Un rosé sans alcool, un blanc de noir, ou un crémant rosé, qui aurait pu parier sur ces vins comme la sélection de l’été en Nouvelle-Aquitaine il y a encore quelques années ? La crise traversée par le monde viticole a encouragé une diversification inédite de l’offre, à l’écoute des envies des consommateurs et surtout des nouveaux consommateurs. Il devient également d’actualité de soutenir les viticulteurs qui pratiquent une agriculture paysanne au risque de voir les campagnes d’arrachage réduire considérablement l’offre de vins abordables. Les vins de l’été peuvent-ils donc être à la fois éthiques, accessibles, innovants, et adaptés au marché ?
Le rosé a en particulier été longtemps un vin étranger à la région : ici prévalait historiquement le clairet, un rosé plus sombre et plus tanique que les rosés de Provence beaucoup plus clairs qui ont bénéficié d’une consommation croissante en plein territoire bordelais. En quelques années, les producteurs locaux se sont adaptés, créant des rosés plus légers, correspondant aux habitudes de consommation estivales. Si le clairet a su ensuite séduire progressivement les plus connaisseurs, cette tendance du rosé a introduit une nouvelle production en région.
Des vins accessibles adaptés aux nouveaux modes de consommation
La cave coopérative de Sauveterre, rebaptisée Bordeaux Families, réunit 300 vignerons locaux au cœur de la Gironde. Pas besoin d’appellation prestigieuse, ici l’idée est de faire des vins adaptés aux nouveaux modes de consommation, accessibles, et qui permettent de rémunérer justement les viticulteurs. Et parmi leur gamme de vins 2024 pour la saison estivale, se distinguent particulièrement un rosé sans alcool et un crémant rosé.
Un rosé sans alcool
C’est grâce à une technologie d’évaporation sous vide d’un rosé alcoolisé classique que l’on obtient le Sauv’terre sans alcool. Un processus à faible température, qui permet de préserver des arômes de fruits, et l’acidité du vin d’origine, sans surcoût excessif, permettant un prix public autour de 8 euros.
Crémant de Bordeaux Rosé Louis Vallon
Le crémant de Bordeaux, dont la consommation avait baissé considérablement sur les dernières décennies, a vu ses ventes à nouveaux augmenter avec un retour en grâce de l’ensemble des crémants français. La version rosé de Louis Vallon, vendue autour de 10 euros, fait l’objet de vendanges manuelles de cépages principalement merlot et d’un élevage de 12 mois.
Un blanc issu de merlot noir
Les vins blancs deviennent également progressivement des vins d’été, souvent servis très frais, et là aussi le vignoble régional tente des approches originales. Pour un prix public de 12 euros, le blanc de noir nommé Blanc de Nuit de Château Larteau s’inspire de ce qui se fait en Champagne pour proposer un vin sans bulles mais extrêmement clair et pourtant fait avec du merlot noir, vendangé de nuit pour lui conserver sa fraicheur, et vinifié en partie en barriques.
Un blanc en biodynamie et en Bag-in-Box
La Collection Verre après Verre propose de son côté le Domaine Grand Bertaud, un blanc en biodynamie, cette méthode de culture qui s’aligne sur le respect de l’environnement et les équilibres naturels. Assemblage de sauvignons blancs et gris, ce vin de petit producteur à Saint-Christoly de Blaye mise sur des arômes de citron et de pamplemousse. Il est présenté en Bag in Box, une manière d’encourager une consommation modérée avec ce packaging qui permet au vin de se consommer en petite quantité tout au long de l’été sans être altéré, et une consommation abordable avec un prix public de 17 euros pour l’équivalent de 4 bouteilles.
Reste une inconnue pour la profession : la météo qui se prête actuellement plus à la garbure qu’au rosé piscine et qui continue à inquiéter pour le millésime 2024.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.