Actualité du Roman noir : Stella et l’Amérique


Les éditions girondines Finitude ont bien raison de mettre en avant Joseph Incardona dont les romans noirs jouent sur toute la gamme des narrations possibles, du dérisoire au tragique. Son dernier livre en est encore une fois une illustration réussie

Couverture du livre Stella et l'AmériqueEdition

Joseph Incardona : Stella et l’Amérique –Éditions Finitude- 214 pages-Janvier 2024-21€

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 08/02/2024 PAR Bernard Daguerre

Voici Stella, une jeune prostituée de 19 ans qui réalise des prodiges : ses clients guérissent de leurs maux les plus variés, du psoriasis à l’emphysème. Elle est en train d’acquérir une réputation d’enfer. De bien malheureux pêcheurs seraient prêts à jurer qu’ils ont croisé une sainte. Mais la hiérarchie catholique s’inquiète de cette faiseuse de miracles non conforme.

Lors d’un conclave secret où la langue officielle est le latin, les plus hautes autorités religieuses décident de faire coup double : assassiner la pècheresse et transformer sa disparition en martyre moderne. Deux redoutables tueurs missionnés par un cardinal américain (« je la veux sainte et martyre » dit-il cette « … sainte martyre des putains ») sèment la terreur dans l’état profond de Géorgie. Stella part alors en en cavale flanquée de deux défenseurs : le père Brown, prêtre de base et ancien militaire de choc au Vietnam et Luis Molina, un journaliste d’origine hondurienne qui tient là son sujet pour le prix Pulitzer du journalisme.

Le mélodramatique se mesure à l’humour

Stella est au fond le croisement réussi de deux mythes, celui de la moderne et humble « petite fiancée de l’Amérique » promise aux plus hautes destinées et de l’incarnation de la pécheresse Marie-Madeleine de l’Évangile chrétien.

Tout au long du récit, le dramatique, voire le mélodramatique se mesurent à l’humour, comme pour en tester la cohérence littéraire. Connaissant à fond le bréviaire étatsunien du roman et du cinéma noirs (qu’on se rappelle l’hilarant et parodique Betty, récemment réédité chez Finitude), Incardona tord avec délice les clichés qu’il se plaît à ramasser malignement à la pelle. Et dans le même temps, il n’hésite pas à se manifester en personne dans le texte comme pour preuve de sa sincérité d’auteur. Comme pour rappeler sa déception face à l’effondrement des grands récits romanesques de notre imaginaire de ce pays.

Un joli roman vibrant d’amour, du fracas désormais trop lointain des souvenirs heureux, et d’une ironie décalée et bienvenue dans le maniement des ressorts fondamentaux de toute bonne littérature.

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Joseph Incardona : Stella et l’AmériqueÉditions Finitude– 214 pages-Janvier 2024-21€

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