Pendant trois ans, Rafaël Maestro, directeur de Ciné Passion en Périgord et président de l’association des cinémas de proximité en Aquitaine (APCA) a remué ciel et terre pour numériser les petites salles de cinéma indépendantes. Le pari est réussi, grâce à la mutualisation des moyens de différents acteurs. En Dordogne, neuf salles sur dix du réseau Ciné passion sont équipées. Celle de Montpon-Ménestérol le sera le mois prochain. En Aquitaine, ce sont 69 établissements sur 77 regroupés au sein de l’APCA qui ont procédé à cette mutation technologique.
«Il a fallu en premier lieu résoudre les aspects financiers : le projecteur numérique coûte à lui seul 85 000 €, auxquels il faut ajouter 15 000 € pour aménager la cabine. Le conseil régional a financé 30 % de chaque équipement, la contribution des distributeurs au numérique rendue obligatoire et l’aide du Centre national de la cinématographie ont permis de couvrir 60 % de ces investissements, seuls 10 % restants sont à la charge de l’exploitant, » explique Rafaël Maestro.
« Un combat à mener »
Côté spectateurs, cette mutation technologique n’a pas occasionné une hausse de fréquentation, mais une parfaite stabilité. «Depuis dix ans, le réseau Ciné passion en Périgord enregistre un nombre de spectateurs compris entre 210 000 et 230 000 par an. Pour moi, nous avions un combat à mener, celui de permettre à nos habitants de zones rurales ou de petites villes d’avoir la continuité d’accès aux films. Les copies en 35 mm argentique se font rares. Les gros distributeurs ont vite compris leur intérêt: la qualité est excellente, une copie argentique revenait à 1000 €, contre une centaine d’€ pour son équivalent numérique, » observe le directeur de Ciné passion.
La dernière étape du passage au numérique sera d’équiper les cinémas itinérants, mais la technologie n’existe pas encore. De nouveaux projecteurs sont annoncés pour le printemps. Et Ciné passion espère bien les expérimenter.
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Claude-Hélène Yvard