes, à Sainte-Foy-de-Longas pour échanger avec Marie Bouyssou, jeune agricultrice qui a rejoint le Gaec familial et qui vient de débuter une activité canards. Agée de 28 ans, la jeune femme s’est installée fin 2018 et a débuté une activité canards prêts à gaver sous label IGP en septembre 2019. La jeune agricultrice, installée en tant qu’associée avec ses parents est concernée par les nouvelles mesures. « Normalement, mes canards devraient bénéficier de parcours en plein air, sur les 5 hectares prévus, sauf qu’aujourd’hui, on me demande la mise à l’abri de mes animaux, pour éviter toute risque de contamination« . Sainte-Foy-de-Longas fait partie des 37 communes de Dordogne concernées par les nouvelles mesures de prévention, car elle est classée en zone humide, par le jeu des découpages territoriaux. Ce qui agace considérablement, Frédéric Dupont, le père de Marie et associé du Gaec. La commune est considérée comme  lieu de passage pour les oiseaux migrateurs.

Des incidences économiques 

Pour limiter le risque d’influenza aviaire, Marie Bouyssou a dû prendre des mesures en investissant dans des filets de protection, pour empêcher les oiseaux migrateurs d’approcher des canards. Et au lieu de bénéficier de vastes parcours de plein air, les canards sont cantonnés à quelques centaines de mètres carrés à l’extérieur. « Ces animaux ne sont pas faits pour vivre enfermés, je redoute une perte de qualité sur ma production malgré l’accompagnement technique de ma coopérative », précise la jeune agricultrice qui a choisi le canard, plus rémunérateur. Elle n’a pas voulu suivre la voie de ses parents qui sont éleveurs laitiers avec des rémunérations catastrophiques.

Lorsqu’elle a monté son dossier d’installation, la jeune femme tablait sur une production de 30 000 canards par an, en trois bandes. « Aujourd’hui, on est loin du compte, intervient son père Frédéric Dupont, sur la bande en cours de production, on est descendu à 8500 animaux. La prochaine bande sera en claustration, et on va diminuer le nombre d’animaux à 6000. Il est impossible d’élever davantage d’animaux à l’intérieur du bâtiment, car on est limité à six canards au mètre carré », indique Frédéric Dupont, visiblement inquiet. Ces mesures ont un coût : il a fallu investir dans un sas avant d’entrer dans le bâtiment, acquérir le filet de protection qui représente à lui seul 3000 euros. Marie ajoute : « à la fois pour les vaches et les volailles, nous achetons notre paille à l’extérieur, cela a un coût supplémentaire, car les volailles dans le bâtiment produisent beaucoup plus de déjections et il nous faut plus paille dont le coût a augmenté. Nous sommes à une ou deux bottes de 500 kilos. Et il y a les incidences sur le temps de travail.  » Le temps de main d’oeuvre explose. La jeune femme a de réelles craintes pour ses résultats économiques, qui seront en dessous de son prévisionnel.

Le dialogue entre le préfet de la Dordogne et les éleveurs ont été constructifs. Frédéric Périssat a insisté sur le fait « qu’il fallait trouver l’équilibre entre une activité rémunératrice et les contraintes sanitaires, qui doivent se conduire sans trop de difficulté. Si nous n’obtenons pas un niveau de sécurité suffisante, c’est toute la filière avicole qui peut être mise par terre. » Il veut éviter à tout prix les abattages massifs. Il a aussi indiqué que des aides pour financer ces contraintes étaient mises en place et que les services de l’Etat étaient là pour les accompagner. En Dordogne, la filière avicole représente 10% de l’activité agricole du département et fait vivre un millier d’exploitations. 



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