Le désengagement de l’Etat sur Lascaux IV passe mal


Conseil général de la Dordogne

Le désengagement de l’Etat sur Lascaux IV passe mal

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 11/09/2012 PAR Claude-Hélène Yvard

Le futur centre d’art pariétal, connu sous le nom de Lascaux 4, se veut pour les concepteurs du dossier avec en tête le Conseil général de la Dordogne, qui en assure la maîtrise d’ouvrage, un équipement touristique et culturel de référence. Evalué à 48,6 millions d’euros, ce projet comprendra une réplique de la grotte originelle plus complète que Lascaux II.  Depuis 1983, le site est la reproduction d’une partie des peintures de la grotte. Il accueille chaque année 300 000 personnes dont 250 000 entrées payantes. Seuls deux sites en Dordogne dépassent 200 000 visiteurs : Lascaux II et le château de Castelnaud. Lascaux est géré par la Sémitour. Lascaux II génère 2,5 millions de CA annuel avec la billetterie et les produits dérivés.

Forte de plus de deux millions de visiteurs  par an, la Dordogne voit chaque année s’accroître le poids du tourisme dans le champ économique. Il représente 22 % de l’activité. Parmi les moteurs de ce développement la préhistoire et surtout Lascaux. Concernant la préhistoire, onze grottes, abris ornés et sept gisements sont ouverts au public. Cet ensemble unique accueille 500 000 visiteurs, malgré des contraintes en termes de capacité d’accueil et de protection du patrimoine.

L’abandon du dossier est inimaginableC’est pourquoi, malgré le désengagement de la participation de l’Etat, en Dordogne, personne, à gauche, comme à droite, n’ose imaginer l’abandon du dossier. Bernard Cazeau, le président du Conseil général, Germinal Peiro, le député du Sarladais et vice-président du Conseil général en charge du tourisme et Alain Rousset, président de la région Aquitaine ont décidé de se battre ensemble pour que le dossier puisse aboutir et trouver des solutions alternatives de financements, sans doute en faisant appel à du mécénat privé. Un retard sur le calendrier est jugé préjudiciable. Le calendrier est en effet lancé. Pour une ouverture prévue au 1er juillet 2015, le choix de l’architecte doit intervenir au plus tard début octobre. Le démarrage du chantier est fixé à mi-décembre 2013 pour une ouverture au public le 1er juillet 2015. Convaincu que la seule façon de maintenir l’accès public aux sites patrimoniaux fragiles comme Lascaux, à travers des répliques, le Conseil général de la Dordogne a lancé dès 2010 deux grands projets : Lascaux III et Lascaux IV. Lascaux III est un  concept d’exposition itinérante dans les grands musées du monde. L’idée est de proposer à un  public qui n’aura jamais l’occasion de venir en Périgord, des répliques grandeur nature et fidèles des peintures de la grotte originelle, en faisant appel aux technologies numériques avancées. Aujourd’hui, Lascaux III est réalisé, son financement bouclé. Cette exposition sera inaugurée dans un mois à Bordeaux. Des contrats sont passés avec plusieurs musées américains, et on peut imaginer que l’exposition à Cap Sciences amènera d’autres signatures. Ces locations aux musées internationaux représentent un apport de ressources conséquentes. Si on ajoute le mécénat privé tant français qu’international, les collectivités devraient rentrer dans leur investissement de 3 millions d’euros.

L’engagement des collectivitésPour Bernard Cazeau, la décision de la ministre de la Culture est « surprenante dans la mesure, où la mise en œuvre de ce grand projet structurant pour la Dordogne répond d’abord à la nécessité de sanctuariser la colline de Lascaux et ceci à la demande de l’Etat et de l’Unesco. » La réalisation du projet Lascaux IV n’est pas abandonnée. Le département de la Dordogne et la région Aquitaine se disent prêts à prendre en charge le financement permettant d’assurer la finalisation du dossier avec le soutien financier d’entreprises privées. Alain Rousset l’a assuré lors de sa conférence de presse de rentrée (lire par ailleurs). Les collectivités sont en effet engagées sur plusieurs plans : l’achat des terrains à la demande de l’Etat, les études préalables et le concours réalisés dans le cadre d’un accord avec l’Etat sous la conduite du Préfet de région, la présélection des équipes d’architectes et des scénographes.

La cohérence du dossierLe projet est cohérent au regard de la dimension culturelle de la politique d’aménagement du territoire, de la politique touristique régionale s’attachant à valoriser l’intérieur de la région au regard de la présence massive sur le littoral et de la dimension internationale de Lascaux mise en avant pour promouvoir le Périgord.  Les projections financières (sur la base d’une estimation de 400.000 visiteurs par an) sont de nature à générer des retombées intéressantes sur l’économie régionale, sans parler des travaux engagés localement. 

En outre, là où le bât blesse c’est que la dizaine de projets annoncés comme abandonnés par la Ministre  étaient financés sur les seuls fonds publics de l’Etat. Leur arrêt apparaît cohérent au regard des économies nécessaires à réaliser. Sauf que Lascaux IV est conçu sur la base d’un accord tripartite Etat/ Région/ Département avec un apport de 16,2 millions d’euros par partenaire. Avec la participation de fonds européens, la part de l’Etat aurait pu être réduite à douze millions d’euros voire à dix millions et non à  50 millions comme le laissent entendre les propos d’Aurélie Filippetti. Elle ne mentionne pas non plus les autres partenaires.

Autre point de débat, la sanctuarisation de la colline de Lascaux voulue par l’Etat et l’Unesco implique d’interdire la circulation sur la colline, donc l’accès à  Lascaux II, dont la gestion est confiée à la Sémitour, société d’économie mixte constituée par le Département . Les cars vont donc continuer à circuler vers Lascaux II, sauf si la sanctuarisation est décidée de manière effective. Dans ce cas là, la question de l’indemnisation de la Sémitour se pose inévitablement.

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