Régionales : les aspirations d’Olivier Dartigolles, nouveau chef de file communiste


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Régionales : les aspirations d'Olivier Dartigolles, nouveau chef de file communiste

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 30/07/2015 PAR Romain Béteille

@qui! – Vous êtes actuellement en plein début de campagne des suites de votre récente élection en juin dernier à Agen. Quels sont vos objectifs ?

Olivier Dartigolles – Je souhaite constituer une liste qui pourrait s’inspirer de ce qui a déjà été fait à Barcelone ou Madrid et permettrait de rassembler toutes les forces de gauche qui veulent clairement en découdre avec l’austérité. J’espère qu’on va construire une liste bien au-delà des frontières actuelles du Front de Gauche. Je me rends compte dans mes déplacements qu’il y a des pans entiers de l’électorat de gauche qui ne se retrouve pas dans la politique gouvernementale actuelle, y compris dans l’électorat socialiste, et qui attendent de nous des gestes politiques forts pour prendre une autre direction. Comme je l’ai dit, on ne veut pas uniquement rassembler le Front de Gauche, c’est un esprit de très large ouverture pour « faire autrement ».

@! – Y’a t-il déjà des axes de campagne forts qui se dégagent pour les élections de décembre ?

O.D – La loi NOTRe vient d’être votée, elle entraînera une aggravation très préoccupante des inégalités territoriales et sociales. Elle est le bras armé de l’Europe libérale telle qu’elle fonctionne, en nous imposant des mises en concurrence des territoires et des populations. Pour nous, la réponse à ça, c’est de dire qu’il n’y a aucune fatalité. Les futurs élus du Front de Gauche dans la nouvelle Grande Région seront très attentifs à l’évolution de cette réforme territoriale. On défend aussi deux questions d’avenir : la démocratie locale et les services publics. Nous jugeons que les réponses d’avenir passent par la coopération et des solutions communes. Un sujet a été traité prioritairement : c’est la question de la mobilité et les trains du quotidien.

Le service public ferroviaire, un enjeu prioritaire

@! – Vous avez rencontré ce jeudi 30 juillet plusieurs syndicalistes cheminots à Bordeaux. La semaine dernière, vous étiez à Agen et à Saintes pour y aborder le même sujet. Quelle est la priorité et le message que le PCF souhaite faire passer sur ce fameux service public ferroviaire ?

O.D – Nous sommes très préoccupés par cette question. Il y a une convergence d’attaques contre le ferroviaire public. A commencer par la réforme ferroviaire votée par Alain Rousset, le rapport Duron qui est une alerte très grave sur les menaces concernant les trains du quotidien, les annonces du médiateur sur la LGV, la loi Macron qui vient de valider la libéralisation des transports par bus…

@! – Depuis que cette loi a été votée , les opérateurs se bousculent pour prendre d’assaut ce nouveau marché. Ne pensez vous pas qu’ils pourraient constituer une offre alternative au « tout ferroviaire » ?

O.D – On marche sur la tête. Ce sont des mesures hyper régressives. Le rapport du Giec et celui de l’ONU sont très clairs : le réchauffement climatique qui nous menace et qui peut s’aggraver est dû essentiellement à l’émission de gaz à effet de serre. Il y a deux origines dans cette émission : l’industrie et les transports. C’est donc pure folie, au moment où en décembre, on donnera des enjeux prioritaires à la lutte contre le réchauffement climatique, de décider à l’échelle de nos territoires de vider les trains pour mettre les gens dans des bus ! On sait très bien que ces compagnies de bus, qui se mettent en concurrence sur des lignes ferroviaires qui existent aujourd’hui (un nouveau trajet Pau-Bordeaux doit s’ouvrir en septembre) ciblent prioritairement les jeunes. C’est le retour de la troisième classe ferroviaire. Les trains seront réservés à ceux qui peuvent se permettre de monter dedans, et on dira à ceux qui ont très peu de moyens de prendre le bus.

@! – Vous militez donc pour le retour en force des trains dans les investissements des transports publics ?

