Mais quel Pays basque veulent donc ses élus de la côte et de l’intérieur?


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Mais quel Pays basque veulent donc ses élus de la côte et de l'intérieur?

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Temps de lecture 7 min

Publication PUBLIÉ LE 09/11/2015 PAR Felix Dufour

Samedi dernier, en la villa Bakea, annexe bayonnaise du Conseil départemental des Pyrénées Atlantiques, Le Contrat territorial Pays-Basque 2015-2020 a été officiellement signé par Pierre Dartout, préfet de Région, Pierre-André Durand, préfet des Pyrénées Atlantiques, Alain Rousset, président du Conseil Régional et candidat à sa propre succession, Jean-Jacques Lasserre, président du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques; Jean-René Etchegaray, président du Conseil des élus du Pays Basque -et maire de Bayonne- et Caroline Philips, présidente du Conseil de développement du Pays Basque représentant la société civile. Un contrat territorial comprenant 62 opérations pour un coût global de 300,636 M€ et une clause de réexamen en 2017 pour préparer la période 2018-2020. Chacun l’a constaté, budget revu à la baisse contraint, pour reprendre l’expression de ses signataires.

Un contrat qui s’articule autour de neuf axes stratégiquesStructurer un Campus du Pays-Basque avec une offre attractive en lien avec les filières d’excellence, dans un positionnement eurorégional; soutenir un développement économique et social performant; développer les mobilités durables pour tous les publics et dans tout le Pays-Basque; garantir l’accès au Très Haut Débit en tout point du territoire, en déployant les réseaux de desserte et en développant les usages; réussir la transition écologique et énergétique du territoire; construire un projet culturel de territoire à l’échelle du Pays-Basque; renforcer la production de logements sociaux adaptés aux besoins du territoire; organiser un aménagement équilibré entre territoires urbains et ruraux et des services adaptés aux besoins des habitants.
Ses moyens financiers mobilisés proviennent des engagements inscrits au Contrat de Plan Etat-Région 2014-2020 mis en œuvre sur le Pays-Basque, des enveloppes régionales du CPER et/ou de fonds européens (FEDER, FSE, FEADER dont Leader…), des crédits spécifiques relevant de la politique régionale contractuelle (territoire de la Soule). Les engagements identifiés pour l’ensemble de ces opérations s’élèvent à : 61,885 M€ pour la Région Aquitaine, 43,225 M€ pour le département des PA et 61,844 M€ pour l’Etat.
L’heure était aux congratulations et à la mise en exergue des contraintes budgétaires pour les finances publiques à tous les niveaux. Jean-René Etchegaray qui arborait ce jour-là le badge de président du Conseil des élus regrettait ce budget en baisse dont l’euskara, dit-il  ferait les frais; Jean Jacques Lasserre a insisté sur le Très Haut Débit et le Logement tout en rappelant à son voisin de droite samedi Alain Rousset que le Conseil départemental ne ferait pas l’impasse sur ses prérogatives face à l’énorme Région qui se profile; ce dernier s’étendit lui sur le développement économique et les aides régionales aux entreprises allant au-delà de ce qui figure au Contrat, tout en regrettant que la campagne des Régionales lui interdise de porter sur les fonds baptismaux un de ses bébés: la ligne Bayonne-Saint-Jean-Pied-de-Port ressuscitée . Enfin, le préfet de Région Dartout -ancien préfet des Pyrénées Atlantiques entre 2002 et 2004- a insisté sur l’engagement fort de l’Etat et la politique linguistique. Une nouveauté ont reconnu les représentants de l’Etat. « Il y a vingt ans, on pensait que la langue basque pouvait poser problème à l’unité de la République, les choses ont changé. Les courbes linguistiques se croisent entre les locuteurs des générations précédentes et les nouvelles générations. Avec un joli exemple, Caroline Philips,la présidente du Comité de développement,  originaire de Californie et Basque d’adoption, a prononcé un discours en français et en euskara. « Le Pays basque n’est pas en difficulté mais offre une image d’une région en plein développement » ont conclu les représentants de l’Etat

L’agglomération Côte basque Adour dit non à l’EPCIPays basque Acte ll.- C’est dans cet esprit aussi que le préfet a inscrit Le projet  d’établissement public de coopération Pays basque (EPCI) qui vise la fusion de 10 EPCI et 75 syndicats mixtes et sur lequel 158 communes doivent se prononcer. La semaine dernière, la réunion de l’agglomération Côte basque Adour qui regroupe, rappelons-le les communes de Bayonne, Boucau, Anglet, Biarritz et Bidart était reportée à ce lundi au prétexte du débat des régionales organisé par France3 Pays basque, France Bleu et « Sud Ouest », salle Quintaou. En réalité les maires et élus communautaires souhaitaient afin de faire bonne figure dans cette ville des villes tenir une réunion préalable pour étudier ce projet de Communauté d’agglomération Pays basque. Problème, Jean-René Etchegaray, président de cette agglomération cumule celle de président récent du Conseil des élus et il a toujours été un fervent partisan de cet EPCI basque afin de donner plus d’autonomie au pays (basque). Les quatre autres maires qui ont des doutes sur ses contours et son financement mais aussi sa gouvernance. Ce qu’on fait clairement savoir les maires de Bidart (Alzuri) et de Boucau (Gonzales). Plus tarabiscotées  ont été les explications de Claude Olive et Michel Veunac, respectivement maires d’Anglet et de Biarritz pour expliquer leur refus de voter la délibération alambiquée proposée par Jean-René Etchegaray. Qui a malgré tout eu la surprise de trouver en Max Brisson un avocat de poids. Quant à Henri Etcheto, chef de file de l’opposition PS à Bayonne, il a souhaité ne pas participer au vote et réserver son expression sur cet EPCI pour le débat en Conseil Municipal de Bayonne de ce mardi soir, tout en ne manquant pas de souligner l’incapacité du président de l’Agglomération -NDLR: et son adversaire de la mairie de Bayonne- à convaincre et fédérer ses quatre collègues maires. Enfin pour être complet, Colette Capdevielle, conseillère municipale PS comme Henri Etcheto, et députée de la cinquième circonscription rejoignit elle, la proposition ‘présidentielle ». Avec de telles données le vote à bulletin secret, fut sans surprise: 22, contre 10, pour 1 NPPV. Les intercommunalités ne donnent qu’un avis consultatif, la décision appartenant aux Conseils municipaux qui sont souverains.

