« Geneviève de Fontenay a énormément compté dans ma vie »


Peggy Zlotkowski, a 16 ans, lorsqu’elle est couronnée Miss Aquitaine puis Miss France. La disparition de Geneviève de Fontenay remue les souvenirs d’une trépidante année 1989 et d'une relation sans nuage avec la dame au chapeau décédée le 1er août.

Peggy Zlotkowsky, Miss Aquitaine et Miss France 1989, avec Geneviève de Fontenay.DR: collection privée PZ

Peggy Zlotkowsky, Miss Aquitaine et Miss France 1989, avec Geneviève de Fontenay.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 08/08/2023 PAR Cyrille Pitois

Peggy Zlotkowski, 51 ans aujourd’hui, chargée de communication interne dans un groupe industriel à Montauban, l’avoue: « J’étais à l’étranger quand j’ai appris le décès de Geneviève. J’ai été très émue. J’ai pleuré. » Elle se souvient très bien de ce lien totalement inédit avec la dame au chapeau. « Cette femme a énormément compté dans ma vie. »  

De Monflanquin et Lectoure à Hong-Kong

L’été de ses seize ans, la jeune Peggy originaire du Nord de la France, est à Monflanquin, dans le Lot-et-Garonne, où ses parents sont installés après une tranche de vie en Afrique. 
Un concours Miss Quatre-Cantons est organisé dans ce secteur du Haut-Agenais. Mais les candidatures tardent à émerger. Personne ne veut représenter la commune. Le fils du président du syndicat d’initiative vient démarcher Peggy. « A 16 ans, pour défiler, avoir un cadeau, rigoler un peu et aider le village, je finis par y aller, » se souvient-elle. Elle remporte le titre de première dauphine. Contactée dans la foulée pour l’élection de Miss Gascogne, à Lectoure, elle est élue également première dauphine. 

Avec deux qualifications, la voilà en droit de concourir au titre de Miss Aquitaine. « J’ai bien failli ne jamais y aller. Ma mère n’avait pas très envie de m’accompagner jusqu’à Pessac, près de Bordeaux. » Non seulement Peggy remporte le titre ce soir-là, mais Geneviève de Fontenay vient la féliciter. « Je mesurais 1,74 m et pourtant elle m’a paru immense, avec son chapeau. Elle m’a demandé comment je m’appelais et m’a dit : ça ne doit pas être facile ! » 


Un peu plus tard, Peggy reçoit la convocation tapée à la machine pour se présenter au concours de Miss France. Elle gagne encore une fois et reste à la postérité comme la Miss France qui est tombée dans les pommes à l’annonce de son élection. « J’ai reçu des lettres d’insultes à cause de mon nom qui ne représentait pas assez la France aux yeux de certains. J’ai souvent repensé à la première phrase de Geneviève. »

Des heures en voiture et des fous rires

Commence alors une année à nulle autre pareille, dans une proximité quotidienne avec Mme de Fontenay. « Des heures de voiture à parcourir la France ensemble pour une multitude de manifestations autour de la mode, la culture ou la jeunesse et aussi tous les galas régionaux des miss. Dans la même journée, on allait à l’élection d’une miss dans le Sud-Est et rencontrer les producteurs de melons de Cavaillon. Au-delà, du maquillage, de la couronne et de l’écharpe, c’était une succession de rencontres, d’échanges. Mme de Fontenay organisait tout ça avec une formidable énergie, elle n’avait de barrière avec personne. J’ai découvert une quantité de gens incroyable. Et en même temps elle me protégeait comme elle a protégé toutes ses miss. Elle ne nous choisissait pas. Mais dès que nous étions élues, elle devenait notre seconde maman. »  
Incroyable fièvre d’une année ponctuée aussi de fous rires partagés entre les deux femmes.  « Je me souviens d’un type à Moscou qui avait des chaussures beaucoup trop grandes pour lui. On a ri toutes les deux à en pleurer, à ne plus pouvoir s’arrêter. »

Un coup de pied aux fesses vers la vie d’adulte

De cette parenthèse, Peggy retient la sensation « d’un coup de pied aux fesses qui m’a propulsé dans le monde des adultes. Mes parents m’ont confié à elle pendant un an. Ce n’était pas rien. J’ai voyagé, porté des robes de couturier, mangé dans des restaurants incroyables, fait des photos et de la radio et tant d’autres choses qu’une fille de mon âge ne faisait pas. Une aventure qui change une vie ! » 
Douzième au concours Miss Monde de Hong-Kong, Peggy est disqualifiée du concours Miss Univers au Mexique car elle est trop jeune. C’est à partir de ce jour que Geneviève de Fontenay modifie le règlement du concours Miss France qui exclut désormais les candidates mineures.

Elle m’a laissé ça en héritage : être indépendante, se faire respecter, rester toujours élégante.

A l’issue de cette folle année, Peggy remet sa couronne et demande une pause dans les représentations pour pouvoir décrocher son bac puis un BTS. Elle devient visiteuse médicale et maman, mais l’ex-miss et son mentor ne perdent jamais le contact. « Quand elle était de passage à Toulouse, elle prenait un moment pour qu’on puisse échanger. Quand je montais à Paris, j’allais la voir.» 


Son divorce avec la société de production Endémol à partir de 2010 et ses déclarations maladroites, traduisent pour Peggy une fin moins heureuse du parcours de la grande dame. « Mais elle a réussi son pari, elle a vécu ce qu’elle voulait vivre. Elle m’a laissé ça en héritage : être indépendante, se faire respecter, rester toujours élégante. Elle a eu une vie formidable, elle a œuvré sans relâche, elle a marqué la France. Tout le monde se rappellera ce qu’elle a fait. »  Et elle a aussi créé une petite communauté de femmes de tous les âges : les anciennes Miss France partagent aujourd’hui un groupe Whatsapp. « Des filles toutes différentes mais qui ont du caractère ! ».  

Pas d’enterrement à la Johnny

L’an dernier, Peggy a appelé Geneviève pour son anniversaire. « Elle n’aimait pas trop ça. Elle préférait qu’on lui souhaite la Sainte-Geneviève. » En 2021, à l’occasion d’un voyage à Paris, Peggy passe une après-midi avec elle. « On a évoqué plein de souvenirs communs. Nous savions bien l’une et l’autre que nous n’allions pas nous revoir. Nous nous sommes serrées dans les bras. » Peggy se souvient d’une précédente conversation où Geneviève évoquait sa disparition : « Je ne veux pas d’un enterrement à la Johnny. Ca ne servirait à rien : Geneviève, elle sera dans sa boîte, elle ne verra rien ! » avait ironisé Mme de Fontenay.
L’autodérision, point ultime de convergence entre l’humour et l’élégance.

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