Ciné passion fait aimer le 7e art en Périgord depuis trente ans


Claude Hélène Yvard

Ciné passion fait aimer le 7e art en Périgord depuis trente ans

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 07/01/2020 PAR Claude-Hélène Yvard

L’association Ciné passion vient de vivre une année exceptionnelle  : son réseau de salles en milieu rural, qui en compte 12 (dont une exploitée en propre à Boulazac) et son circuit itinérant a reçu 260 115 spectateurs en 2019, c’est un record absolu (+9.6% par rapport à 2018). Trois cinémas (le Louis Delluc de Nontron, le Studio 53 de Boulazac et le circuit de cinéma itinérant exploité par Ciné Passion) battent leur record de fréquentation depuis leur création. Ces chiffres sont de très bon augure pour l’association qui fêtera ses trente ans en juillet. Ils donnent le sourire à son directeur Raphaël Maestro, à la tête d’une équipe de onze personnes.
Il se remémore le début de l’aventure. « l’aventure démarre à la fin des années 80. Cinq communes de Dordogne ne souhaitaient pas voir disparaître leur salle de cinéma (Saint Astier, Ribérac, Montignac, Nontron et la Roche-Chalais). Les exploitants privés étaient âgés et les salles étaient plutôt vétustes et les films arrivaient un an après leur sortie à Paris,  ce qui occasionnait une désaffection progressive du public.  Ciné Passion a vu le jour pour répondre à la prénnisation de salles de cinéma en milieu rural. » Cette naissance a été favorisée par les lois de décentralisation et par les actions de Jack Lang, ministre de la culture de François Mitterrand, qui a permis de garantir un accès à la culture cinématographique sur l’ensemble du territoire. Trente ans après, cette mission de diffusion caractérisée par une grande diversité de programmation et des publics, constitue toujours l’ADN de l’association, dont le réseau vient de battre un record du nombre de spectateurs. 
Le réseau  diffuse six films par semaine, soit 300 à l’année soit une centaine de plus que la moyenne des petits cinémas indépendants en France. Le circuit de cinéma itinérant exploité par Ciné passion est unique en France : créé à l’initiative de salles fixes, il fonctionne toute l’année avec 600 séances  programmées par an sur dix-huit communes qui n’ont pas de vraies salles mais des lieux de spectacles : exemple une séance a lieu chaque semaine à Eymet et à Excideuil. 

Vers la fin du mono écran ?
Sur les trois dernières décennies, la modernisation des salles de cinéma en France, elle a principalement été portée par les petites salles indépendantes et grâce au rôle de l’ADRC ( Agence pour le développement régional du cinéma), créée au début des années 90. Actuellement, plusieurs communes réfléchissent à se doter d’un deuxième écran, notamment Saint Astier, Ribérac, Nontron et potentiellement Terrasson. « Ce sont des projets ambitieux en termes d’investissement mais ce n’est pas si cher que cela en termes de fonctionnement,« ajoute Raphaël Maestro. Il y a 2400 établissements cinématographiques en France : la moitié sont des mono écran. Est ce la fin d’un modèle ? ‘En Dordogne, seule la municipalité du Buisson de Cadouin a financé cet équipement avec pour conséquence d’avoir franchi le cap des 45 000 spectateurs l’an passé. L’aide et l’accompagnement à la diffusion d’oeuvres cinématographiques n’est pas la seule mission de l’association.

L’éducation à l’image

Depuis 1995, l’association mène de nombreuses actions vis à vis des scolaires : cela a démarré avec l’opération « collège au cinéma ». « Nous avons été sollicités dès le milieu des années 90, par le conseil général de l’époque, notre principal partenaire,  qui souhaitait mener des actions d’éducation à l’image. Le Département nous alloue une enveloppe de 50 000 euros qui permet de proposer une programmation spécifique pour les niveaux 6e et 5e et 4e et 3e. Nous faisons venir 5000 collégiens trois fois par an, dans une salle de cinéma, en prenant en charge le transport et le coût de la projection. Nous formons également 400 enseignants par an à l’éducation à l’image : sont abordés la forme, le fond, la cohérence avec les programmes », détaille le directeur de Ciné Passion. En Dordogne, 40 % des collégiens participent à cette opération, 100 % des collèges et 100 % des établissements cinématographiques. « En l’an 2000 le dispositif école et cinéma a été ouvert au premier degré et depuis deux ans, « maternelle et cinéma »  fonctionne sous le même schéma. »
Au total, à travers ses actions d’éducation à l’image, Cinéma Passion touche 15 000 élèves dont 5000 collégiens. L’association est également partenaire culturel des ateliers dédiés au 7e art du Bugue, d’Eymet et de Pablo Picasso de Périgueux, et des options cinéma des lycées de Sarlat et de Ribérac. « Notre prochain axe de travail est de développer les ateliers médias dans les établissements scolaires. L’ objectif est double : l’accès à la culture et aiguiser l’esprit critique des plus jeunes, de leur donner les moyens de rendre compte si ce qu’ils voient est vrai ou faux . Nous venons d’embaucher une nouvelle collaboratrice sur cette action «  ajoute Raphaël Maestro. 

120 jours de tournages par an

Depuis 2005, Ciné passion s’est doté d’un bureau d’accueil de tournages. Une équipe est dédiée aux besoins des producteurs et aux repérages. « Actuellement, nous sommes à une moyenne de 120 jours de tournages par an sur le département. C’est bien », précise Raphaël Maestro. L’année 2019 a été particulièrement riche avec la venue du réalisateur Jacques Malaterre. Il a posé pendant quatre semaines ses caméras à Sarlat et Saint Jean de Côle, pour « La Révolution Française », qui sera diffusée sur France 2. C’est un gros projet avec 1400 nuitées sur le territoire, 480 cachets de figurants locaux, 40 comédiens de Nouvelle-Aquitaine sur les 49 rôles. Il y a eu aussi,  le tournage de la série diffusée sur OCS, « Selon Moah ». Il s’agit d’une comédie à l’ère Néandertal, réalisée par Benjamin Rocher.  L’équipe s’est installée pour cinq semaines dans des décors naturels inédits, autour des Eyzies et dans la vallée de l’Auvézère. Le département a un fonds de soutien cinématographique dôté de 200 000 euros. « Le boulot de l’équipe est de trouver des décors, privés ou naturels, des prestataires, des hébergements. C’est une articulation avec la Région Nouvelle-Aquitaine et le Conseil départemental ». Pour ses trois missions, l’association compte 11 salariés dont 5 pour la diffusion, 2 pour l’accueil de tournage et 2 à l’éducation à l’image. Pour le 30e anniversaire, Ciné passion organisera des temps forts dans chaque salle du réseau dès le début de l’été. L’idée est d’organiser une manifestation anniversaire avec l’ensemble des partenaires en juillet. 

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