Un incubateur d’agriculteurs sur l’île d’Oleron


Sur l'île d'Oléron, les collectivités ont mis en place un espace test agricole de 7000 m2 où un couple vient de s'installer pour deux ans

Les serres de Daniel et RozennAnne-Lise Durif | Aqui

Les serres de Daniel et Rozenn

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 20/07/2021 PAR Anne-Lise Durif

Sur l’île d’Oléron, la communauté de communes et la municipalité de Dolus ont créé un espace test agricole sur un ancien terrain de 4ha accueillant des colonies de vacances. En friche depuis plusieurs années, le site a été racheté par l’équipe municipale précédente pour en faire un tiers-lieu. Des jardins partagés et solidaires y ont été développés. Les 7000 m2 restant sont dédiés à cet incubateur agricole en pleine nature. Les premiers porteurs de projet se sont installés au printemps 2021. Ils commencent à vendre leur première production cet été.

Dans leurs rangs de courgettes et de tomates, Rozenn Quique et Daniel Roblero sont fiers de leur première récolte. Le couple s’inscrit dans une culture biologique. « On est surtout sur le travail du sol. Peu de labour, du paillage, des engrais verts, type compost et granules de fumier de mouton pour nourrir la terre, et des associations de plantes pour prévenir les maladies et les nuisibles », énumère Rozenn, biologiste de formation. Ils ont commencé à vendre leur production sur le marché de Dolus, une fois par semaine. Ils fournissent également 4 restaurateurs du secteur et participent au petit marché organisé chaque mercredi soir par le camping d’en face. La communauté de communes les a aidés à trouver des débouchés.

Se confronter aux réalités du métier

En novembre dernier, ce couple de néo-ruraux a postulé à l’appel d’offres de la collectivité, qui mettait à disposition ces terres au lieu-dit La Cailletière. Après avoir installés deux linéaires de serres, ils ont commencé à planter leur production en mars. Pour les accompagner dans leur conduite de culture, ils sont épaulés d’une animatrice du site et d’un agriculteur bénévole, lui-même implanté sur l’île. Ce dernier fait parti du réseau Champ de partage, une SCOOP qui accompagne les projets d’installations agricoles portées par les collectivités depuis 2014. « On accompagne les futurs installés sur le plan administratif, notamment en leur permettant d’avoir un statut de structure agricole. Le professionnel qui les suit est également en charge d’acheter le matériel nécessaire au modèle prévu avec l’enveloppe budgétaire fournie par la CdC, avec laquelle nous avons signé un partenariat », explique Dominique Gounest, le président de Champs de partage. La collectivité a investit 19 000 € pour financer la prestation de la SCOOP et 40 000 € dans l’achat de matériel.

Tester un modèle agricole en petite surface

Cet incubateur a pour ambition de faire tester à des porteurs de projet leur modèle agricole en petite surface, en vue qu’ils l’étendent ensuite sur un autre terrain de l’île où ils pourront s’installer. Pour Rozenn et Daniel qui cherchait à s’implanter en Charente-Maritime, ce tiers lieu agricole est une chance. Revenu du Mexique il y a trois ans, où Daniel était ingénieur agronome, le couple avait cherché à s’installer en maraîchage en Aunis, puis du côté de Rochefort. Ne trouvant pas de foncier accessible à leur budget pour s’installer, ils se sont laissés tentés par l’aventure proposée par la CdC. Sur les dix porteurs de projets ayant montré de l’intérêt pour l’espace test, ils sont les seuls à avoir finalement postulés et à être retenus. « Les espaces tests sont une excellente façon pour les porteurs de projet de se frotter aux réalités du terrain. Et de vérifier s’ils sont vraiment fait pour cette vie, avec les compromis que cela implique, car être agriculteur ce n’est pas juste un projet professionnel, c’est un projet de vie », souligne le président de Champs de partage. Le couple s’en est déjà rendu compte. Rozenn envisage de prendre un travail à temps partiel le temps des deux ans d’incubation, « car la surface est trop petite pour être rentable », constate-t-elle. A terme, le couple s’oriente vers une surface plus grande, en maraîchage avec une production de fraises – le rêve initial de Daniel – et des activités pédagogiques à la ferme, autour de l’environnement, Rozenn étant une ancienne animatrice nature.   

Pour les collectivités, l’objectif de la démarche est de faire revenir les agriculteurs sur l’île, dont le nombre a été divisé par dix en quelques décennies. Pour permettre à Rozenn et à Daniel de s’implanter sur l’île après deux ans en incubateur, les élus assurent qu’ils trouveront des terres appropriées – un système d’achat location est envisagée pour permettre aux agriculteurs d’accéder à un foncier très onéreux. Les services de la communauté de communes travaillent déjà à la recherche d’un terrain pour le couple. Ils se sont notamment rapprochés de la SAFER, en espérant récupérer un terrain à Saint-Georges d’Oléron, laissés par d’anciens agriculteurs bio il y a quelques années.

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