Un vote de l’ACBA acquis au bout de deux heures de discussion qui attira cette réflexion de Martine Bisauta, conseillère communautaire et  adjointe au maire de Bayonne, déléguée au développement durable, le soir même sur sa page Facebook: « L’exigence de certains de vouloir à toute force que l’agglomération se positionne en premier et surtout avant Bayonne est d’ailleurs une atteinte au processus démocratique car cela prive les élu-es non communautaires de la primauté dans le débat….Sûrs du résultat il convenait sans doute de mener ce baroud d’honneur qui sera de bien courte durée, et il n’y a rien de pire que les victoires à la Pyrrhus. Le mouvement est en marche, ce pays a compris qu’il a rendez-vous avec son Histoire et nous pouvons avoir confiance dans ce qui nous attend dans les jours qui viennent! »

…Mais Bayonne a dit oui mardi soir!L’Histoire allait lui donner raison mardi soir lors du Conseil municipal de Bayonne et permettre au maire Jean-René Etchegaray de retrouver quelques couleurs. Notamment, à l’issue de trois heures de déclaration d’amour et de désamour, quand Henri Etcheto qui avait laissé planer un doute sérieux la veille, lançait « Ce projet est séduisant, j’y souscris pleinement, il concilie le désir de reconnaissance du Pays basque avec les valeurs et les principes républicains » Mais d’ajouter quand même qu’il y a des choses à revoir comme la représentativité et la gouvernance.  Dans le camp d’en face, Sylvie Durruty dénonçait l’absence de débat démocratique, le manque de représentativité et la gouvernance complexe ». Rejoint par Philippe Neys qui en chef d’entreprise du BTP constatait: « au-delà de la carte du coeur du patriotisme basque », d’autres ont fait le choix de la raison et le refus de s’engager dans l’inconnu. » Finalement, 29 conseillers ont voté pour et 14 contre. Soit deux tiers des élus.

Pour Anglet, ce soir, 34 voix contre dont celles de l’oppositionClaude Olive, le maire d’Anglet très réservé sur le sujet l’a fait inscrire à la 36e et dernière question de l’ordre du jour du Conseil municipal de ce jeudi. Ce vote consultatif et à bulletin secret de ce jour s’il ne crée pas la surprise permettra de compter les troupes, avant l’échéance finale prévue en mars 2016. Mais Claude Olive n’a pas attendu la réunion publique du Conseil municipal de ce soir et le vote des 39 adjoints et conseillers pour tester sa copieuse majorité face à une opposition qui compte huit conseillers. Une réunion préalable s’est tenue avant le vote de l’Agglo.
 Toujours est-il qu’à l’exception de Jean-François Dulac subdélégué aux langues régionales, la majorité du Conseil a voté comme un seul homme contre le projet d’EPCI. La surprise est quand même venue de l’opposition, avec Jean-Jacques Doyénhart, représentant le PC et Sandra Pereira, mais aussi Guy Mondorge qui ont estimé qu’en matère sociale, de gouvernance et de projet de territoire, cet EPCI devait être largement revu. Finalement, 34 conseillers ont voté contr, 4 pour et 1 abstention. Sandrine Derville (PS) a, elle, voté ce texte en soulignant la qualité et la courtoisie des débats. Une séance, comme l’a souligné le maire: « Nous aimons le Pays basque et nous voulons pour lui le meilleur et rien que le meilleur. Nous ne confondons pas le coeur et la raison. » A bon entendeur….

Certains conseillers départementaux en faisaient la réflexion, verre en main à l’issue de la signature du Contrat territorial Pays basque, les échéances électorales à venir, à commencer par les Régionales conduiraient-elles certains élus dans un jeu de rôle politiquement parlant non identitaire ou identifié. Un exemple: Henri Etcheto, envoie-t-il un signe « calumet de la paix » à ses amis abertzale dont le vote à 22 voix près lui a coûté la magistrature suprême à Bayonne. Alors question: si chacun se félicite d’une forme de  Pays basque reconnu, à commencer par l’Etat, enfin, et qui semble se dessiner, quelle traduction du mot Pays basque ses élus veulent-il faire? Le feuilleton n’est pas terminé et pourrait bien avoir des répercussions. Sur la politique de l’agglomération bayonnaise par exemple.

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