newsletter
Devenir annonceur
3 min
PUBLIÉ LE 18/01/2015 PAR Claude-Hélène YvardUne centaine de salles de cinéma en France rediffusent actuellement le documentaire « c’est dur d’être aimé par des cons, » de Daniel Leconte. Il montre l’affaire des caricatures de Mahomet republiées par Charlie Hebdo, en commençant par le fameux numéro du 8 février 2006 avec, en une, le dessin de Cabu qui donne son titre au film. Dans le cadre d’une soirée débat de soutien à Charlie Hebdo organisée vendredi soir en partenariat avec Ciné passion et le club de la presse du Périgord, 250 personnes, ont pu voir ou revoir ce film au Cap cinéma de Périgueux. Ce cinéma programme jusqu’à mardi soir une séance par jour. Ce documentaire est aussi proposé dans les salles du réseau Ciné passion. Toutes les recettes seront intégralement reversées à l’hebdomadaire satyrique.
La projection de ce film à Cap cinéma était suivie d’un débat en présence de quatre dessinateurs de presse et caricaturistes : le toulousain Giemsi, dessinateur trash à l’humour piquant, ami de Tignous, disparu dans l’attentat contre Charlie Hebdo ; le dessinateur de presse périgourdin Jean-Louis Savignac, qui a bien connu la plupart des dessinateurs assassinés; Jérôme Sié, ainsi que Jean-Charles Cazarès, caricaturiste périgourdin. Les dessins qu’ils ont réaiisés au cours de la soirée ont tous été vendus et les fonds ainsi collectés seront reversés à Charlie Hebdo comme les entrées.
Procès hors normes Ce documentaire relate le procès hors norme de Charlie Hebdo, suite à la publication des caricatures de Mahomet en 2006. Pour avoir reproduit les 12 caricatures de Mahomet publiées dans un journal danois, Philippe Val, le patron de l’hebdomadaire à l’époque, déclenche la colère des instances Musulmanes. Après les plaintes de la grande mosquée de Paris, de l’Union des organisations islamiques de France, de la ligue islamique mondiale, Philippe Val sera assigné en justice. Le film couvre les audiences dans un palais de justice survolté, hors de la salle d’audience. Ce sera un procès hors normes où Charlie Hebdo au final sera relaxé. Cette décision sera confirmée en appel.
Drôle, émouvant, angoissant Voir ou revoir ce documentaire a à la fois quelque chose d’émouvant, mais aussi angoissant à la lumière des attentats. On prend plaisir à retrouver l’équipe de Charlie, Cavanna décédé l’an passé, le dessinateur Cabu, qui a conservé son esprit fanzine, et ceux assassinés avec lui : Charb, Wolinski, Bernard Maris (oncle Bernard), Tignous, Honoré. Il y a des moments drôles. Est aussi évoquée, avec sérieux, la question de l’incapacité des intégristes à venir sur le terrain de l’humour et du dessin.
A la lumière des événements du 7 et 8 janvier derniers, ce film interroge, interpelle sur la liberté de la presse, la liberté d’expression. Est ce qu’un dessinateur ou un caricaturiste doit-il s’autocensurer. « C’est un réflexe sur son propre travail, en particulier sur des dessins qui touchent à la religion ou à l’homosexualité. » « Dans la presse quotiidienne régionale, il y a une ligne rouge à ne pas franchir », indique Jean Charles Savignac. Le métier de dessinateur est il devenu dangereux ? Mourrir pour des dessins, cela n’a aucun sens. Cela me paraissait impossible, il faut mieux ne pas y penser, » réagit Jean Charles Cazarès, caricaturiste périgourdin. Les menaces, elles existent comme le confirme l’un des dessinateurs présents : cela arrive parfois de recevoir des mails pas très aimables, insultants, mais cela ne va guère plus loin en général. » Dans la salle, certains enseignants de lycée souhaitent pouvoir visionner ce film et ouvrir le débat avec leurs élèves sur l’attachement aux valeurs de notre république que sont la liberté d’expression, la laïcité et la fraternité.
