Attentat contre Charlie Hebdo : la région se mobilise


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Attentat contre Charlie Hebdo : la région se mobilise

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Publication PUBLIÉ LE 07/01/2015 PAR Romain Béteille, Claude-Hélène Yvard, Jean-Jacques Nicomette

A Bordeaux, près de 5000 personnesEntre des applaudissements nourris et un silence endeuillé. C’était l’envie de rendre un hommage qui régnait ce soir à Bordeaux comme dans une centaine d’autres villes en France pour dénoncer l’attentat perpétré au sein des locaux de Charlie Hebdo ce mercredi matin à Paris. A Bordeaux, c’est près de 5000 personnes qui ont répondu à l’appel du Club de la Presse, qui prévoyait un rassemblement à 17 heures devant le parvis des droits de l’homme, tout près de l’école nationale de la magistrature. En haut des marches du parvis, des bougies ont été allumées pour rendre hommage aux 12 victimes tuées dans la fusillade parmi lesquelles Charb, Wolinski, Tignous et Cabu, dessinateurs emblématiques de l’hebdomadaire satirique. Sur un mur, en grand, la photo d’une célèbre couverture du journal « L’amour plus fort que la haine » et cette photo de Charb applaudie par des centaines de personnes présentes sur place. 

Une des unes emblématiques affichée devant le parvis des droits de l'homme de Bordeaux

Une solidarité généralePierre Sauvey, Président du Club de la presse de Bordeaux, a déclaré « ne pas s’être attendu à une telle mobilisation. Le fait qu’il y ait une telle foule réunie aussi rapidement et spontanément reste fort. Nous pensions simplement rassembler les confrères bordelais mais nous sommes soutenus par les citoyens de Bordeaux, les élus, toutes les personnes touchées par ce drame abominable », a-t-il notamment déclaré. « Charlie Hebdo a été visé comme un symbole. Je ne sais pas si tous les journalistes sont visés, mais en tout cas nos confrères l’étaient et cela reste absolument atroce. Il faut qu’on redise notre attachement à la liberté de la presse, qu’on refuse qu’elle soit menacée. C’est une volonté d’installer la terreur, mais il ne faut pas céder à cette volonté, ni à la haine et à la stigmatisation ».

Au milieu de la foule, certains passants venus rendre hommage aux victimes affichaient des banderoles « Je suis Charlie » ou « Liberté ». Parmi eux, Franck Bergez, professeur d’arts appliqués à Pessac, qui avait réalisé un grand dessin pour l’occasion, affiché sur un panneau de bois. « J’ai appris la nouvelle cet après-midi alors que j’étais en cours. J’ai essayé de faire un hommage aux dessinateurs qui représentent mon enfance. Cabu, Wolinski, Reiser étaient les dessinateurs de ma jeunesse, j’ai été élevé avec eux. C’était des gens bien qui s’engagaient pour des causes importantes. C’est triste », déplore l’enseignant. Une minute de silence a été observée, alors que les hommages se multipliaient dans la journée. Plus tôt, à 14 heures, les étudiants et le personnel de l’Institut du Journalisme de Bordeaux Aquitaine (IJBA) se sont réunis devant l’établissement pour observer une minute de silence. 

Des bougies installées sur le perron du parvis des droits de l'homme 

De nombreuses réactions politiquesLes politiques locaux de tous bords ont réagi au drame tout au long de la journée. Philippe Madrelle, président du conseil général de Gironde, et Michel Delpuech, préfet de la région, étaient présents sur place. Plus tôt, Philippe Madrelle dénonçait « une salve de balles » portée « en plein coeur de la démocratie. Cet attentat heurte les valeurs de notre République et entache le premier de ses piliers, la liberté ». Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, a réagi ce matin au micro de France Bleu en déclarant vouloir « éviter à tout prix l’amalgame. Ce qui est en cause, ce n’est pas l’Islam, c’est la barbarie, la radicalisation d’un mouvement qui a perdu tous les repères humains les plus élémentaires. C’est contre cela qu’il faut se mobiliser dans une sorte de guerre – le mot ne me fait pas peur – qui doit mobiliser toutes les énergies de la Nation » a-t-il ajouté. Alain Rousset, président du Conseil régional d’Aquitaine a lui aussi réagi, en déclarant : « La liberté de la presse est indispensable à notre démocratie. Comment des stupides barbares n’ont-ils toujours pas compris qu’elle est un des éléments essentiels à l’exercice de la démocratie ? ».  

