Château de Rousse : patient comme un jurançon


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Château de Rousse : patient comme un jurançon

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 30/03/2017 PAR Jean-Jacques Nicomette

Le domaine qu’ils exploitent a la mémoire longue. Propriété de la famille d’Espalungue, barons d’Arros, il voyait déjà pousser la vigne au XVIe siècle, à une époque où il était de bon ton que les notables produisent leur propre vin. Avec son toit pentu et son évier  taillé dans la pierre, une maison de métayer multi-centenaire témoigne encore sur place de ce passé gouleyant. Tandis que quelques érudits vous expliquent que l’on trouvait également ici un relais de chasse fréquenté par Henri IV, ce roi bon vivant et fripon que les Béarnais appellent familièrement « nouste Henric ».

Changeant de mains au fil du temps, le  site a attendu quelques siècles pour voir la famille d’Olivier et Marc Labat prendre possession des lieux. Tout remonte à leur arrière-grand-père, Jean Lahondette.

L’argent de la Californie

Fuyant la misère qui tenaillait le Béarn, celui-ci avait émigré jusqu’en Californie où il s’était lancé dans l’hôtellerie. Bien lui en a pris. L’argent gagné au pays des pionniers, des marins et des chercheurs d’or lui a permis de revenir chez lui pour acheter des terres et travailler la vigne. Comme ses descendants l’ont fait après lui.

Le Château de Rousse où poussaient aussi des arbres fruitiers – pommiers, cerisiers, brugnoniers qui alimentaient les halles de Pau – a fini par se consacrer entièrement au raisin. Replantées en grande partie dans les années 80, à une époque où la profession s’est reprise en main et modernisée sous la houlette de la chambre d’agriculture et de jeunes paysans dynamiques, ses vignes ont accompagné le renouveau du jurançon, explique Olivier Labat. Ce qui les a aussi amenées à être parmi les premières à adopter la culture en terrasses, sur des pentes prononcées.

Bien protégée des vents d’ouest, l’une de leurs parcelles en fer à cheval, illustre cette pratique tout en permettant aux grappes de bénéficier de la chaleur,  comme le ferait un four solaire naturel. « C’est bon pour le degré, le flétrissement et la maturité du raisin ».

Des arômes de mangue, d’ananas, d’épices et d’abricot

 Une parcelle en terrasses et en fer à cheval. Pour profiter au mieux du soleil

Aujourd’hui, les 10 hectares du domaine, qui fait partie de la Route des vins du jurançon, accueillent les cépages petit et gros manseng, ainsi que du courbu. Ce dernier vient ajouter une note épicée et d’abricot sec aux arômes de fruits exotiques, mangue et ananas, qui caractérisent ses voisins.

Outre un jurançon sec, le Château de Rousse produit chaque année un moelleux baptisé « Quatuor » dans lequel gros et petit manseng se marient au gros et petit courbu.

 Ajoutez à cela le jurançon de type vendanges tardives que propose la cuvée « Séduction ». Mais aussi, tous les 5 à 6 ans, une très spécifique cuvée « Prestige » composée à parts égales de petit manseng et de courbu. Les raisins dont elle est issue sont récoltés entre la fin novembre et le début décembre,  « lorsque toutes les conditions sont réunies pour donner un jus très concentré qui débouchera sur un vin exceptionnel », explique Olivier Labat.

« Un vin vieilli dans des conditions optimales »

Pratiquant la vendange par tries successives, pour les moelleux plusieurs semaines  après que le ban ait été déclaré, celui-ci a en effet à cœur de laisser le raisin profiter au maximum de son évolution. Cela, afin de permettre à sa complexité aromatique de s’exprimer le plus possible.

Ce principe n’est pas exempt de risques, reconnait-il. Mais il porte ses fruits. « On se fie à notre instinct. En 2016, on a par exemple laissé passer presque une semaine de pluie, puis attendu quinze jours que le raisin se dessèche, en allant quotidiennement vérifier son comportement sur le terrain. D’un seul coup, du jour au lendemain, on l’a vu qui prenait 2 ou 3 degrés. C’était gagné ».

Une même patience prévaut pour la vinification. Les moelleux fermentés en barrique sont élevés pendant 6 à 12 mois . Ils reviennent ensuite en cuve pour une même période afin de parfaire le vieillissement. Le vin étant sur dépôt de lies fines. La mise en bouteilles intervient toujours entre 14 et 20 mois.  » L’objectif est de proposer au client un produit ayant vieilli dans des conditions optimales « .

Le rouge, d’ici quelques années

Près de 40 000 bouteilles sont produites chaque année sur la propriété avant d’être envoyées en grande partie à des cavistes, restaurateurs et épiceries fines. Ce qui représente jusqu’à 300 points de vente situés dans l’hexagone. Seule 10% de la production part à l’étranger. Que ce soit en Europe, aux Etats-Unis, au Québec, en Afrique centrale et, pour quelques caisses, en Chine.

Dans quelques années, un vin rouge produit sur une trentaine d’ares à base de cépages tannat et bouchy devrait s’y ajouter. « Mon père en faisait. Il avait arrêté. Ce sera un vin de pays des Pyrénées-Atlantiques » explique Olivier Labat, soucieux, là encore, de renouer avec une tradition familiale. Sourire du vigneron : « L’autre raison, c’est la curiosité ».

Pour en savoir plus : http://www.vins-jurancon.fr/producteurs.php?prodid=74

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