La Nouvelle-Aquitaine finalise son « plan d’urgence »


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La Nouvelle-Aquitaine finalise son "plan d'urgence"

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 09/04/2020 PAR Romain Béteille

Sanitaire et social

Le premier volet de ce plan est sanitaire. Il confirme d’abord le chiffre de six millions de masques en achat groupé : une première commande avec les départements, la métropole de Bordeaux et l’agglomération de Pau de 2,4 millions de masques chirurgicaux et 260 000 masques FFP2; une deuxième avec les départements et les communes de « minimum » 2,8 millions de masques supplémentaires dont 600 000 FFP2 (« volume complété par les commandes directes auprès de l’AMPA par certaines communes). Livrés cette semaine, les masques devraient être répartis « dans les établissements en fonction des besoins prioritaires » définis par l’Agence Régionale de Santé. La collectivité annonce aussi la commande, en cours, de 355 000 sur-blouses et 260 000 charlottes. « En Nouvelle-Aquitaine, le renouvellement nécessaire représente trois millions de tenues et de masques par semaine », a ainsi précisé le président de région, Alain Rousset. Quasiment 500 entreprises et 150 rendez-vous, tels sont les premiers résultars de l’AMI (Appel à Manifestation d’Intérêt) lancé par la région pour la fabrication urgente d’équipements médicaux. C’est le cas, par exemple, de l’entreprise Indiscrète dans la Vienne, passée des dessous féminins à la fabrication de masques, de la société d’emballages Next pour une commande de sur-blouses ou encore de la société de linge de maison Moutet, mise à contribution pour la fabrication de masques en tissu. « Nos négociations avec Bruxelles devraient nous permettre d’affecter 15 millions d’euros de fonds FEDER pour abonder cet AMI. Je souhaite ramener en France la production de principes actifs de médicaments, partis en Chine et en Inde, à partir de produits bio-sourcés. La sortie de crise devra aussi se faire par une diversification et des produits nouveaux. Le prix des masques et des surblouses a été multiplié par dix. Il y a aussi, derrière, un enjeu purement financier. C’est du business », a confirmé le responsable régional.

Du côté des mesures pour les soignants, la mobilisation des internats des lycées à proximité des CHU et des CH pour accueillir les soignants, annoncée la semaine dernière, a été étendue et concerne désormais les internats de Limoges (lycées Renoir et Pagnol, Poitiers (Kyoto), Guéret (Bourdan), Mont- de-Marsan (Despiau) et Tulle (Perrier).  Plusieurs autres internats, situés à Aubusson, Confolens, Barbezieux, Angoulême et Périgueux, sont en cours de déploiement. À Limoges et Mont-de-Marsan, des lignes de transport spécifique entre les internats des lycées et les centres hospitaliers ont été mises en place. La région a également appelé au volontariat le personnel exerçant dans les cuisines des lycées pour aider dans la mise en place de ce nouveau dispositif d’hébergement du personnel soignant, qui bénéficie également de la gratuité des transports (TER et cars interurbains) et d’un appui des étudiants infirmiers et des aides-soignants volontaires (avec maintien des bourses régionales). À destination des plus fragiles, en plus de dons de denrées issues des stocks des lycées à la Banque Alimentaire, le plan prévoit la mise en place d’un accès (actuellement à l’étude à Bordeaux) à des gymnases et piscines pour l’utilisation des douches et des sanitaires par des personnes sans domicile fixe, une poltique qui reste encore à définir selon les territoires et les besoins. 

Économie : 23 millions d’euros de plus

Le volet purement économique, à destination des entreprises en difficulté, a été réhaussé. De 50 millions annoncés au départ, il a été porté à 73 millions. : 20 M€ de participation régionale au fonds de solidarité de l’État et des régions (1 milliard d’euros au total, dont les mesures sont détaillées ici), 20 M€ de fonds de prêt régional aux TPE et PME, 12 M€ de fonds de prêts aux TPE et associations (montant doublé par un abondement de la Banque des Territoires), 1M€ de fonds de prêts pour les structures de l’économie sociale et solidaire, 15M€ de fonds de soutien d’urgence (subvention et/ou avance remboursable) aux entreprises « ayant des besoins de trésorerie non couverts par les autres dispositifs » et, enfin, 5M€ de fonds de soutien aux associations. Tous les fonds de prêts sont à taux zéro, les subventions aux associations sont des aides de trésorerie de 1500 à 20 000 euros pour des associations de moins de 50 salariés et les 15 millions de fonds de soutien d’urgence aux entreprises vont de 10 000 à 100 000 euros pour les entreprises de moins de 50 salariés et de 100 000 à 500 000 euros pour les entreprises de 50 à 250 salariés. À CES fonds s’ajoutent un moratoire d’un an sur les remboursement des avances remboursables de la région (11 millions d’euros sur l’année 2020), une augmentation du niveau des acomptes à destination des TPE/PME/ETI, et un allègement du recouvrement de dettes (suspension des échéances de remboursements de prêts pour 12 mois, des poursuites à l’encontre des entreprises ou du recouvrement des trop-perçus « jusqu’à nouvel ordre ». 

