Retour sur le Garorock 2012 – Une Filhole de potion magique


Isabelle Guillot

Retour sur le Garorock 2012 - Une Filhole de potion magique

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Temps de lecture 7 min

Publication PUBLIÉ LE 13/06/2012 PAR Thomas Guillot

Une organisation sans faille aux abords du festival, la circulation est maitrisée et le changement intervient avant même d’entrer sur le site. Dans le centre ville de Marmande, les commerçants riverains s’adaptent à la situation : un kebab dans un garage, des terrasses improvisées, une vente à la criée (« Sandwich à 3 euros ! Pensez-y avant, vous allez vous faire arnaquer à l’intérieur ! »), des concerts off…

Le nouveau site répond parfaitement à nos attentes. Il n’y a pas de grande roue mais tout ce qui avait été annoncé est là. Un écrin de verdure au milieu des arbres, bien agencé, joli et rempli de stands en tous genres. On pouvait même y gouter du beurre aromatisé à la framboise ou au thon-wasabi. Deux bémols : peu de poubelles (mais peu de déchets aussi, festival vert oblige) et évidemment ces deux scènes installées côte à côte pour des raisons acoustiques (aucune scène ne devait faire face à la ville),

Si dans un premier temps, elles donnent un côté grandiose à l’endroit, les scènes jumelles ont aussi fortement encouragé la fainéantise du festivalier. qui se déplacera souvent de quelques mètres, pas plus. Avant leur concert du vendredi soir, sur la petite scène du Trec, les Dirty Honkers avait balayé toute inquiétude : « Vu que justement il n’y a pas tant d’endroit à voir, les gens qui sont un minimum curieux vont venir jeter un coup d’œil sur ce qui se passe. On veut des gens qui ont envie de voir quelque chose d’autre, quelque chose de nouveau ».

Guetta, Orelsan et 1995 : Vendredi, c’est récré
Un premier soir qui a laissé perplexe les festivaliers aguerris pour rendre fous de joie les jeunes lycéens des environs. La moyenne d’âge était dangereusement basse et les cris sur-aigus quand Orelsan a rejoint 1995 sur scène. Sur Twitter, les messages de remerciement à 1995 étaient nombreux. Orelsan et David Guetta n’était pas en reste. Même si pour ce dernier, les messages de soutien peinaient à dépasser les critiques acerbes une fois son show poussif à 200.000 euros terminé. Deux groupes de rock pas prise de tête faisaient leur retour sur la scène du Garorock. Les frères furieux de Kid Bombardos et Skip The Use, sorte de Bloc Party lillois : « On est venu il y a deux ans et c’était notre premier gros festival. Revenir aujourd’hui… On est vraiment content. On a l’impression de boucler une boucle. C’est vraiment un vrai plaisir de retrouver toute l’équipe. En plus, sur un nouveau site. Ils sont tous super contents. Ils ont évolué. Nous aussi. »

Le disco-rock de Friendly Fires était parfaitement en adéquation avec le festival quand la pop suave de Metronomy malgré toutes ses perles n’était malheureusement pas à sa place. Sur la scène du Trec, le label Banzaï Lab a signé une carte blanche de qualité. Seul phare dans la nuit pour les plus de 21 ans avec peut-être les allemands de Modeselektor qui ont introduit le DJ millionnaire sans faiblir. Un premier soir plutôt habituel, désespérément tourné vers un seul public et presque décevant pour une nouvelle formule. Heureusement tout allait être pardonné.

The Specials, The Hives et NOFX : Samedi, c’est grandiose

The Hives

Le lendemain, tout laisse penser que la soirée va suivre son cours de façon spectaculaire. Le trio hip hop hybride (dans l’ordre : Odezenne, Puppetmastaz et Foreign Beggars) fait monter la pression tout l’après-midi. La scène du Trec continue son bonhomme de chemin loin de la foule avec la carte blanche à Noize Resistance. Il y a bien deux groupes de rock anglais qui ressemble à tous leurs camarades mais on oublie vite un tel détail. La belle Selah Sue vient à point nommé pour la mi-temps. Soul suave et tempo lent. Il était plus que temps d’aller chercher un sandwich avant le déluge de stars.

Avec la taille qui augmente et le portefeuille avec, le Garorock est confronté à de nouveaux problèmes. En signant des groupes internationaux très demandés, le festival accueille des artistes qui viennent souvent de loin et qui ont rentabilisé leur déplacement en donnant un concert chaque soir. Les groupes s’adaptaient plus ou moins au « décalage horaire ». NOFX a eu du mal à émerger pendant tout son set quand les suédois de The Hives étaient au garde à vous dès leur arrivée : « On est ici depuis à peu près quatre minutes, mais ça l’air vraiment super. Ça va être amusant de jouer. On attendait ça depuis un moment parce qu’on a voyagé toute la journée. C’était plutôt fastidieux ». Ça ne les empêchera pas de produire un des meilleurs concerts du Garorock, toutes éditions confondues. Les cinq suédois sont au sommet de leur art, offrant anciens et nouveaux morceaux sans distinction d’énergie. Du rock brut, vivant et simplement génial jusqu’au final où le chanteur Howlin’ Pelle Almqvist fera asseoir une dizaine de milliers de personnes en quelques secondes au beau milieu d’un Tick Tick Boom de haute volée. Déjà mythique.