Aux suites de l’attentat, Michel Delpuech a réuni les responsables des services de sécurité et les responsables des forces armées pour renforcer la sécurité en Gironde. La surveillance sera ainsi renforcée dans les lieux de culte, les bâtiments publics, les sièges d’organes de presse, la gare de Bordeaux Saint Jean, l’aéroport de Bordeaux Mérignac, les transports en commun et les grands centres commerciaux. Un renforcement des patrouilles mixtes (police et militaire) sera aussi déployé. Le préfet a également adressé un courrier aux maires des communes, aux responsables des centres commerciaux et aux opérateurs de transports pour les sensibiliser sur le niveau de risque élevé. 

Un millier de personnes réunies à Périgueux, 400 à BergeracLa tragédie qui a frappé ce mercredi matin le journal Charlie Hebdo a suscité de nombreuses réactions et initiatives aussi en Dordogne. A Périgueux, Nontron, Sarlat, Ribérac, Coulounieix Chamiers,  les drapeaux sont en berne. Un rassemblement lancé à l’initiative du club de la presse du Périgord a réuni plus d’un milier de personnes place de l’ancien hôtel de ville à Périgueux. De très nombreux journalistes de toutes les rédactions périgourdines étaient présents, pour dire dans le silence « plus jamais cela, arborant des panneaux « nous sommes tous des Charlie. » 

A Périgueux, le président du Club de la presse du Périgord, entouré de députés Brigitte Allain, Germinal Peiro et Bernard Cazeau

Très rapidement, de nombreuses associations des droits de l’homme, de nombreuses personnalités politiques dont Brigitte Allain, Pascal Deguilhem, Germinal Peiro, députés de la Dordogne et les deux sénateurs Claude Bérit Debat et Bernard Cazeau, de simples citoyens se sont rassemblés dans le plus grand calme, par solidarité aux victimes de cet odieux attentat et pour dire non à cette barbarie et réaffirmer la liberté d’expression, droit fondamental de notre république. A Périgueux, ils étaient plus d’un millier, 400 dans la sous préfecture de Bergerac.

Un hommage silencieux. La condamnation est unanime. En début d’après midi, Bernard Cazeau avait fait part de son immense émotion et avait appelé à un immense rassemblement citoyen. Il avait préféré annuler la cérémonie des voeux aux corps constitués programmée ce soir avec le préfet. Brigitte Allain, députée (EELV) du Bergeracois, présente à Périgueux, qualifie cet attentat de « crime contre les valeurs de la France et contre la République ». « Nul terrorisme, nulle barbarie n’auront raison de l’esprit qui anime Charlie Hebdo et qui est au fondement de la culture française: le talent, l’humour et la liberté seront toujours les armes les plus efficaces contre l’obscurantisme. » 

Jacques Auzou, le président du Grand Périgueux, s’est aussi exprimé : « Devant l’horreur du drame qui s’est joué ce matin dans les locaux de Charlie Hebdo, un de nos fleurons nationaux, symbole de la liberté d’expression et de la démocratie française, je joins ma voix à toutes celles qui s’élèvent contre cette barbarie ; mes pensées solidaires vont à une profession endeuillée, à des familles déchirées, à des hommes et des femmes qui ont vécu le pire. Mes pensées vont aussi aux musulmans qui vivent leur religion dans le plus grand respect d’autrui et qui subissent un amalgame dangereux avec ces assassins dénués d’une quelconque humanité. En s’attaquant à Charlie Hebdo, les terroristes se sont attaqués à la France entière. C’est un pan entier de notre démocratie qui est gravement atteint. »

 Dans cette foule silencieuse, un de nos confrères est particulièrement marqué par le drame de la fin de matinée. Retraité de l’Yonne Républicaine, et dessinateur de presse travaillant encore pour Sud Ouest, Jean Louis Savignac, peine à dissimuler son émotion et sa tristesse. Il connaissait trois des quatre dessinateurs de presse assassinés ce matin, Cabu, Tignous et Wolinski pour les rencontrer lors des salons de dessins de presse. « C’est la presse que l’on a voulu tuer aujourd’hui. Ils sont morts pour avoir fait leur métier. J’espère que Charlie Hebdo pourra renaître et poursuivre son activité et surtout que l’esprit Charlie Hebdo n’est pas mort.

