Surconsommation et maximalisme, le retour du pop art ?


Se sentir dépassé par une surexposition aux objets, l’impression d’avoir le cerveau saturé par ces présences constantes, Valérie Belin s’interroge, explore le monde contemporain. Cette exploration est exposée au MusBA jusqu'au 28 octobre.

Maelle Mallet-Hardy | Aqui

Série "Painted Ladies", 2017

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 29/04/2024 PAR Maelle Mallet-Hardy

Ce sont 116 œuvres qui sont exposées dans la galerie du Musée et 11 œuvres présentées en correspondance avec des tableaux du Musée. Une grande première pour Valérie Belin qui, après être passée par les plus grands musées du monde, s’arrête quelques mois à Bordeaux. Intitulée « Les visions silencieuses », les œuvres présentées font pourtant beaucoup de bruit.

Reparties sur trois étages, c’est une trentaine de séries et en tout 116 œuvres, produites des années 90 à 2023 qui sont présentées à la Galerie du Musée des Beaux-Arts de Bordeaux. Déjà connue et reconnue pour son travail, l’artiste Valérie Belin est spécialiste de la photographie plasticienne. Malgré le cadre de rétrospective, Sophie Barthélémy, directrice du musée, estime que le but premier est de « montrer les œuvres qu’elle considère comme les plus emblématiques de sa carrière. »

L’ensemble de mon travail parle de cet envahissement d’objets 

Dans cette nouvelle exposition elle présente, entre beaucoup d’autres, sa dernière série, intitulé « Lady Stardust », réalisée en 2023. Pour l’artiste, cette série représente la « métaphore d’une femme qui atterrit sur la Terre sans savoir où elle est. C’est un mélange entre un monde urbain et chaotique. Il y a une notion de contraste entre un monde où il n’y a plus rien d’organique et un corps humain. » Pour elle, tous ses travaux ont un certain lien entre eux, notamment la présence des objets parfois envahissante dans quelques unes de ses œuvres.  « L’ensemble de mon travail parle de cet envahissement des objets. »

Série « Lady Stardust », 2023

L’appétence de l’artiste pour les portraits féminins se dessine au rez-de-chaussée. Lors de la réalisation de ces œuvres, Valérie Belin avoue qu’elle a l’habitude de « tirer les modèles à quatre épingles, afin qu’elles correspondent aux stéréotypes de beauté, elles ne sont rien de plus que des modèles. C’est lors de la postproduction que je redonne vie aux femmes à qui j’ai quelques peu enlevé la vie, grâce aux couleurs travaillées, au collage, au rajout de pièces et d’éléments. »

C’est lors de la montée des escaliers que la compréhension devient plus complexe. Le passage de portraits de femmes, entourées d’objets, de couleurs, d’images et collages à des images de miroirs, de portraits sur fond blanc ou encore de voiture accidentée, peut être perturbant. C’est à cet étage que l’artiste se dévoile, qu’elle expose l’étendu et la polyvalence de son travail. Valérie Belin montre alors un tout nouvel intérêt, et une toute nouvelle manière de faire. C’est ici qu’elle se concentre sur les aspects simples des modèles qu’elle a pu rencontrer. Elle le dit elle-même « Pour moi, le plus important est d’être au plus près de la vérité de mes modèles. » L’artiste n’hésite pas à toucher à tous les aspects qui l’intéressent, l’intriguent, la polyvalence de son travail représente la polyvalence de son esprit.

Série « Bodybuilders », 1999

Valérie Belin avoue que, pendant longtemps, elle n’a photographié que des objets, souhaitant rester loin de la représentation humaine, mal à l’aise avec cette idée. Elle se concentrait alors sur des objets dont la matière l’intéressait, dont l’esthétique l’attirait. La transition entre le monde des objets, des non vivants et le monde humain s’est fait lors de sa série sur les bodybuilders. Elle explique que, pour elle, ces personnes avaient « la même lumière qu’il y a sur des objets, mais sur des corps. La brillance de leur corps ressemblait à un métal. »

L’envie de ressembler à quelqu’un qui ne ressemble pas à lui-même

L’artiste a d’ailleurs développé un lien avec le mimétisme, elle s’est longtemps intéressée à l’envie de devenir quelqu’un d’autre. « On est dans une société très mimétique où on veut ressembler à l’autre, à force d’agir comme ça, on se perd, et c’est là que ça devient dangereux. »

Au sous-sol, bien loin des représentations humaines, des portraits ou des clichés d’objets uniques, l’artiste expose ses natures mortes. Entre abondance de plastique, paniers de fruits ou encore intérieurs d’habitations, Valérie Belin a voulu jouer avec les couleurs, même avec les natures mortes. Mais son but principal était de montrer un aspect de cerveau saturé, rempli de plastique, de tous les objets qui sont constamment présents, étouffants. « Dans notre société, il y a une profusion d’objets qui n’ont pas de sens, qui ne servent à rien, mais qui sont tout de même partout. »

Donner vie aux objets inanimés

Si elle devait décrire son travail, Valérie Belin dirait qu’elle a essayé de « Donner vie aux objets inanimés, et de représenter les Hommes comme des objets. » D’après elle, « c’est un travail immédiat, il n’y a besoin d’aucune connaissance pour le voir, mais il faut du temps pour le comprendre et s’intéresser à toutes les couches de l’image. »


Photographie plasticienne ?

La photographie plasticienne est un genre d’art qui ne se définit pas lui-même comme étant un genre. Son but principal est de décrire le réel de manière complètement subjective, montrer le réel collectif à travers des yeux remplis de point de vue, d’avis, de subjectivité personnelle.

Infos pratiques !

Galerie des Beaux-Arts (exposition) : Place du colonel Raynal
Musée des Beaux-Arts (œuvres en correspondance): 20 cours d’Albret, 33 000 Bordeaux

Arrêt de tram : Palais de Justice / Hôtel de ville – ligne A ou B

Tarif :
Étudiants : 2€, gratuit pour les étudiants de l’école supérieure des Beaux Arts de Bordeaux.
Adultes : 6€ collection permanente, 8€ collection permanente + exposition temporaire Valérie Belin
Gratuit avec la carte jeune Bordeaux Métropole

L’entrée au musée est gratuite pour les groupes constitués de personnes en situation de handicap et leurs accompagnateurs.

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