Interview Michel Laplénie: L’âme de l’Académie de musique ancienne du Festival du Périgord Noir


Michel Garnier

Interview Michel Laplénie: L'âme de l'Académie de musique ancienne du Festival du Périgord Noir

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 31/07/2011 PAR Joël AUBERT

@qui! – Michel Laplénie, vous voici, fidèle à ce Festival du Périgord Noir et à la Direction de l’Académie de musique Ancienne, la onzième, qui est, désormais, chaque année, le premier temps fort du Festival, avec ce rendez vous en compagnie de beaucoup de jeunes…
Michel Laplénie –
Oui, absolument. Le 11 ° rendez vous, en effet, dans ce lieu de Saint Amand de Coly, cette abbatiale, avec l’esprit de ce lieu qui est très porteur. Se retrouver dans l’ambiance sereine d’un très beau village, y travailler, c’est déjà une stimulation en soi mais aussi y retrouver une équipe de jeunes chanteurs et instrumentistes qu’on a choisis, au mois de février, pendant les auditions à Paris et à Bordeaux.  Des jeunes que d’ailleurs, l’on connaît plus ou moins mais qui, à la fin de la session, deviennent souvent des amis et participent, par exemple, aux activités professionnelles de Sagittarius… L’enjeu est fort, avec des gens passionnés qui sont en attente de conseils, vont vivre en groupe,  ce qui n’est pas toujours le cas pour les chanteurs, souvent individualistes.  Mais là il y a un esprit particulier, chez les « baroqueux » qui adorent à la fois s’exprimer en tant que solistes mais aussi chanter en polyphonie, en ensemble. 
Oui, c’est une grande attente, depuis plusieurs années, ce début d’Académie; l’expérience m’a prouvé que cela se passait très harmonieusement.

@! – J’ai le souvenir l’an dernier de la création des Indes Galantes, de l’enthousiasme de tous ces Académiciens…
M. L.
– Oui, enthousiasme à plusieurs niveaux car, d’une part, ils ont vécu une expérience incroyable en quinze jours ; ils ont monté l’intégralité d’un Opéra que d’habitude on crée en quatre, cinq semaines dans une Maison d’Opéra. Ici, il y a des contraintes mais ce ne sont pas les mêmes ; elles sont dues plutôt à un lieu, l’église de Saint-Amand qui n’est pas un théâtre : tout  le monde fait avec, aussi bien notre metteur en  scène qui est un ancien de l’Académie que ces jeunes qui ont la possibilité, de monter sur un plateau, de jouer avec un orchestre, ce qu’il ne feraient peut être pas au début de leur carrière dans une maison d’Opéra. Ils sont  obligés de se dépasser, de  donner le meilleur d’eux-mêmes. Le fait aussi de se trouver dans ce lieu insolite,  chanter un opéra par exemple, complètement profane, sur des sujets parfois scabreux et de faire équipe aussi avec des instrumentistes, de découvrir des instruments qui ne leur sont pas familiers comme le théorbe, la viole de gambe, le basson baroque….Faire équipe, partager une table périgourdine où ils apprécient à la fois les saveurs et ce moment qui est en quelque sorte une expérience unique au début de leur carrière. Tout cela, pour eux, c’est très prometteur.

@! –  Cette année vous ne faites  pas dans le profane dans l’église de Saint Amand de Coly…
M. L. –
Cette année nous donnons deux œuvres autour  de la figure emblématique des musiciens, celle de Cécile leur patronne. L’une, très connue qui est l’ode à Sainte Cécile de Purcell, souvent donnée en concert et j’ai mis, en regard  de cette œuvre, une petite histoire sacrée de Charpentier que je connais très bien car ce fut la première chose que j’ai chantée avec « Les Arts Florissants », que William Christie nous a fait travailler, « Caecilia virgo et martyr ». Un opéra sacré qui dure une petite demi-heure; Charpentier a dû l’écrire à son retour de Rome, justement très romain dans l’esprit, très dramatique aussi dans lequel je tenais le rôle de Valerianus qui doit l’être par une taille, donc un ténor un peu hybride.. çà me fait tout drôle quand j’écoute des enregistrements de cette époque…je me dis: c’est toi qui chantais cela !

