Comme un symbole de l’ampleur de la contestation sociale, ce jeudi, de nombreux salariés du privé (Dassault, Ford, Conforama) défilaient dans le cortège au côté du personnel hospitalier, de l’éducation… Même les employés de la grande distribution étaient là. Le fait est suffisamment rare pour être souligné et témoigne d’une réelle angoisse qui traverse toutes les couches sociales. Même les cadres s’inquiètent pour leur emploi. Tous, à l’image de Laetitia, 25 ans, doctorante en sociologie (bac+7), s’interrogent sur les choix politiques de Nicolas Sarkozy. « Le gouvernement nous a promis de débloquer plus d’argent pour la recherche, mais il supprime les postes dans l’éducation nationale, alors que va-t-on devenir ? ». Quelques mètres plus loin, Jean-Michel Mespoulède, délégué CGT Gironde à EDF-GDF brandit une pancarte « Non à la privatisation d’EDF ». Pour lui, « l’Etat brade le service public. Nous sommes entrés dans une logique de profit aux dépens des usagers ». Il prend pour exemple la tempête. « Nous avons les pires difficultés à rétablir le courant, car nous manquons d’électricité », souligne-t-il.
« Ce n’est pas un simple coup de gueule »
A l’issue de la manifestation, une certaine satisfaction pouvait se lire sur les visages. A Bordeaux, ils étaient 34 000 selon la police, 80 000 selon la CGT. A Bayonne, ils étaient 7 000 selon la police, 15 000 si l’on en croit la CGT. Une chose est sûre, on n’avait pas vu pareille manifestation depuis le CPE, qui avait amené la démission de Dominique de Villepin. « Ce n’est pas un simple coup de gueule qu’ont exprimé les salariés en débrayant massivement dans les entreprises, tant du privé que du public, et en manifestant dans les différentes villes de la région. C’est un rejet des politiques menées par le gouvernement, des stratégies patronales », insiste Alain Delmas secrétaire régional de la CGT. Mais, ces revendications seront-elles entendues du côté de l’Elysée ? Là est toute la question. Le 02 février, l’ensemble des confédérations de la CGT vont se rencontrer pour faire le point de cette journée, des réponses que le gouvernement aura apportées, ou pas, et envisager les suites à donner.
Nicolas César