Rochefort : le dernier pont transbordeur de France fait sa mue


Anne-Lise Durif

Rochefort : le dernier pont transbordeur de France fait sa mue

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 15/07/2018 PAR Anne-Lise Durif

Erigé pour 585 500 anciens francs, le pont avait été conçu pour permettre aux Charentais-Maritime de traverser la Charente sans passer par le système de bac initial, devenu insuffisant. A l’époque, l’ouvrage est prévu pour supporter 14 tonnes, soit « 9 voitures à cheval à 2 attelages et 50 piétons ou bien 200 piétons seul ». Une capacité qui deviendra rapidement insuffisante avec la démocratisation de l’automobile. Le tablier, c’est-à-dire la poutre permettant le transbordement du chariot entre les deux pilonnes, devient en à peine trois décennies beaucoup trop léger pour supporter le poids et la fréquence du trafic. Elle est donc remplacée dans les années 1930 par une poutre pleine pour atteindre une capacité de transport de 16 tonnes.

Des modifications de ce genre, le pont transbordeur en subira bien d’autres au fil du temps toujours dans un but de consolidation et de renforcement de sa structure. En 1967, le pont routier du Martrou, desservant aujourd’hui Rochefort, est construit à 600 mètres de lui. Une concurrence visiblement fatale pour le pont transbordeur, car son fonctionnement est jugé obsolète et trop onéreux : sa destruction est décidée en 1975 pour la bagatelle de 1,4 millions d’anciens francs. Une forte mobilisation populaire et un classement au Monuments Historiques lui épargneront finalement la casse. Un coup de chance pour le territoire, car le pont transbordeur est aujourd’hui un site patrimoniale emblématique de la ville de Rochefort, au même titre que la copie de la frégate de La Fayette, L’Hermione.

Le pont est finalement réhabilité à deux reprises en 1980 et en 1994 pour 7 millions de francs, en vue d’accueillir un passage essentiellement touristique. Le pont continuera de fonctionner en parallèle du pont routier jusqu’en 2015,  en accueillant piétons et cyclistes, avec une fréquentation d’un peu plus de 59 000 passagers certaines années (55 049 passagers en 2015).

Aller au-delà des simples réparations

Le nouveau tablier d'un peu plus de 170 m de long sera monté ici à 50 m de haut à partir de septembre

Entretenu régulièrement par son exploitant la Communauté d’agglomération Rochefort Océan (CARO) pour le compte de l’Etat (son propriétaire), le pont finit tout de même par montrer des signes de vieillesse. « Au bout d’un moment l’entretien commun et la simple maintenance ne suffisent plus », explique l’architecte en chef des Monuments historiques Philippe Villeneuve, qui veut aller au-delà d’une simple consolidation. « Au fil du temps, l’image du pont a été considérablement modifié dans des petits détails. J’ai pensé qu’il fallait revenir à son aspect d’antan, en revenant notamment au tablier initial avec une partie articulée telle que Arnodin l’avait conçu en 1900 », poursuit l’architecte, qui a travaillé avec la CARO et la société Oppic, maître d’ouvrage du chantier.

Un chantier achevé en 2019

Décapées par la technique du sablage, les poutres en métal sont prêtes à recevoir la nouvelle peinture noire

Le fameux tablier est démantelé module par module en 2017. La descente du dernier module en juillet fait d’ailleurs l’objet d’un évènement public (photo), qui attire plusieurs centaines de curieux. Depuis, un nouveau tablier a été livré. Cette copie de celui de 1900 est actuellement visible le long de la Charente, posé sur la rive d’Echillais à quelques centaines de mètres du transbordeur.

Pour lui redonner son visage d’autrefois, le pont va également être repeint dans sa couleur initiale. Il avait été autrefois enduit d’une peinture noire au goudron, traditionnellement utilisée pour les bateaux. Les ouvriers vont utiliser une autre peinture synthétique, plus adaptée à notre époque, moins épaisse et plus résistante dans le temps, pour un rendu visuel similaire. Cette opération interviendra après les travaux de désamiantage réalisé cet hiver et en cours de finition, de sablage (pour enlever les résidus de peinture) et de rivetage, en cours. Toutes ces opérations devraient être terminées avant septembre pour pouvoir monter le nouveau tablier. Rendez-vous le 15 septembre à 14h30 sur les rives de la Charente pour assister au début des opérations. Objectif : remettre en fonctionnement le transbordeur pour l’été 2019.

22 000 rivets doivent être posés sur les poutrelles du pont, nécessitant le travail de trois personnes en même temps pour chaque rivet

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