Installation et performance: le pari réussi de Côme Lapierre


Le lot-et-garonnais Côme Lapierre rejoint le GAEC familial du Domaine de Ferrussac à Saint-Maurin après une riche expérience et avec l'envie d'apporter de la modernité à l'exploitation, avec la mise en place de productions de kiwis et de myrtilles.

Le jeune Come Lapierre a apporté un nouveau site de production au GAEC familial en rachetant des terres situées à Montesquieu (Lot-et-Garonne) pour développer la production de kiwis et de myrtilles, sur des parcelles encore jeunes qui ont été replantées depuis son installation à la place de pommiers.Safer

Come Lapierre s'est installé au sein du GAEC du Domaine de Ferrussac, situé à Saint Maurin (47), et l'a agrandi avec un nouveau site de production à Montesquieu (47).

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 12/09/2023 PAR Sylvain Desgroppes

Côme Lapierre est devenu en 2021 associé du GAEC de Ferrussac, une exploitation familiale, et depuis, il ne s’est pas ennuyé. Les travaux ont été multiples pour qu’il puisse exprimer ses idées, ses envies, sa vision des choses. La conséquence d’une expérience déjà longue pour le jeune installé né en 1991.

Pourtant, tout a commencé par un Baccalauréat scientifique et un DUT Génie Biologique. « Je suis issu d’une famille d’agriculteurs, j’ai grandi là-dedans, et même si je ne voulais pas forcément aller dans cette filière, une fois en âge d’avoir des responsabilités, j’y ai vite pris goût », rigole Côme Lapierre. Celui-ci a pris le temps de forger son expérience à l’extérieur.

Après deux ans en tant que salarié d’une exploitation en Charente, en production de pommes et de Cognac, il part en Dordogne. De 2013 à 2021, il est chef de culture des Vergers de la Californie à Grun-Bordas, une exploitation de 80 hectares, où se cultivent notamment des pommes… et des myrtilles. Il découvre alors cette production, pour laquelle il se passionne.

« Le grand changement est arrivé en 2021. Après un accident professionnel grave, j’ai voulu revenir sur la ferme familiale. J’avais trouvé cette production qu’était la myrtille, je voulais l’apporter dans le GAEC », explique celui qui s’est vite impliqué dans l’Association des producteurs de myrtilles de France, dont il est aujourd’hui le secrétaire. 

Trouver le foncier

Nouvel associé du GAEC Domaine de Ferrussac avec son père et son oncle, Côme Lapierre se met alors à la recherche de foncier agricole. « Là où se trouve le GAEC, à Saint-Maurin (à l’Est d’Agen, en Lot-et-Garonne, NDLR), on est sur des terrains argilo-calcaires qui ne sont pas adaptés pour la myrtille, qui préfère des sols plus légers, avec de l’acidité », détaille-t-il.

Après le bouche-à-oreille, puis le démarchage dans les villages environnants, c’est la Safer qui va permettre de débloquer les choses. L’agriculteur a connaissance d’une première exploitation qui pourrait l’intéresser, via une annonce de l’opérateur foncier sur son site propriétés-rurales.com. Le projet n’aboutit pas, mais Côme Lapierre continue de chercher via ces annonces et la deuxième est la bonne, à Montesquieu. « Ensuite le conseiller Safer a fait la relation entre le vendeur et moi pour mettre en place un accord pour la vente, poursuit-il. On est dans un métier complexe avec beaucoup de paramètres à gérer, donc plus on a de gens compétent autour de soi, mieux on construit son projet».

Comme Lapierre et à sa gauche Olivier Samalens, conseiller foncier de la Safer Nouvelle-Aquitaine, le long de l'une des parcelles de kiwi située à Montesquieu (Lot-et-Garonne). La Safer a accompagné le jeune agriculteur dans son installation.Safer

Come Lapierre a notamment été accompagné dans son installation par la Safer et son réseau de conseillers locaux, comme ici Olivier Samalens.

