Bilan et avenir de l’industrie agroalimentaire en Aquitaine


Lucy Moreau

Bilan et avenir de l’industrie agroalimentaire en Aquitaine

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 27/05/2014 PAR Lucy Moreau

L’année 2013 pour le secteur agroalimentaire a certes été contrastée à cause de tensions et d’incidents qui ont affecté la grande distribution, mais un indicateur reste tout de même au vert : le chiffre d’affaires. +0,6% d’augmentation par rapport à 2012, ce qui place le secteur de l’industrie alimentaire encore en tête du podium de toutes les industries confondues.

L’Aquitaine bénéficie d’une étiquette de qualitéLe président de l’ARDIA, Thierry Blandinières, confirme cette tendance en Aquitaine, qui selon lui « résiste mieux encore » à la crise. « Des filières sont plus épargnées que d’autres comme les filières volaille et porc qui bénéficient d’une étiquette locale de qualité » déclare-t-il. Même si la région dispose d’un environnement privilégié, ce n’est pas pour autant que les inquiétudes disparaissent. « Récemment, le scandale de la viande de cheval a affecté gravement l’industrie agroalimentaire » constate Thierry Blandinières. C’est dans ce genre de contexte que le dialogue entre industriels est primordial pour éviter à tout prix que des situations de tension se cristallisent. Une chose à améliorer également, la valorisation des produits pour faire face à cette image: être « plus visible en terme d’image, pour que le consommateur puisse identifier les produits du Sud-Ouest. » ajoute-t il.

Anxieux mais optimisteJean Philippe Girard, président de l’ANIA (Association Nationale des Industries Alimentaires), après un rendez-vous avec le président de la République se dit « optimiste mais pas vraiment rassuré pour les industriels alimentaires ». Il évoque avec dépit les 5000 emplois en tension sur l’année 2013, s’inquiète de la non-effectivité du pacte de responsabilité et de la fiscalité écologique qui va être mise en place sur le transport. «  Il y a un ras le bol général, qui s’est illustré d’ailleurs dans les urnes ce dimanche » dit-il. Quand Yves Puget, rédacteur en chef de LSA le questionne sur la guerre des prix, il s’insurge : « comment voulez-vous que les industriels s’accommodent avec d’un côté l’inflation des matières premières et de l’autre la déflation des prix ?

D’après Jean-Philippe Girard, « plus les produits seront élaborés plus la marge pourra être élevée », le conseil pour les industriels agroalimentaires est donc d’innover… mais pas seulement. « La France doit exploiter ses savoir-faire, et se servir de l’image d’une traçabilité des plus performantes au monde » conclut-il.

Le consommateur en crisePerte de confiance, baisse du pouvoir d’achat, chasse aux bonnes affaires sur le net, fin du mois anticipée pour le porte-monnaie…  Jean-Marc Mégnin, dirigeant de shopper Mind, observatoire dédié à l’étude des comportements et des évolutions du commerce, a énuméré les syndromes des français « exposés à la crise ». Selon lui, l’offre doit se diversifier pour attirer le consommateur à l’achat. «  Plus que jamais, c’est le client qui fait le commerce, et non l’inverse » tient à préciser Jean-Marc Mégnin. D’après lui, il faut « renouveler l’esprit de service que le commerce avait un peu oublié ». Pour cela, Jean Marc Mégnin a plus d’un tour dans son sac…

Nouvelles stratégies pour l’agroalimentaire« Le monde est désormais digital. » Avec cette phrase, Jean Marc Mégnin bouleverse le monde de l’agroalimentaire jusqu’ici tourné vers la relation directe au client. En 2011, le système de Drive (déplacement du client en automobile vers une commande qu’il a réservée en ligne) était présent sur 350 points de vente en France. Aujourd’hui ce processus  séduit plus de 3000 entreprises. « Si ce système n’est pas encore rentable, il est indispensable pour ne pas perdre le client en demande de ce service » déclare Jean-Marc Mégnin.

Si ce système est de plus en plus présent chez les grosses enseignes, il a également depuis peu fait irruption auprès des petits producteurs. D’autres innovations ont débarqué aux Etats-Unis comme la télécommande à course permettant de scanner les codes-barres des produits que l’utilisateur souhaite renouveler directement de chez lui,  au moment où il y pense. Une fois la liste de courses virtuelle terminée, il n’y a plus qu’à passer la commande.

Sur un ton plus participatif, le magasin coopératif fait sensation aux Etats-Unis et plus récemment en France. Le concept implique que les décisions concernant la production et la distribution de ses produits alimentaires sont choisies par ses membres qui travaillent de temps en temps au magasin.

La digitalisation, nouvelle porte d’entrée du commerce ?Jean Marc Mégnin donne trois conseils pour réussir sur la toile : donner de la visibilité à la marque, osez l’innovation et s’internationaliser pour toucher une palette plus large de public. Depuis peu, la région Aquitaine s’exporte en Chine avec le jambon de Bayonne. Thierry Blandinières s’est rendu sur place lors d’une visite de François Hollande en Chine. Il est revenu avec beaucoup « d’espoir » que s’ouvre ce marché qui a selon lui « un  potentiel considérable. » Mais réussir son entrée dans le marché chinois ne s’improvise pas… « Faut l’organiser, car si ça marche comme le jambon de Parme, il n’y aura pas assez de porcs dans le Sud-Ouest…» lance-t-il.

Laurent Dulau, nouveau président de l'ARDIA aux côtés de Thierry Blandinières, ancien président

Le président d’ANIA, Jean Pierre Girard confie: « c’est dur de se dire que la proximité disparaît peu à peu, mais la génération Y nous oblige à agir en matière d’innovation. » Comme l’a souligné Alain Rousset, « il y a d’énormes progrès à faire sur l’alimentation… » Tout en précisant qu’il ne fallait pas avoir peur de l’innovation par les machines qui au contraire de ce que pense l’opinion publique, ne détruit pas d’emplois mais en crée de nouveaux. »

Au terme de cette réunion, Thierry Blandinières qui a quitté récemment la direction de Maïsadour a tiré sa révérence de ses trois ans à la tête d’ARDIA. Son action et son engagement furent récompensés par une vague d’applaudissements de la part de la salle, enjouée aussi de découvrir son nouveau mentor. Le suspense a plané et enfin, les cartes ont été révélées. Le nouveau président de l’ARdIA  se nomme Laurent Dulau. Président général de Sturgeon Caviar et prestige, celui-ci a tout de suite employé les bons mots. « La valeur ajoutée doit nous permettre d’affronter le monde de demain ! »
À méditer…

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