Une exposition consacrée à Gaston Chaissac


Jusqu'au 6 novembre, les visiteurs du château de Biron, au sud de la Dordogne, peuvent découvrir l'exposition "Enfance de l’art, Gaston Chaissac et la modernité".

Lors du vernissage de l'exposition consacrée à Gaston ChaissacCD24

Lors du vernissage de l'exposition consacrée à Gaston Chaissac

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 05/08/2022 PAR Claude-Hélène Yvard

Gaston Chaissac est reconnu comme un artiste majeur du XXe siècle. Autodidacte, son œuvre est remarquée par les créateurs d’avant-garde du mouvement cubiste. Son corpus de dessins, partie importante de son œuvre, est foisonnant et d’une grande vivacité. Gaston Chaissac séjourne au sanatorium de Clairvivre, au nord de la Dordogne, entre 1939 et 1942, période d’intense création, mais aussi d’interrogations révélées par sa correspondance. L’exposition au Château de Biron réunit une quarantaine de dessins originaux inédits de cette période, auxquels s’ajoutent des peintures grand format de l’artiste.

Le château de Biron, au sud de la Dordogne et propriété du Département, accueille régulièrement des expositions d’artistes contemporains, du XIX et du XXe siècle. Jusqu’au 6 novembre, le public peut y découvrir l’oeuvre de Gaston Chaissac (1910 – 1964). L’artiste d’origine modeste et de santé fragile, a passé plus de trois ans à la cité sanitaire de Clairvivre entre 1939 et 1942. Il y trouva calme et relative sérénité et commença à y créer ses œuvres.

Dessins, peintures grand format, son et lumière


L’exposition réunit une quarantaine de dessins originaux inédits de cette période, auxquels s’ajoutent des peintures en grand format de l’artiste. L’entourage et le contexte artistique sont évoqués par les œuvres de créateurs avec qui Chaissac a entretenu très tôt des relations amicales et épistolaires Otto Freundlich, Albert Gleizes et Jean Dubuffet. Deux génies du cubisme, Pablo Picasso et Georges Braque, que Chaissac admirait beaucoup, seront présents à travers des œuvres prêtées par la fondation Maeght et le musée Picasso d’Antibes. Une présentation d’œuvres d’art brut, auxquelles Chaissac s’apparente, provenant du LaM de Villeneuve d’Ascq, insiste sur la modernité et l’acuité d’artistes longtemps mis en marge du monde savant de l’art.

Nouveauté cette année, un film inédit sur Gaston Chaissac est projeté au premier étage de la grande salle des maréchaux du château. Pendant toute la durée de l’exposition, un spectacle son-et-lumière intitulé « Gaston Chaissac en lumière », réalisé pour l’évènement, permet de s’immerger dans l’univers généreux et inventif de ce poète de la couleur et de la ligne.

Artiste sans compromis

L’œuvre de Gaston Chaissac se construit hors de tout apprentissage scolaire, de tout mimétisme académique. Il fait son éducation par la fréquentation des artistes qui lui sont proches et de leur travail, ses lectures, et la proximité d’œuvres qu’il ne découvre souvent qu’en reproductions. À ses débuts, en témoignent des lettres à ses mentors Otto Freundlich et Albert Gleizes, il exprime sa crainte que le manque de ce qu’il nomme « attache terrestre » ne rende ses créations incompréhensibles et hermétiques, et, partant, invendables. Comme beaucoup de ses prédécesseurs, « artistes maudits » de leur vivant, sa singularité, son indépendance d’esprit et le mépris de la notoriété l’ont détourné de tout compromis.

La figure humaine tient une grande place dans l’activité créatrice de Gaston Chaissac, dessins, peintures, totems, objets « ready-made » dont il utilise la surface rugueuse, cabossée, ou échevelée, et qu’il retouche opportunément (pierres, souches, couvercles de bassines martelées, balais, coquilles d’huîtres…). Il a produit plusieurs milliers de dessins pendant son séjour à la Cité sanitaire de Clairvivre. Le dessin est, dans son corpus de création, une œuvre essentielle. C’est l’activité principale de son existence d’artiste.

Encre de chine, motifs, visages, psyché

Le choix des œuvres présentées dans la section de l’exposition consacrée à cette période correspond, sauf exception, aux années 1939 à 1942. On y trouve une grande partie du vocabulaire de l’artiste. Avec la technique de l’encre de Chine sur papier apparaît une dimension graphique où se conjuguent virtuosité et spontanéité. La répétition de petits motifs, cellules, grilles, écailles, laisse s’éclore d’étranges figures

L’apparition du regard, par la présence d’un œil, puis de têtes humaines ou animales, est cruciale dans les dessins. C’est un élément qui éloigne l’œuvre de l’abstraction pure. Le visage, la psyché, va de plus en plus se glisser et faire irruption dans un système graphique répétitif. On va de plus en plus distinguer l’être, l’« âme au corps », dans les portraits en buste.

Dans les gouaches, l’artiste s’affirme comme un grand coloriste, en utilisant le cerne noir pour figurer les contours des personnages, et les motifs graphiques comme complément à la polychromie et à la construction de l’espace. Certaines ont comme point commun la figuration d’un monde, le sens du réel. Chaissac s’y révèle admiratif d’Henri Matisse, de nombreux écrits témoignent par ailleurs de cette référence.

Chaissac aborde souvent la question de la taille de ses œuvres, et se voit plus à l’aise dans les petits formats, qui conviennent mieux à sa façon de travailler prestement, d’un seul trait. Chez lui en Vendée, il peint pourtant sur les murs des maisons, sur des portes. La peinture à l’huile est rare dans son travail, car il estime qu’elle nuit à sa spontanéité, et il peut rarement s’en procurer, pour des raisons économiques. Les tableaux de l’exposition montrent des sujets figuratifs et une maîtrise des contrastes de couleur, des motifs cloisonnés.

Infos pratiques !

05 53 63 13 39 – www.semitour.com. Horaires d’ouverture jusqu’au 26 août : de 10h à 19h ; du 27 août au 6 novembre : 10h à 13h et 14h à 18h Tarif (entrée de l’exposition comprise dans le billet d’entrée du château) 3 ans et + : 9,50 € (achat sur place) / 9 € (achat en ligne); 5 à 12 ans : 6,30 € (achat sur place) / 6€ achat en ligne; – de 5 ans : gratuité.

Ça vous intéresse ?
Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Dordogne
À lire ! CULTURE > Nos derniers articles