Je suis Charlie : Quinze mille Périgourdins pour dire NON


Claude Hélène Yvard

Je suis Charlie : Quinze mille Périgourdins pour dire NON

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 11/01/2015 PAR Claude-Hélène Yvard

Le dimanche 11 janvier 2015 restera une date historique, dans la mémoire de nombreux Français, que nous soyons athés, catholiques, musulmans, noir, blanc, beur, policiers, journalistes, enseignants, élus de la République. En ce jour, le peuple de France, au delà de ses différences, s’est rappelé ses valeurs. La République s’est mise debout au nom du vivre ensemble. Partout, la mobilisation, pour dire non à la barbarie, non au fanatisme, oui à la liberté d’expression, a été forte. Ce sont des millions de Français qui sont descendus dans les rues. La Dordogne s’est fortement mobilisée, y compris dans de petits villages.  A Bergerac, ils étaient 10 000 personnes. A Périgueux, la place Badinter et les alentours de l’arbre de la liberté étaient noir de monde dès le début d’après midi. La préfecture fait d’état du chiffre officiel de 15 000 personnes, peut être plus. Les gens sont venus parfois de loin, de Ribérac, de Mareuil, de Verteillac, de Saint -Jory de Chalais. Ils sont venus en couple, en famille, avec parfois de très jeunes enfants. Toutes les générations sont là, dignes. Dès 13 h 30, ce sont les maires de Dordogne qui ont ouvert la manifestation, ceints de leurs écharpes tricolores, à l’initiative de l’Union des maires  de la Dordogne et du maire de Périgueux qui a accuelli ces élus dans la salle des mariages avant de rejoindre à quelques centaines de mètres, la place Badinter.

Les élus de la République ont rejoint les nombreux anonymes« Nous pleurons la mort de ceux qui n’avaient qu’un crayon pour toute arme. »Peu après 14 heures, la manifestation digne et solidaire, débute. La seule prise de parole sera celle du président du club de la presse du Périgord, Ewen Cousin, journaliste à l’Echo Dordogne. Avec beaucoup d’émotion, il lit le message commun du MRAP, de SOS Racisme et de la ligue des droits de l’homme, intitulé pour une République effective. « Aucun mot, aucune formule ne peuvent traduire notre peine : nous pleurons la mort de ceux qui n’avaient qu’un crayon pour toute arme. » La foule, à ce moment est silencieuse. « Aucune démocratie ne peut accepter de se plier au fanatisme, à la violence, encore moins quand elle est dirigée contre un de ses piliers, la liberté d’expression. » Les journalistes périgourdins sont là en nombre. Tous les médias de la Dordogne sont représentés. A l’appel du président du club de la presse du Périgord, ils ont tendu leur carte de presse lors de la minute de silence, au milieu de bien d’autres signes de solidarité : affiches, crayons, unes de Charlie… Cette minute de silence s’achève par la foule qui entonne la Marseillaise, suivis d’applaudissements. Initialement, aucune marche silencieuse n’était prévue. Il y en aura finalement une, improvisée, dans les rues de Périgueux. La foule, compacte et nombreuse, emprunte les boulevards avant de rejoindre la place Francheville. Elle marque une courte pause devant l’agence du journal Sud Ouest, où des enfants remettent symboliquement des crayons à la rédaction.

L’hommage des enfants
Les enfants ont été très nombreux et très présents dans la manifestation périgourdine. Quelques images resteront : celles de ces petits garçons et de ces petites filles, âgés de 6, 8, 10 ans tout au plus qui ont déposé un dessin, une image jesuisCharlie, une bougie au pied de l’arbre de la liberté. Colette 8 ans, de Saint Jory de Chalais est venue avec sa maman Anne Sophie. Avec ses mots, elle explique : « la maîtresse nous a dit que des gens ont été tués. Nous avons fait la minute de silence. Papa et maman m’ont dit qu’on était là pour eux, pour que cela n’arrive plus. » La petite fille a déposé une bougie. Les enfants déposent un dessin, une bougie au pied de l'arbre de la liberté

L’émotion et l’inquiétude de la communauté musulmane
Dans cette foule périgourdine, certaines familles musulmanes sont là, par solidarité, et pour exprimer leur dégoût face à la barbarie de ces derniers jours. Bouazza Itri est conseiller municipal de Marsac sur l’Isle, et secrétaire du consel régional du culte musulman :  » mercredi, quand je suis rentré du boulot, je n’ai pas voulu croire à cette tragédie. Je me suis dit, c’est impossible. C’est un vrai choc. La communauté musulmane en Dordogne représente environ 1500 familles. Beaucoup n’ont pas osé venir aujourd’hui, par crainte d’amalgames. Aujourd’hui, il y a un appel à la prudence et à la vigilance autour de nos lieux de cultes. Mais je voudrais redire que l’Islam c’est le contraire de la barbarie. Ces terroristes ont tué des gens de sang froid, sans la moindre pitié, ni compassion.  Ce ne sont pas des musulmans. Il y a un verset du coran qui dit celui qui tue un homme, tue l’humanité toute entière. Celui qui sauve un homme, sauve l’humanité toute entière. » Il va falloir travailler avec les représentants des autres cultes pour favoriser et développer le vivre ensemble. Nous y sommes prêts. Nous le devons. »

La communauté juive rend hommage à leur fondateur et aux victimes
Cérémonie à la synagogue de Périgueux. Parmi les manifestants périgourdins, on notait la présence d’ Emmanuel Valency, rabbin de la synagogue de Bordeaux. Il n’était pas en Dordogne par hasard. Il avait été invité par la communauté juive de Périgueux qui avait prévu de longue date une cérémonie en hommage à Rolf Hammel, fondateur de leur communauté. Le grand rabbin de France devait être initialement présent mais il était retenu pour la marche républicaine parisienne. « La communauté juive fait partie d’une des composante de la République. Les tragiques événements de ces derniers jours nous rappellent ceux de Toulouse de mars 2012. Notre émotion est immense. Notre communauté déplore 4 victimes. Nous n’oubions pas les autres. Nous devons être vigilants mais ne surtout pas céder à la peur et au repli sur soi. » La cérémonie à la synagogue de Périgueux, devenue trop petite et sous haute protection des forces de l’ordre, a à la fois rendu hommage à Rolf Hammel et aux victimes de ces derniers jours.  Une prière spéciale en hébreu et en Français a été adressée à l’intention des 17 victimes dont tous les noms ont été cités. Une cérémonie remplie d’émotion où assistaient de nombreux élus. 

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