Le groupe que tout le monde était venu voir c’était pourtant The Specials, 35 ans de carrière et éternels patrons du ska anglais. Le groupe de cinquantenaires a assuré le show avec une pelletée de tubes repris en chœur par le public de fans. Le dernier groupe de rock de la soirée était tout aussi attendu, même par les artistes et notamment par les bordelais d’Odezenne : « La première fois que j’ai eu le droit de sortir de chez moi pour aller à un concert, je devais avoir 13-14 ans et on était allé voir NOFX, à Bordeaux. Et là on joue sur le même festival. Bon pas à la même heure, mais ça fait plaisir ». Rétrospectivement, il est amusant de constater que le groupe de punk NOFX pourtant plus jeunes d’une bonne décennie supportait moins bien la fatigue du voyage. La simplicité du répertoire des californiens impliquant que l’on peut difficilement rater un morceau à trois accords même au saut du lit à 23 heures, le concert était bien parti pour rejoindre les deux autres prestations au firmament du Garorock. Mais voilà, la pluie a interrompu ce run parfait de concerts au plus mauvais des moments.

Une pluie continue, ni violente, ni bruineuse : la pluie qui va durer toute la nuit. Malgré la bonne volonté des DJ de C2C qui se donnaient à fond, le public a fui comme un seul homme vers la sortie. Tant pis pour la scène du Trec qui promettait une belle programmation électro. Tant pis pour les Bloody Beetroots que l’on avait de toute façon vu trois fois l’été dernier. On va quand même pas rater le dernier jour à cause d’un rhume.

Cypress Hill, The Offspring et Dionysos : Dimanche, c’est familial et nostalgique

La chanteuse Izia le dimanche 10 juin au Garorock de Marmande (47)

Un dimanche coupé en deux. D’abord le public familial avec toute la smala était venu en masse pour apprécier les stars de la pop à la française. Puis les nostalgiques un peu plus tard. La journée démarrera pourtant avec la meilleure découverte du festival : les anglais de Breton (d’après André Breton bien sûr). Ensuite l’enchainement se fera tout seul. Le crooner Charlie Winston fera son petit numéro de charme. Que l’on aime ou pas, l’anglais maitrise la scène et réjouit un public conquis dès l’heure du gouter. Izia, habituée du festival, nous refera son numéro furieux et gesticulant du bon vieux temps. Les sautillants Dionysos, de retour après quelques années d’aventures solitaires, n’ont pas failli à leur réputation de bêtes de scène. Direct, efficace, le concert est une explosion de joie. Il est plus que temps de coucher les mômes, le final est une affaire de grandes personnes.

Après les Ting-Tings, remuants mais pas transcendants (le retour de la pause sandwich), les fans nostalgiques ont investi l’espace dans l’attente des deux grosses exclusivités du festival : The Offspring et Cypress Hill. Quand on leur demande d’expliquer leur présence tout en haut de l’affiche, le groupe de punk rock blague pas peu fier : « Je pense que c’est un ordre alphabétique bizarre. Un ordre aléatoire créé par ordinateur. C’est cool, vous savez. Je ne l’avais pas réalisé jusque là ». Quand leur set commence, tout le monde a 14 ans malgré les fausses notes et on comprend soudain le jeune public du vendredi devant Orelsan et 1995. Si c’est le groupe de punk rock qui comptaient le plus d’admirateurs, les stars du hip hop n’étaient pas en reste. Deux prestations en forme, repris en chœur par une foule conquise et remplis de tubes et de nouveaux morceaux pas vraiment nécesssaires. Un spectacle que l’on aurait eu du mal à imaginer ne serait-ce que l’année dernière. Le Garorock change enfin de classe.

Bien calé entre les mastodontes que sont le Primavera (Barcelone) et le Hellfest (Nantes), le Garorock n’avait aucun concurrent direct. Le festival atteint 50.000 spectateurs malgré la météo capricieuse, les législatives, le début de l’Euro, la fin de Rolland Garros et les révisions du bac. On peut rêver pour l’avenir et les prochaines éditions qui seront débarrassées de l’épineux problème du changement de site. Le groupe If The Kids, un des gagnants du concours SFR jeunes talents, s’y voit déjà : « C’est la première fois que le Garorock est sous cette version là. Leur ambition est de devenir un des plus gros festivals français voire européens. Dans dix ans si ça cartonne, on aura été le premier groupe a joué sous cette version là. Sincèrement, je trouve que c’est génial. C’est vraiment un honneur d’avoir été invité. D’ouvrir le festival qui sera encore là dans 15 ans ou dans 20 ans avec des énormes têtes d’affiche pour mettre entre 40000 et 60000 personnes ici, c’est génial. »

Vous pouvez retrouver les photos du vendredi, du samedi et du dimanche sur Facebook en suivant les liens.

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