Pour ce qui est des entreprises du bâtiment, la région a précisé qu’elle n’appliquerait pas de pénalité pour les entreprises réalisant des chantiers pour le compte de la collectivité et qui se retrouveraient dans l’incapacité de les assurer. « Le retour au travail est une question sensible dans le BTP, les salariés sont inquiets. Nous sommes en train de mener une réflexion à destination des entreprises de tous les secteurs d’activité pour voir s’il ne pourrait pas y avoir, branche par branche une nouvelle configuration du travail à l’image de ce qui a été fait avec Turboméca. Cette crise va nous amener à réfléchir à l’organisation des lignes de production et de la relation au travail. Il appartient à chaque entreprise de gérer ça, mais on va travailler avec les branches professionnelles pour assurer la sécurisation des salariés sur les chantiers », a ainsi précisé Alain Rousset, qui n’a pas non plus perdu l’occasion d’évoquer l’intérêt renouvelé de la décentralisation et des expérimentations de l’Usine du Futur. « L’humain revient en économie, en social, en solidarité, le retour de la proximité. Tout ce qui fonctionne en silo est retardé. Les hôpitaux ne se parlent pas, le modèle centralisé fait qu’on est cloisonnés. Ce qui m’inquiète, c’est la relation donneur d’ordre-sous traitant. Airbus baisse sa production, je suis très inquiet pour les sous-traitants aéronautiques. Je proposerai aux patrons des grandes groupes qu’on créé une cellule pour accompagner la diversification et la structuration de la sous-traitance. Pour l’heure, il faut demander à ces grands groupes de pouvoir payer les commandes très vite. Les grands groupes sont certes des champions, mais ont été aspirés à l’international et ont demandé à beaucoup de PME de délocaliser une partie de leur fabrication. La crise va particulièrement frapper ces sous-traitants. Toutes les théories libérales portées par Bercy et La Cour des Comptes nous ont emmené dans un mur avec un drame social atroce. Le capitalisme financier tel que présenté doit être, par une volonté des États, remis en cause. Dans les aides que l’on propose, ne pas verser de dividendes sera d’ailleurs une condition d’obtention. J’entends des réflexions en France où on voudrait continuer à les reverser… On reste dans des débats insupportables ou beaucoup camouflent la cupidité derrière la compétitivité, qui est l’organisation de l’entreprise ». 

La région, enfin, peut compter sur la solidarité européenne : avance de trésorerie de 23 millions d’euros, investissements en santé ou fonds de soutien aux PME rendus désormais éligibles aux financements européens ou encore facilitation de la réorientation des crédits non programmés du fonds FEDER pour la période 2014-2020. « La baisse des différents projets va permettre d’utiliser ces fonds pour les achats de masques et de tenues de protection, mais aussi création d’une communauté régionale entre les entreprises qui peuvent se reconvertir vers la fabrication de dispositifs de protection, de pièces de respirateur ou encore de recherche sur les principes actifs des médicaments », a souligné l’élu PS, qui n’est pas plus tendre avec certaines logiques économiques internationales qu’avec le gouvernement dont il dénonce la gestion de crise : « l’impréparation de l’appui aux hôpitaux publics et aux services d’urgences en matière de moyens de sécurité est assez peu pardonnable. On regarde avec un mélange de colère et de dérision les analyses qui avaient été faites par la Cour des Comptes ou l’Inspection des Finances à l’égard des services et de l’hôpital publics, mais ça ne vient pas que de ce gouvernement… ». L’ensemble des fonds et des mesures de ce plan d’urgence sont détaillés sur le site entreprises.nouvelle-aquitaine.fr. La totalité de ces mesures annonce en tout cas, pour le président de la collectivité régionale, un budget supplémentaire qui interviendra « dans un contexte difficile, avec une baisse de recettes de l’ordre de 70 à 100 millions d’euros à laquelle s’ajoute ce plan d’urgence. Il va falloir que dans la façon de revoir notre buget, nous puissions maintenir nos équilibres budgétaires. Nous sommes en négociation du côté de Régions de France avec le ministère de l’économie afin que ces mesures de plan d’urgence soient inscrites en investissements ». 

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