Jurançon : l’année que les vignerons n’oublieront pas


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Jurançon : l’année que les vignerons n’oublieront pas

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 18/11/2013 PAR La rédaction

Ce vigneron de 27ans  reprendra en janvier l’exploitation conduite par son père, Christian. Mais, comme ce dernier,  il n’oubliera pas de sitôt l’année 2013. Car les 8 hectares de petit manseng et les 3 hectares de gros manseng qui leur permettent de produire d’excellents vins secs et moelleux sur le domaine Castera, à Monein, n’ont pas été épargnés par le ciel.

« La pluie est tombée pendant six mois, jusqu’en juin. On a quand même eu de la chance qu’il fasse froid. Cela a limité la maladie : le mildiou qui apprécie l’humidité et la chaleur, l’oïdium qui aime les gros écarts de température entre la nuit et le jour… S’il avait fait 20 degrés, on n’aurait pas récolté grand-chose. »

La fleur n’en a pas moins « coulé » (c’est-à-dire qu’elle ne s’est pas faite) dans les parcelles les plus précoces, avant que deux mois de sécheresse estivale rendent la terre « dure comme du béton ». Ce qui a amplifié le phénomène, tout en provoquant du millerandage : une inégalité de développement du raisin. Peau du raisin plus épaisse, nombreux pépins… « La vigne, dont la fonction essentielle est de se reproduire, s’est protégée. » Résultat : le rendement a été diminué de moitié. Alors que la quantité de travail fournie sur les parcelles a été celle d’une année normale. La gestion des jus s’avérant plus difficile à assurer dans la foulée. « Car nous avons des contenants adaptés à une récolte classique »

« Un fort potentiel »Le cas n’est pas unique.  « De ce que j’entends, c’est aussi ce que connaissent beaucoup de collègues » dit Franck Lihour, avant d’évoquer les difficultés, parfois plus importantes, survenues dans d’autres vignobles. « Toute l’Aquitaine est touchée. »

« Ici,  on est dans une région de polyculture. Mon grand-père disait que l’on peut toujours se rattraper sur autre chose. Mais le maïs a lui aussi souffert. » Membre de l’association des vignerons indépendants du jurançon (La Route des vins), le jeune Moneinchon  envisage toutefois  l’avenir avec optimisme. « Nous sommes dans une appellation où l’on peut gagner sa vie. Le Jurançon est doté d’un fort potentiel, avec une typicité hors normes. Le courbu (NDLR : le domaine Castera va en mettre 80 ares en production l’année prochaine), et le manseng sont des cépages que l’on trouve peu en France. »

Sur un terroir soucieux de mettre l’accent sur la qualité, et dans lequel les jeunes sont nombreux à s’installer, du  chemin reste également à faire, estime-t-on chez les Lihour. Heureux de voir une nouvelle génération prendre le relais. « Cela crée une ambiance particulière. On parle le même langage.»

Une question de sucreL’enthousiasme n’empêche pas la réflexion. Le décret définissant les critères de l’appellation impose en effet aux vins secs d’avoir moins de quatre grammes de sucre résiduel par litre, et plus de 40 grammes pour les moelleux. Une piste peut-elle également être suivie entre ces deux extrêmes, sans sortir pour autant de l’appellation ? La question est soulevée par le jeune vigneron, qui rappelle par exemple que de grands vins allemands sont « sectorisés » en fonction de leur taux de sucre.

« Quand tout va bien, ce n’est pas trop important. Mais dans les années difficiles, cela pourrait être intéressant. L’idée trotte dans la tête de quelques personnes. Lorsque l’on fermente, que l’on voit un sec à 10 grammes, et que l’on se dit que ce n’est pas mal… Il y a un juste milieu à trouver, bien sûr. Mais c’est à réfléchir. Et on ne va pas pour autant dénigrer le cahier des charges. Il y a vingt ans, s’il n’avait pas été là, il n’y aurait plus d’appellations. »

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