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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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25/08/2023

Parent, ce métier à haut risque numérique

8 ans et demi, c’est l’âge moyen de la première connexion d’un enfant sur un réseau dit social et l’entrée en classe de sixième l’étape la plus fréquente pour équiper un collégien d’un smartphone. Un incroyable levier pour s’ouvrir sur le monde mais aussi un boulevard pour le cyber-harcèlement qui met des ados en rupture de vie sociale. Et encore une autoroute pour la pédo-criminalité.

Une application revendique la mission de proposer des rencontres à des adolescents de 13 à 25 ans. Il n’y a pas de mal à imaginer qu’un enfant de 13 ou 14 ans n’a pas la même maturité affective, intellectuelle et sexuelle qu’un jeune adulte. Et que les plus jeunes méritent de découvrir la vie à leur rythme et sans être contraints par ceux qui veulent les utiliser. Il y a même, faut-il le rappeler, des lois qui mettent les plus jeunes à l’abri des fantasmes déviants des adultes. Mais de cela, la sphère numérique s’affranchit volontiers.  

Les enfants sont même parfois exposés involontairement par leurs propres parents. C’est ce que l’association L’Enfant bleu rappelle en évoquant le sharenting (contraction de sharing qui signifie partager et de parenting pour parentalité). Le point de départ c’est la publication sur les réseaux sociaux de photos de leurs propres enfants, genre souvenirs de vacances en mode bons moments en famille et que les prédateurs sexuels n’hésitent pas à prélever au hasard, à détourner et à republier sur des forums pédo-criminels.

Publications pour lesquelles ces enfants n'ont pas donné leur consentement et dont la trace numérique ne s'effacera jamais, restant facilement accessible à tout internaute agile, bien ou mal intentionné. Pensons-y: une photo mise en ligne l'est autant pour le présent que pour le futur, constituant un ressource inépuisable de munitions pour les harceleurs de toutes catégories.

« Quand un enfant arrive sur les réseaux sociaux, il y a déjà 1300 images de lui qui existent, » prévient la présidente de l’association L’Enfant bleu, Isabelle Debré. Autrement dit les parents prennent deux fois des risques. Une fois en mettant dans les mains de leur enfant l’écran qui va lui permettre de s’engouffrer dans cette sphère numérique sans avoir forcément les clés d’accès et les indispensables précautions d’usage. Une deuxième fois en publiant des photos sur les réseaux non sécurisés.

Avant de précipiter un enfant dans une piscine, on lui apprend à nager. Si la piscine est pleine de requins, n’importe quel parent va le dissuader de plonger voire lui interdire. La sphère numérique ne comporte pas moins de dangers et exige une éducation spécifique. Les parents ne sont pas toujours informés de l’étendue des dangers ni outillés pour transmettre les bonnes consignes. On sait que l’adolescence est aussi la période de la transgression des interdits.

Mais négliger le risque de la surexposition des enfants au monde du web est juste impossible. Une loi est à l’étude pour introduire la protection de la vie privée de l’enfant parmi les obligations des parents. Mais plus que des textes, c’est d’information, de sensibilisation et de bon sens dont les familles ont un urgent besoin.

Le métier de parent n’a jamais été simple. Avec le développement d’une technologie complètement libérée aux dimensions de la planète entière, il encaisse une nouvelle couche de défis toujours plus complexes.

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