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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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13/07/2023

Une carte postale pour Jean Lassalle

Cher Jean Lassalle, je me permets de vous écrire puisque c’est la saison des cartes postales, certes moins à la mode que les selfies que vos fans et beaucoup d'autres vous réclament. En zappant sur mon téléviseur, je vous ai vu, enfermé volontaire, dans un cercueil de l’émission Les Traîtres sur M6. Un choc. Cette émission de divertissement dont c’est la deuxième saison, ne me divertit pas tant que ça, j’allais donc passer à autre chose lorsque je me suis ravisé.

Jean Lassalle tout de même. Ex-député de la République, deux fois candidat à la magistrature suprême, élu de terroir infatigable, chanteur et conteur imperturbable sur des scènes aussi inédites que le Palais Bourbon, objet politicien volant pas facile à identifier, mais homme d’engagement comme en témoignent votre grève de la faim conduite pour sauver une usine et ses salariés, ou cette longue randonnée à travers le pays, à la seule force de vos mollets pour des rencontres sans filtre avec les citoyens… que diable faites-vous dans une galère de la télé réalité ?

La production ne s’y est pas trompée. Vous êtes, nonobstant des scores marginaux à l’élection présidentielle, la personnalité avec laquelle les Français rêvent de boire une bière, débroussailler le fond du jardin, ou entonner quelques chansons pleines de soleil à la fin d’un banquet digne d’Escoffier. Donc forcément vous voir dans la lucarne magique chaque mercredi de l’été, a toutes les chances de faire du buzz pour utiliser un mot qui ne se traduit pas en Gascon.  

Mis en cause dans la tourmente Metoo, vous avez toujours nié, ce qui laisse planer un doute sur votre comportement de séducteur tendance lourdingue. La ligne politique que vous suivez, pas toujours facile à décrypter, vous fait vous fâcher avec beaucoup de vos amis, à commencer par votre voisin de palier, François Bayrou et dialoguer avec pas mal de vos ennemis supposés. Votre capacité à dire que vous n’avez pas la réponse à telle question, vous donne un coefficient démultiplicateur de sympathie quand tant d’autres assènent, sur les plateaux de télévision, des vérités aussi éphémères que la coupure pub qui les dilue quelques instants plus tard.

Les Français connaissent bien votre expression un brin désuète, votre voix tonitruante, votre accent rocailleux, vos intonations à la douceur du Sud-Ouest. On sait aussi que votre santé vous a joué quelques tours ces derniers mois.

Alors permettez cette modeste prescription : évitez de brouiller votre image et luttez contre l'addiction aux programmes si pauvres en contenus, qu’ils doivent vous attirer avec les paillettes d’une gloire cathodique pour atteindre leurs objectifs d’audience. Les Basques et les Béarnais vous ont ouvert les portes de la mairie de Lourdios-Ichères, puis du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques et même de l’Assemblée Nationale sans interruption pendant quarante ans.

Cette estime ne mérite pas que vous soyez pris en otage par des producteurs avides. Autant de mandats démocratiques enlevés à la force des urnes valent tellement mieux qu’un casting à paillettes. 

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