@! – Une re-création pour vous, en quelque sorte…
M. L. –
Je n’ai jamais eu l’occasion de refaire cette œuvre et j’ai pensé que ce serait une occasion de la remettre sur le chantier et de la faire travailler à des jeunes, de transmettre ce que j’ai appris à cette époque là, de les faire évoluer. De chanter, à la fois des passages très dramatiques avec des récitatifs assez violents et des beaux ensembles très planants comme le chœur final des Anges, quand Cécile monte vers le ciel, accompagnée par un chant céleste génial.

Cela fera connaître, à la fois au public mais aussi aux chanteurs cette œuvre de Charpentier, vraiment très belle. Et ceci en première partie. Avant, en seconde partie, la présentation de l’opéra de Purcell, plus connu qui célèbre Cécile comme patronne des musiciens, sur un texte assez curieux où il est question des atomes de l’Univers que la musique réunit entre eux… Il y à, là, un arrière plan qu’il faudra creuser et j’ai eu l’idée, avec l’équipe du Festival, de faire venir Allan Mottram, un ami musicien, chanteur écossais d’origine, qui a beaucoup chanté ce répertoire; il va venir faire travailler les Académiciens sur la prononciation de l’anglais et aussi le sens profond.. On sera sur le vif d’une œuvre et on pourra faire un travail d’autant plus passionnant que je serai secondé par deux amis de longue date, des anciens des Arts Florissants, Simon Heyerick, violoniste  qui y joue toujours, que j’ai connu lorsqu’on a fait Atys, ensemble, en 1987, et Yvon Repérant  le chef de chant qui était du tout début des Arts Florissants.

@! – Un beau trio que vous formez là et dont Jean-Luc Soulé le président du Festival parle avec admiration.
M. L. –
Oui, mais il faut travailler de façon très collégiale chacun apporte ses idées.  Je ne suis pas le chef rigoriste qui impose… J’adore la discussion ; de temps en temps il faut changer d’optique et cela se présente dans le baroque où les références ne sont pas très explicites  dans la partition.

@! – Et puis,  cerise sur le gâteau, Michel Laplénie, il y aura à Brive, sur vos terres de naissance, le 9 octobre, une reprise partielle du « Fairy Queen » de Purcell, donné en 2009, à Saint- Amand-de-Coly…
M. L. –
C’est un de nos vœux chers, de longue date, à Jean Luc Soulé et Véronique Iaciu, la directrice artistique du Festival: que cette Académie débouche sur d’autres spectacles. Ce sera l’amorce d’une collaboration avec la ville de Brive qui inaugure un nouveau théâtre, une nouvelle salle; nous allons à la fin de l’Académie, sur place, en repérage.

Permettez-moi aussi de rappeler que le vendredi 12 août nous donnerons, avec les lauréats de  l’Académie, que Véronique Iaciu a eu l’idée de recontacter, des extraits des créations précédentes; ce sera vraiment  une belle aventure de se retrouver là. Six chanteurs et six instrumentistes dans une dimension intimiste, dans la superbe église d’Auriac qui a une très belle acoustique…

www.festivalduperigordnoir.fr

« Caecilia, virgo et martyr » de Marc Antoine Charpentier, « Hail, bright Cecilia  » de Henry Purcell le 7 août à Saint-Amand-de-Coly à 15h et 21h concert gratuit.

« Franz et Marie » le 4 août dans les Jardins du Manoir d’Eyrignac à Salignac avec Alain Carré, Emmanuelle Gaume, Gérard Caussé et Giovanni Bellucci qui aura, par ailleurs, carte blanche les 9 et 10 août avec « Génération 1810 » et « Liszt et Faust » à Saint-Amand-de-Coly et Saint-Léon-sur-Vézère.

Photos : Michel Garnier – Tous droits réservés

 Propos recueillis par Joël Aubert

 


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