O.D – Il faut que les trains aient des fréquences qui permettent d’irriguer les territoires. Nous ne sommes pas pour autant favorables au tout TGV. Si on prenait dix pour cent de l’ensemble de l’investissement mis sur la table pour la LGV Bordeaux-Tours, on pourrait réaménager l’ensemble de la région ferroviaire et remettre en état l’ensemble de l’infrastructure de la Grande Région SNCF qui couvre l’Aquitaine et le Poitou-Charentes. L’un des axes de bataille de proposition du Front de Gauche pour les élections régionales sera de présenter, dans les douze départements qui constituent cette nouvelle région, les lignes à renforcer, les dessertes des territoires à assurer et les lignes à rouvrir.

Un « état des lieux » de la réforme territoriale

@! – Derrière cette question d’irrigation des territoires, on sent une peur qui a déjà été soulignée de nombreuses fois concernant l’éventuelle métropolisation de la nouvelle région…

O.D – C’est une vraie crainte. Que ces méga-régions produisent une aggravation des inégalités territoriales, que la richesse et le nœud ferroviaire soient concentrés. A termes, si ces logiques infernales vont au bout, plus aucune gare de Creuse ne sera reliée au réseau principal de la SNCF. Dans tous mes déplacements, les syndicalistes m’alertent.

Le rapport Duron avait précisé le niveau de ces menaces. Le gouvernement a fait un peu de rétropédalage parce qu’il a voulu faire passer les élections régionales sans faire trop de bruit. Nous allons organiser de grosses mobilisation à la rentrée dans les gares de l’ensemble de la Grande région et informant les usagers en présentant ce qui serait pour nous une politique ferroviaire régionale offensive. Les libéraux sont sur du « court-termisme » et ne voient pas en quoi leurs choix politiques aggravent l’environnement. Dans ce moment là, on a la responsabilité politique de dire que lorsqu’on traite de la question des trains, ça va bien au delà de l’aménagement du territoire. C’est une question de société.

@! – La réforme territoriale est déjà votée, les discussions sont désormais orientées vers les futures capitales régionales. Vous qui militez contre la réforme, ne pensez-vous pas qu’il s’agit là d’un combat révolu ?

O.D – On demandera à mi-mandat un état des lieux précis des conséquences de cette réforme territoriale. Elle n’était pas dans les engagements du candidat Hollande. Beaucoup d’associations d’élus (AMF AMR, Conseils généraux) disent qu’elle va produire des effets catastrophiques pour nos territoires. Ceux qui y sont favorables disent qu’elle nous rendra plus compétitifs. Nous attendons simplement qu’un premier bilan de cette réforme soit effectué, afin de savoir si les politiques publiques pourront irriguer l’ensemble de ces grands territoires ou si, au contraire, la richesse appelle la richesse et les territoires en difficultés le seront encore plus. Nous demandons également aux CESR (Conseil Economique Social et Environnemental Régional), qui sont un peu le parlement des forces vives, d’être très attentifs à la manière dont les choses vont se mettre en place. Les organisations syndicales et le monde associatif doivent être très vigilants face à ces ruptures d’égalités. Quelque soit l’endroit où nous habitons, on doit pouvoir bénéficier du même niveau de politique publique.

Ouvert aux alliances

@! – Pour en revenir au scrutin, vous êtes actuellement en train de réfléchir à la constitution des listes. Vous êtes donc ouvert aux alliances éventuelles avec d’autres mouvances de gauche comme les Verts ?

O.D – Toutes ces thématiques là peuvent rassembler très largement à gauche. Beaucoup de gens, de toutes les sensibilités de gauche, pourraient se retrouver sur un pacte régional inscrivant ces objectifs là. On va donc travailler sur des listes le plus ouvertes possibles. Le point de rendez-vous, c’est faire la démonstration que l’austérité n’est pas une fatalité, que les politiques publiques peuvent recréer un peu d’espoir et d’imaginaire dans notre pays. La phrase « J’imagine une région qui » pourrait d’ailleurs très bien être un thème de campagne… 

L’info en + : A l’issue de ces rencontres qui vont se poursuivre à Limoges (dès le 6 août prochain) ou encore à Bayonne, un tract de synthèse sera diffusé dans les principales gares de la grande région au travers de trois journées de mobilisation à partir de fin septembre. Pour suivre le « carnet de campagne » du chef de file PCF, rendez-vous à cette adresse : www.dartigolles2015.fr

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