Une première réunion de médiation, inédite en France, était organisée le lundi 30 janvier à La Rochelle. Elle a permis d’entamer le dialogue entre une quarantaine d’agriculteurs et un nombre identique de riverains des cinq communes de Montroy, Bourgneuf, Saint-Rogatien, Perigny et Clavette, mais aussi en présence de douze membres de l’association Avenir, Santé, Environnement, au sujet de l’usage de pesticide dans la plaine d’Aunis.
Cette première réunion s’est déroulée à huis clos et, semble-t-il, dans un climat apaisé. Mais la guérilla de communication a repris très vite dans les heures qui ont suivi, par médias interposés. Les deux collèges d’interlocuteurs ne parlent pas toujours la même langue. L’association Avenir, Santé, Environnement continue de réclamer une transition agro-écologique radicale, suite à l’apparition d’un nombre significatif de cancers pédiatriques sur les communes ciblées.
Une première réunion pour briser la glace
Tout avait pourtant commencé sous des auspices favorables. « La glace a été rompue » a souligné avec satisfaction Marc Maigné, conseiller communautaire de l’agglomération rochelaise, en charge de la santé environnementale. La médiation a été organisée à la demande des élus de l’agglomération suite aux taux records de deux herbicides (prosulfocarbe et chlortoluron) mesurés par un capteur d’air sur la commune de Montroy en juillet dernier. Il s’en était suivi deux premières réunions d’information à l’initiative de l’association Avenir, santé, environnement et des élus de l’agglomération rochelaise.
Trois heures d’échanges
Cette fois, agriculteurs et riverains ont échangé sur leurs craintes et incompréhensions respectives durant plus de trois heures.
Judith Grilly-Hebert, membre de l’association Avenir, santé, environnement, assise à la même table que Cédric Tranquard, président de la Chambre d’agriculture et membre de la FNSEA, souligne la bonne tenue des échanges entamés et une volonté de la part des agriculteurs, via la voix du président de la chambre d’agriculture, « d’avancer vers des solutions comme le plantage de haies en bordures de champs ou une meilleure communication sur les heures et les jours d’épandage des pesticides, grâce à une application partagée. »
L’association se défend d’incriminer les agriculteurs, eux-mêmes victimes des produits phytosanitaires qu’ils pulvérisent, et préfère pointer du doigt les organismes européens et français qui autorisent ces substances, sans avoir mesurer les conséquences sur la santé et l’effet cocktail. Pour autant, les positions semblent difficilement conciliables.
Des positions difficilement conciliables
Pour Myriam Bacqué, directrice de La Maison de la Communication et organisatrice de cette médiation, « il ne s’agissait pas de trouver des solutions dès la première réunion. Quand les riverains parlent santé publique, les agriculteurs défendent une activité nourricière et une production à exporter. »
Dans un communiqué de presse daté du 3 février, l’association Avenir, Santé, Environnement réagit cependant de manière virulente aux propos de Cédric Tranquard tenus au lendemain de la première réunion. Franck Rinchet-Girollet, porte-parole de l’association martèle par exemple : «Toutes les tables ont fait de l’utilisation des pesticides un sujet majeur de préoccupation. » Sur les premières ébauches de solution envisagées, il enfonce le clou : « Quelle déception ! Ces solutions sont minimes et inadaptées. Elles ne règlent en rien les problèmes de dangerosité des pesticides face aux enjeux de santé, aux enjeux de protection de l’environnement et de la ressource en eau. »
Ouvrir le champ des possibles
Et de conclure : « N’ayons pas peur de parler de mesures d’accompagnement, débouchés, filières, aides publiques, respect de la règlementation, juste rémunération… Mais aussi principe de précaution».
Invité trop tard à cette rencontre, l’Eurodéputé Vert et agriculteur en Charente-Maritime, Benoît Biteau, dénonce lui une médiation « déjà verrouillée à l’avance par la chambre d’agriculture et l’opacité qui entoure l’initiative de la médiation ». Il participera à la deuxième réunion programmée le 7 mars, comme d’autres parlementaires et élus. L’histoire ne fait que commencer.