Grippe aviaire : « Une catastrophe pour les petits producteurs qui vendent en direct »


Claude Hélène Yvard

Grippe aviaire : "Une catastrophe pour les petits producteurs qui vendent en direct"

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 16/01/2016 PAR Claude-Hélène Yvard

Comme tous les samedis matin, Quentin Marty, de la ferme de Fazillac, est sur le marché de Périgueux à vendre ses confits de canards, ses magrets, ses carcasses, ses foies gras. Les fêtes de fin d’année se sont plutôt bien passées. Malgré l’apparition du premier cas d’influenza aviaire, le 27 novembre dernier en Dordogne et les 68 autres cas apparus depuis, les ventes ont été conformes aux années précédentes.  Il a conservé la confiance de ses clients. Mais depuis jeudi soir, date où ont été annoncées les mesures gouvernementales pour éradiquer le virus, le jeune éleveur âgé de 35 ans est inquiet.  Son téléphone n’arrête pas de sonner. Au bout du fil, des collègues, des responsables professionnels  et syndicats qui s’interrogent. Sur le marché de Périgueux, certains  confrères ne sont pas venus.
« Sur notre ferme, nous sommes deux exploitants, mon épouse  et moi avec un enfant en bas âge à élever. Nous produisons 3500 canards par an, que nous tranformons. Toute notre production est commercialisée en direct. La mise aux normes de normes parcs a été réalisée, nous avons investi  récemment dans un nouvel atelier avec l’objectif de produire un peu plus mais surtout de gagner en régularité. Nous sommes en plein remboursement d’emprunts. L’avenir, il est sombre. Le gouvernement nous demande d’arrêter  concrètement de produire pendant quatre mois. Peux t-on imaginer pendant cette période, rentrer zéro revenu et continuer à honorer nos emprunts et faire vivre une famille. » 

Un gel de production se plusieurs semainesPour endiguer l’épizootie d’influenza aviaire, les éleveurs de canards et d’oies de 18 départements du Sud Ouest vont devoir geler leur production pendant plusieurs semaines. Concrètement, les canards et oies qui se trouvent déjà dans les élevages pourront normalement être engraissés, gavés et abattus. Ce processus prend entre 12 et 16 semaines.
A partir de lundi, l’interdiction temporaire d’installer des nouveaux canetons et oisons entrent en vigueur. A la mi-avril, la quasi totalité des élevages d’oies et de canards sur la zone concernée (celle- ci reste encore à définir) devraient être vides. Ce gel de la production devrait permettre, selon le ministère de l’Agriculture, « la mise en place de nettoyages, désinfections et vides sanitaires afin d’éradiquer le virus.

Mesures exagérées Pour Quentin Marty, ces mesures sont inappropriées et exagérées. « Pour nous cela signifie un trimestre sans revenu au minimum. Cela tombe en période estivale. Chaque année, nous faisons les marchés de nuit, avec nos produits à base de canards. Commercialement, l’été est quasi aussi important pour nous que les fêtes de fin d’année. Qu’allons nous proposer aux touristes qui visitent notre département ? Pour les petits producteurs de canards qui vendent en direct, c’est une catastrophe humaine et économique. Et je ne suis pas certain qu’on  ne reparle pas de la grippe aviaire dans un an. Autre point qui me surprend, les élevages de poulets, poules ou pintades ne sont pas concernés par les mesures. »
Quentin Marty, syndiqué au JA de la Dordogne,  est surpris de la position de la FNSEA qui a défendu les mesures annoncées jeudi en disant que  » c’était un moindre mal » face à la menace de l’abattage massif. « Les gros producteurs et les industriels vont écouler les stocks et vont passer ce cap  difficile avec les indemnisations. Mais pour les petits producteurs, certains risquent de ne pas s’en relever, en particulier les jeunes en période d’investissements et de remboursements d’emprunts. Comment allons nous être indemnisés, sur quelles bases ? »  En Dordogne, une réunion pour évoquer les conséquences économiques sur la filière devrait se tenir mercredi en préfecture avec les représentants des services de l’Etat, les professionnels de la filière, la chambre d’agriculture, les syndicats agricoles. 

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