Interview : Yves Petitjean : « redonner confiance aux consommateurs »


aqui.fr

Interview : Yves Petitjean : "redonner confiance aux consommateurs"

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 14/11/2014 PAR Claude-Hélène Yvard

@qui! – Après avoir enregistré un recul d’activité continu depuis deux ans et demi, comment se porte le secteur de l’artisanat et quel est le moral de ces chefs d’entreprises.
Yves Petitjean, président de la CMARA– Depuis dix trimestres, l’ensemble du secteur artisanal enregistre une baisse d’activité continue. Tous les secteurs sont touchés, y compris le secteur des métiers de bouche qui a résisté. Le bâtiment a le plus souffert depuis 2008. C’est la branche qui représente le plus grand nombre d’entreprises, près d’une sur deux. Pour la deuxième année consécutive, nous perdons des effectifs salariés.  La Dordogne par exemple a perdu 4000 emplois depuis 2008. Il y a des licenciements même si bon nombre d’artisans ont tout fait pour conserver leurs gars en attendant des jours meilleurs.  Bon nombre d’entreprises n’ont pas voulu s’investir dans la formation d’apprentis, y compris celles qui ont avaient l’habitude. Beaucoup n’en peuvent plus. Il y a encore quelques mois, on pouvait s’attendre un redémarrage d’activité pour la fin de cette année. Aujourd’hui, on sait que cela ne sera pas le cas. La sortie de crise, c’est au mieux pour le deuxième semestre 2015. Pour les métiers de bouche, les études montrent que les Français vont moins dépenser pour les fêtes de fin d’année. Ce qu’attendent les artisans, ce ne sont pas des énièmes réductions de charges sociales ou patronales. Il est assez logique de payer des charges. Lorsque les entreprises entrent du chiffre d’affaires, cela ne pose pas trop de souci. Ce que nous souhaitons, ce sont des commandes, des devis signés, des affaires. Il faut que chacun de nos concitoyens retrouve cette lueur d’espoir qui fait défaut. Il faut des vraies mesures pour relancer l’économie, redonner confiance aux consommateurs avec l’envie de faire des projets. Pour le secteur du bâtiment, il existe une formidable opportunité avec la rénovation énergétique. A nous et à nos concitoyens de la saisir.

@! – Vous évoquez la diminution des effectifs salariés et du nombre d’apprentis en formation. Que pensez vous des dernières mesures prises par le gouvernement ?
Y. P. – Depuis fort longtemps, le secteur artisanal est très attaché à l’apprentissage. Pour nos métiers, c’est un moyen de transmettre nos savoir faire et de renouveler les générations. Nos gouvernants avaient mis en place des coups de pouce financiers pour inciter les entreprises à prendre des apprentis. Puis ces aides modiques ont été remises en cause. En période de doute et d’incertitude, ces suppressions ont eu des effets dévasteurs, alors que le gouvernement affiche sa volonté de développer l’apprentissage. Aujourd’hui, les dernières mesures  prises par notre gouvernement vont dans le bon sens. Les entreprises de moins de 11 salariés qui embauchent un apprenti pourra percevoir 2000 euros par an et par apprenti à partir de janvier 2015. C’est un geste. Cette impression de yo yo, ce sentiment d’un pas en avant, un pas en arrière de la part de nos gouvernants ne contribuent pas à redonner confiance aux consommateurs et aux chefs d’entreprises.

@! – Parmi les sujets d’actualité abordés à Périgueux, il y a l’entrée en vigueur du compte pénibilité. Qu’en pense le secteur artisanal ?
Y. P.
Cette mesure est absolument inapplicable dans nos entreprises, qui pour la très grande majorité sont des TPE à deux ou trois salariés. Comment un artisan va pouvoir définir ou demander de noter chaque jour à chaque salarié, ce qu’il a réalisé comme tâche dite pénible, s’il a porté des poids, s’il a travaillé dans le froid. C’est une contrainte supplémentaire dont nous n’avons absolument pas besoin. Qu’on aboutisse d’abord sur la simplification des tâches administratives, cela nous rendrait davantage service. Je vais plus loin, à mon  avis. C’est un non sens. Qu’est ce qu’un métier pénible ? L’est il par des horaires irréguliers ? Par le port de charge ? Par des gestes répétitifs? Le risque est que cela mettre l’accent sur certains de nos métiers réputés durs, dans le bâtiment notamment. C’est contre productif. Alors que les organisations professionnelles ont beaucoup travaillé  ces dernières années pour redonner une image positive auprès des jeunes de nos métiers, afin qu’ils choisissent cette voie. Notre secteur a fait beaucoup d’efforts pour rendre nos métiers moins durs, par l’amélioration des matériels.  

@! – Les élus régionaux sont réunis ce vendredi à Périgueux. Un des principaux sujets abordés est la future réforme territoriale. ? Où en est t-on actuellement ?
Y. P.  –
C’est le vrai débat du moment. J’ai déjà pris des contacts avec mes homologues du Limousin et de Poitou Charentes puisque nous allons vers une grande région à douze départements au lieu de cinq. En tant qu’organisme de service public, nous n’aurons pas le choix d’appliquer cette réforme territoriale. Elle aura inévitablement des conséquences sur l’organisation du réseau des chambres de métiers. Nous aurons l’obligation de mutualiser les fonctions supports, comme c’est déjà le cas, pour les trois chambres (Dordogne, Gironde et Lot et Garonne) qui ont fusionné en 2010, lors du précédent scrutin. Pour notre réseau, la future grande région compte 1600 collaborateurs des chambres de métiers : 750 sur les cinq départements aquitains et 147 en Dordogne. Cela supppose une vaste réorganisation des services : celle ci doit se faire sans casse pour nos collaborateurs, sur la base du volontariat. Certains seront amenés à changer de fonction et bénéfieront de formations. Certains départs volontaires ou en retraite ne seront pas remplacés. Quant aux prochaines élections aux chambres de métiers, le prochain scrutin doit avoir lieu normalement en novembre 2015. Mais ne connaissant pas les modalités, on ne sait pas s’il aura lieu à la date prévue.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Dordogne
À lire ! ÉCONOMIE > Nos derniers articles