Jeunes UMP et Jeunes socialistes unisAvant le rassemblement organisé ce soir à Périgueux, place de l’Ancien hôtel de ville, Yannick Rolland, 27 ans, représentant les Jeunes socialistes et Florian Aublanc, 22 ans, responsables des Jeunes populaires, ont improvisé une conférence de presse commune. « Notre génération n’a pas connu la vague d’attentats du milieu des années 80, ceux de 1995, nous étions trop jeunes. L’affaire Merah nous avait profondément marqués. Aujourd’hui, un pas de plus a été franchi dans la barbarie. « Ce sont des journalistes qui ont été assassinés. C’est la liberté d’expression, une de nos valeurs fondamentales qui est mise à mal. Notre république est atteinte dans son coeur. L’unité nationale doit prévaloir et nos concitoyens ne doivent faire aucun amalgame. »

Demain, comme partout en France, ce sera jour de deuil national en Dordogne. D’autres rassemblements sont prévus sous d’autres formes en fin de semaine.

Pau: Unanimes pour dénoncer l’horreur
Silence et émotion. Plusieurs centaines de personnes, qui répondaient  à un appel lancé sur Facebook, se sont réunies ce mercredi sur la place Royale, devant l’hôtel de ville de Pau. Elles souhaitaient ainsi exprimer leur indignation et leur tristesse après l’attentat commis le matin même dans les locaux de Charlie Hebdo.

Une foule silencieuse devant l'hôtel de ville de Pau

En signe de solidarité avec les victimes, de nombreux manifestants portaient des affichettes sur lesquelles figurait le slogan « Je suis Charlie ». Au premier rang de l’assistance, des élus locaux de tous bords, s’étaient réunis, ceints de leur écharpe. Parmi eux, on reconnaissait les adjoints au maire de Pau, des conseillers généraux ainsi que des maires de l’agglomération paloise.

« Les circonstances qui nous rassemblent n’invitent à aucun discours. Si ce n’est une pensée pour les victimes et leurs familles » a déclaré un élu au micro, avant de demander une minute de silence.

Toute la journée, les réactions ont par contre afflué sur les réseaux sociaux pour exprimer,  l’horreur et le dégoût qu’inspire l’attentat, mais également un attachement unanime à la liberté d’expression.  Au-delà de l’émotion, la sénatrice PS Frédérique Espagnac a ainsi dénoncé « une attaque contre la République » tandis que l’UMP palois Eric Saubatte disait sa consternation face à l’ignominie d’un tel acte » , et que l’écologiste Eurydice Bled rappelait qu’un « fou de Dieu est d’abord un fou ». « Charlie Hebdo, c’est nous tous, et en face : la barbarie » affirmait pour sa part Olivier Dartigolles, porte-parole national du PCF.

Pour François Bayrou, le maire de Pau et président du MoDem, qui était absent du Béarn : « On mesure ce que peuvent être les religions qui cherchent à imposer par la terreur leur obsession et leur fanatisme. Aujourd’hui,  nous avons un seul devoir, nous serrer les coudes, faire l’union nationale, refuser toute concession, les pourchasser et les punir. C’est dans ces jours de guerre qu’on mesure ce qu’est la détermination d’un peuple à sauver l’essentiel ». Jean-René Etchegaray maire de Bayonne et président de l’agglomération Côte Basque Adour rappelait de son côté dans un communiqué que « la liberté de la presse, la démocratie, fondements de notre République doivent  réunir et mobiliser tous les Français. »

Une partie des élus béarnais, ceints de leur écharpe tricolore
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