Le propriétaire de cette exploitation d’une quinzaine d’hectares, avec une majorité de pommiers et une petite parcelle de kiwis, était en redressement judiciaire. L’idée du repreneur est de faire rapidement évoluer les cultures présentes. Depuis la reprise de l’exploitation par le GAEC à l’été 2021, de grands travaux ont été menés.

« Le contexte de la filière pomme est compliqué, les charges ont augmenté de 30 % face à des rémunérations restées stables », lance celui qui a remplacé progressivement la culture de pommes par le kiwi et la myrtille. Il ne reste plus que 6 hectares de pommiers (1 ha de Fuji, 1 ha de Chantecler, et 4 ha de Pink Lady, variété plus rémunératrice).

Le bon endroit

Ensuite, 4 hectares de myrtilles et 5 hectares de kiwis. « On a fait toutes les plantations en un an seulement. Un gros chantier, surtout avec les infrastructures que l’on a mis en place, mais c’est un défi qu’il fallait relever pour être productif rapidement », juge Côme Lapierre. Des travaux menés dans la continuité des démarches pour s’installer.

Après avoir suivi le stage 21h qui permet d’être éligible à la Dotation Jeune Agriculteur, et après avoir mené les réflexions sur le plan juridique pour l’achat du foncier, le nouvel associé du GAEC a mis sur pied le plan de financement, autour de deux choix importants : l’acquisition du foncier par le GAEC, et la création d’un GFA.

S’il fallait reconfigurer les parcelles, le site présentait de nombreux avantages. D’abord, 15 hectares d’un seul tenant, et l’accès à l’eau garanti. « Cela nous a permis d’installer un réseau de fertirrigation autonome, outil indispensable compte tenu des 45 minutes de route séparant Montesquieu de Saint-Maurin », lâche Côme Lapierre.

Autre point très positif, la présence de la maison d’habitation de l’ancien propriétaire, un bâtiment de deux étages et de 250 m² au total. En réaménageant les pièces et en ajoutant du confort (isolation, internet…), cela permettra de loger 16 saisonniers sur place dès la prochaine saison, un atout pour l’exploitant et pour les saisonniers à convaincre.

De la haute technologie

Quant aux parcelles de kiwi et de myrtille, elles ont été aménagées avec un niveau de performance élevé. « On a fait le choix de protéger le verger au maximum, avec des outils anti-grêle et anti-gel, des filets de protections contre la punaise des baies et la mouche drosophile, des sondes tensiométriques, un pilotage de l’irrigation et de la fertilisation », liste l’agriculteur.

Come Lapierre veille à apporter à ses plantations de kiwi, ici en photo, ou de myrtille, le meilleur soin possible, des méthodes de plantation au palissage en passant par la fertirrigation et le suivi sanitaire.Safer

Sur ses parcelles entièrement replantées, comme ici avec le kiwi, Come Lapierre a mis en place les meilleures installations techniques possibles.

« On a choisi l’option technique la plus performante. Pour le kiwi, on a un réseau de goutte-à-goutte, un système de micro-aspersion pour l’arrosage plus complet des parcelles, et un système anti-gel l’hiver. C’est la même chose en myrtille avec le goutte-à-goutte et un système d’aspersion sur frondaison », complète-t-il.

Des filets au-dessus de toutes les cultures permettent de lutter contre la grêle. Pour les parcelles de myrtilles, des filets verticaux permettent aussi d’isoler chacune des variétés et mini-parcelles, pour lutter contre les insectes. Cette culture de myrtille, Côme Lapierre y tient. S’il n’y a que 500 hectares environ en France, la croissance annuelle est de 6% à 7% et la demande est là.

Il a d’ailleurs embauché un salarié pour s’occuper de la partie commerciale de cette production qu’il vend entièrement en direct. « En Dordogne, on vendait la production à des négociants. Je voulais changer de modèle et ramener cette marge sur la ferme ». Pour l’instant, il ne produit  »que » 5 tonnes environ sur son jeune verger, le potentiel est de 70 tonnes.

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