L’industrie du gemmage, un retour possible en Aquitaine ?


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L'industrie du gemmage, un retour possible en Aquitaine ?

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 30/10/2012 PAR Solène MÉRIC

Quand on pense au gemmage dans les paysages landais ou girondins, ce sont bien quelques clichés noir et blanc de Félix Arnaudin qui reviennent en mémoires… et pourtant tout aussi séculaire, traditionnel voire folklorique que le gemmage peut parfois paraître, le projet européen Sust-Forest présenté, ce jour, par José Alcorta de Rescoll s’attache à démontrer le caractère moderne, rentable et durable de cette industrie. En termes d’utilisation finale, la gemme, que ce soit par son composant solide, la colophane ou par son composant liquide, la térébenthine, est présente dans de multiples utilisations: la parfumerie et la cosmétique, les adhésifs, le chewing gum, les peintures, les laques, les vernis, le marquage routier, etc. Si la France a abandonné l’extraction de gemme, tout en gardant des compétences dans l’analyse et le fractionnement de la matière première, comme par exemple l’entreprise historique DRT, l’Espagne et le Portugal n’y ont pas renoncé.

710 000T produites par la Chine
Avec des productions de 5000 T par an pour chaque pays, la production est loin, très loin, d’être impressionnante au regard des 710 000 T produites par la Chine en 2011, pas plus qu’elle ne tient la comparaison avec les 70 000 T produites par le Brésil, 2ème producteur mondial. Pour autant, sur ce marché mondial «rien n’est stable» assure l’expert brésilien Alejandro Cunningham. Pour preuve, les prévisions pour 2012 annoncent une chute d’un tiers de la production chinoise, entrainant dans son sillage une ixième  instabilité des prix, entre pic historique et retour à une normalité toute relative.  Un double phénomène qui s’explique, selon l’expert, à la fois par une ressource jusque-là surexploitée qui commence à se limiter, une spéculation importante, et une main d’œuvre que le gemmage peu rémunérateur n’attire plus.  
A long terme, et tous les intervenants de la journée s’accordent sur ce pronostic, l’offre mondiale va vers la stagnation voire la diminution, alors que la demande, notamment avec l’arrivée de nouveaux pays industrialisés, va croissante… Autrement dit, considérer qu’il y a de la place pour les acteurs européens, n’a rien d’irraisonnable. D’autant que le développement d’une telle industrie permettrait de « réduire la dépendance par rapport aux pays producteurs, de fournir un approvisionnement stable en prix et en volume aux industriels européens, et d’assurer des délais d’approvisionnement plus courts », souligne Marilys Blanchis, correspondante pour la France du projet Sust-Forest. Détail d’importance, la mise en route, en France, d’un gemmage industrialisé pourrait ouvrir près de 30000 emplois estime-t-elle.

Des initiatives en Aquitaine

José Alcorta, Rescoll

Elle indique également que du point de vue de la matière première, le pin européen n’a rien à envier à ses concurrents. Ses propriétés chimiques assurent une grande polyvalence d’utilisation à sa colophane, et sa térébenthine ne contient pas de D3 carène, composant irritant, ce qui est une qualité forte du point de vue de l’utilisation cosmétique de la térébenthine. Autre avantage, les forêts européennes sont éco certifiées, ce qui est loin d’être le cas chez les concurrents Chinois. Les perspectives sont donc encourageantes, et l’extraction de la gemme suscite déjà des initiatives economiques en Aquitaine. L’une pour le compte d’une entreprise d’aromathérapie, l’autre pour une société d’investissement forestier. Le pôle Xylofutur, est aussi sur le coup avec deux programmes de recherche autour de la chimie verte dans laquelle la résine du pin à toute sa part.

Vers un Conseil sectoriel de la résine au niveau européen ?
Mais, un frein reste présent : le prix de la résine si celle-ci venait à être extraite en Aquitaine. Certes moins lointaine, les volumes de cette production seront bien moindres que ceux dégagés par la Chine ou les pays chauds. Et, malgré des atouts environnementaux importants, le marché d’une résine éco certifiée n’est pas encore « assez mature » assurent certains industriels présents. C’est bien aussi dans le but de faciliter le dialogue entre tous les acteurs d’une future filière, des propriétaires forestiers, aux industriels et centres de recherche en passant par les gemmeurs, que le projet Sust Forest porte en lui l’espoir de créer un «Conseil Sectoriel de la Résine au niveau européen».
Débuté en 2010, le projet, qui mène également des expérimentations sur l’amélioration mécanique de l’extraction ou l’impact du gemmage en termes de prévention des incendies, devrait rendre ses conclusions en mars 2013.

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