« Donner à montrer et à entendre que la musique se coupe en tranches », mais qu’elle forme un tout, qu’il n’y a pas les amateurs de baroque d’un côté, de jazz de l’autre ». En quelques mots, Jean-Luc Soulé donne l’esprit qui va animer ces quinze jours de festival. Même si, après un début éclectique passé par le jazz et la musique yiddish, la semaine qui arrive sera plutôt placée sous le signe du classique, avec un premier concert ce soir en l’église de Rouffignac et en point d’orgue, l’opéra de Purcell, The King Arthur, monté par l’Académie de musique ancienne et qui sera joué à la fin de la semaine. Un « opéra difficile à monter », comme le souligne Jean-Luc Soulé, mais une vraie opportunité pour ces jeunes professionnels. « Ca leur permet d’avoir une expérience en vraie grandeur de l’opéra, de se confronter à cet enjeu », et surtout de se faire remarquer, lors de la présentation, par des professionnels présents dans le public. Un pari ambitieux, au vu des coûts élevés d’un tel projet – il nécessite en effet des costumes, une mise en espace, de la vidéo, de la lumière – mais que le Festival n’a pas hésité à assumer.
Autre idée forte pour ces trente ans : le passage de génération. « C’est l’idée que des grands maitres passent le flambeau à des jeunes » explique Jean-Luc Soulé. Et ce sera un des rendez-vous à ne pas manquer des semaines à venir : la rencontre entre le pianiste Tamas Vasary, quatre-vingts ans, et le quatuor Mako tout d’abord, quatre jeunes hongroises dont la moyenne d’âge n’excède pas vingt ans, puis avec celui, qui malgré son jeune âge, fait déjà partie des légendes de la musique, le violoniste Renaud Capuçon. « Notre ambition est aussi de faire jouer ensemble des gens pleins de talents, mais qui n’ont pas forcément l’occasion de le faire », précise-t-il.
Instaurer la gratuité pour un certain nombre de représentations
Enfin, dernier objectif : permettre au plus grand nombre de pouvoir assister à ces concerts rares, puisque créés spécialement pour et par le festival, en instaurant la gratuité pour un certain nombre de représentations. Dont l’opéra de Purcell. Selon Jean-Luc Soulé, « c’est un choix que j’ai fait d’offrir les concerts de l’Académie, pour pouvoir accepter le plus large public. C’est un peu notre mission d’intérêt général ».
Alors, le festival passera-t-il le cap des trente ans dans la sérénité ? En tout cas, pour l’instant, la recette parait fonctionner. La preuve par le public, qui n’a pas boudé son plaisir lors des premiers spectacles.